Les Dépêches de Brazzaville



Les immortelles chansons d’Afrique : « Zabolo » de Pépé Kallé


« Zabolo » est une œuvre qui débute par une entrée en pièce vocale : « Ngai Kolito Buya na sambwe pona likambo Zabolo asali ngai nakoki te, nakoki te ». « Moi Kolito Buya je suis très humilié à cause de ce que le diable m’a fait ». À travers la chanson « Zabolo », l’auteur raconte la trahison que connaissent les hommes en général dans leurs histoires d’amour. Il s’agit d’un certain monsieur qui se nomme Kolito Buya, victime d’une déception amoureuse.

Ici, le nom de la femme est occulté par l’artiste. Suite à l’infidélité de son épouse, l’auteur l’affuble du sobriquet de « Zabolo » pour témoigner son acte odieux. En effet, « Zabolo » en Lingala signifie « Diable ». Pour le chanteur, cette femme est l’incarnation du diable. « Bolingo Zabolo likambo osali ngai mama etikali elembo na motema, lokola bilembo basala Yesu na maboko na sete ya ba Yudas na ngomba oyo ya Golgotha ». « Mon amour Zabolo (le diable) le mal que tu m’as fait a laissé une cicatrice dans le cœur, à l’instar des marques de Jésus, faites avec des clous appartenant aux Juifs au mont Golgotha ». « ba tindi ngai mission na poto, yo tikali na sima ah mama yo zueli ngai mbanda ngo ba banda ». « On m’a chargé d’une mission en Europe, derrière moi tu as eu d’autres hommes ».

La sortie de cette chanson coïncide avec le lancement du « Plan Quinquennal », projet initié par le président Denis Sassou Nguesso en 1982. Plusieurs jeunes de Brazzaville ont interprété les intonations de la guitare exécutée par Doris Ebouya en y incluant des paroles à la gloire du président de la République : « Sassous Nguesso bongisa plan quinquennal », ce qui se traduit par : « Sassou Nguesso réalise le plan quinquennal ». Pour l’année 1982, ce tube sera couronné « Meilleure chanson », Empire Bakuba, « Meilleur Orchestre » et sous-marin, « Meilleure danse ».

Ce morceau, sorti en format 45 tours, aux éditions VéVé, avec comme référence, V V-322 résonne encore comme un hymne des amoureux déçus. Jean Baptiste Kabasele Yampanya, dit Pépé Kallé, vint au monde le 30 décembre 1951 à Kinshasa. Il a connu une brillante carrière artistique digne d’éloges qu’il a débutée dans la chorale Saint Paul. En 1968, il enregistre avec Papy Tex leur premier disque 45 tours, « Pardon Papy ». Dès lors, le destin des deux hommes est scellé. Ils vont par la suite intégrer le groupe « Myosotis » en 1970. Cette année-là, ils se présentent au concours organisé par le guitariste Ebengo Dewaton sous l’étiquette « Africa Choc » et remportent le trophée du « meilleur orchestre ». Quelque temps après, Pépé Kallé est recruté dans « Bella Bella ».  Avec les conseils de Lokassa ya Mbongo ils ont un troisième membre, Dilu Dilumona et formeront le trio KADIMA. Sur proposition de Seskain Molenga, le groupe sera d’abord appelé « Bakuba » puis le 17 mars 1972, « Empire Bakuba ». Pépé Kallé s’en est allé le 29 novembre 1998.  

 


Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Pépé Kallé