Les Dépêches de Brazzaville



Les immortelles chansons d’Afrique : « doublé doublé » de Nyboma


L’ampleur du succès de " doublé doublé" avait atteint des proportions considérables qu’une seconde production apparaît sous les auspices des éditions Celluloïd, avec la référence CEL 6624, en 1982. Cette chanson évoque les plaintes d’un amoureux qui réclame l’attention et l’affection de sa dulcinée du nom de Yomat. Dans son lyrisme vocal, l’auteur commence par « Tika ngai na benda nzoto na lembi komona bapasi ya boye mama », autrement dit, « Laisse-moi m’en aller car j’en ai marre de vivre ce genre de souffrances ».

Dans la deuxième section chant, l’artiste insiste qu’on lui fasse la bise deux fois, d’où l’expression « doublé doublé ». Mais il réclame surtout un baiser. « Yaka kopesa ngai baiser ya litama, mama oh doublé doublé, soki opesi ngai ya lolémo wana nakomi na esika na lingaka Yomat oh doublé doublé ».  

Il y a dans cet air qui incite à la danse une conversation musicale entre les pincements des cordes de la guitare basse de Bopol, la rythmique de Marlos, la guitare solo de Dally Kimoko d’une part, la batterie de Ringo, la toumba de Samba et les instruments à vent exécutés par Bento et Johnny d’autre part.

En scrutant ce morceau, on note le rapprochement avec la chanson « Kelechi », publiée en 1977 et dont l’auteur-compositeur est F.Dan. Satch Okpara, de son vrai nom Ferdinand Chukwuemeka Okpara, de l’orchestre Oriental Brothers International Band du Nigeria.

De même, l’Oriental Brothers International avec les Rocafil Jazz du Prince Nico Mbarga furent à leur tour influencés par la guitare de l’artiste congolais Jacques Kimbémbé, dit Mouss, et le Soukous de son orchestre Sinza Kotoko. En effet, dès 1966, le style de Sinza Koyoko était répandu et repris à travers  toute l’Afrique par plusieurs groupes, notamment avec des titres comme « Ma Loukoula » et « Vévé » de Pierre Mountouari, membre de cette formation musicale. Il faut également rappeler qu’en 1973, lors du Festival panafricain de la jeunesse de Tunis, Sinza Kotoko remporta la médaille d’or devant Tabu Ley et son Afrisa.

Auteur-compositeur et interprète de talent, Nyboma, de son vrai nom Laurent Mwan Dido, nacquit le 24 décembre 1952. Il connut  un vif succès en faisant ses preuves dans différents orchestres parmi lesquels Bella Bella de l’écurie Vévé en 1970, il reste à la tête de Lipua Lipua en 1972. Il est élu meilleur chanteur en 1973 et 1974. Il crée « Les Kamalé » en 1975. Vers la fin des années 1970, il rejoint l’orchestre Africa All Stars. A partir des années 1990, il va se produire dans plusieurs pays. En 2001, il fait partie des fondateurs de « Kékélé ».


Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette de l'album