Les Dépêches de Brazzaville



Les immortelles chansons d’Afrique : « 1x2 = mabe » de Youlou Mabiala


C’est une réplique à la chanson « Mamou» de Luambo Makiadi avec le TP Ok Jazz. Si dans Mamou Luambo fustige l’infidélité de la femme mariée alors que son mari prend soin d’elle, dans 1x2 = mabe Youlou fera un plaidoyer en faveur de la femme mariée qui estime que les gens sont contre elle et son mariage. « Ngai Mamou bayini ngai koyina, nzoto eboya camarade suka suka ba problème. Yoka réponse na ngai mamou na manso olobi. Nayebi nazali mwasi ya libala ngai Mamou. Mobali nabala azana ba moyen, lokumu epayi falanga epayi, basi nyonso maladi. Mobali aboujaka ngai té na ndako, na pika piquet. Kanda nyonso mpo lusiku asombela ngai Toyota Corolla. Ba camarade na ngai totambolaka bakoma bamifiti, bakoma ko inventele ngai makambo ebele ebele, naloba nini ». « Moi Mamou on me hait vraiment, mon être a refusé les camarades car elles n’emmènent que des problèmes. Ecoute ma réponse par rapport à tout ce que tu as dit. Je sais que je suis une femme mariée. Mon mari dispose des moyens, l’honneur et l’argent, toutes les femmes lui courent après. Il ne me chasse pas de la maison, j’y ai planté des piquets. Toute cette colère parce que Lusiku, mon mari m’a offert une Toyota Corolla. Mes copines intimes sont devenues des jalouses, elles commencent à inventer beaucoup d’histoires à mon sujet, que puis-je dire ?»

À sa sortie, ce morceau fut repris en chœur par les mélomanes des deux rives du fleuve Congo avant de calmer les ardeurs du titre « Mamou » de Luambo. Ce dernier finira par féliciter son poulain pour l’exploit réalisé. « 1x2 = mabe » est devenue par la suite la chanson diatribe des femmes victimes des commérages. Dans cet air, la sonorité des riffs des trompettes d’Augustin et  Zinga, mêlée à celle des saxos d’Iblo et Jeff,  est un véritable régal auditif. La guitare solo de Suza Vangu, soutenue par la rythmique de Kiala Don et la basse de Jaffar, confère à cette chanson une mélodie qui distille l’envie de danser. En outre, la tumba et la batterie sont exécutés respectivement par Simon Nona et Lilas. Youlou, Serge Lemvo, Bola, Pindu et Miguel chantent en chœur.   

Né le 6 mars 1947 à Brazzaville, Gilbert Youlou a débuté sa carrière musicale au sein des  Mains Blanches. En 1966, Luambo est invité à Brazzaville pour le retrait de deuil de Miangoumina  Frédéric, ancien agent du Crédit Lyonnais, ancien footballeur, collaborateur sportif à La Semaine Africaine et l’oncle de l’auteur de ces lignes. Ce retrait de deuil avait eu lieu au Super Jazz. C’est là que Youlou rencontrera Luambo qui le recrutera quelques jours après dans l’Ok Jazz. En 1977, il est cofondateur du groupe Les trois Frères. Le 28 août 1981, au Cinéma Vogue, il présente officiellement son orchestre Kamikaze Loninguisa. Le 15 août 2004, alors qu’il est en plein spectacle, il est victime d’un accident vasculaire cérébral. Aujourd’hui, son état de santé semble s’améliorer.   


Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

L'affiche de l'album