Les Dépêches de Brazzaville



Les immortelles chansons d’Afrique : « Zikondo » de Débaba


Paru en 1987 sous les auspices du label « Eprodis » qui avait son siège au N°1 de l’avenue Masimanimba à la commune de Kasa Vubu à Kinshasa,  ce disque 33 tours référencé BBT.07-619 avait fini par séduire les mélomanes congolais par rapport au mérite des quatre titres qui le constituaient. Avec « Zikondo », Débaba venait encore enrichir la discographie de l’orchestre « Choc Stars ».

Sur la rythmique de la première partie de cette œuvre musicale, les riffs de la guitare de Roxy Tchimpaka, alias Niaou, soutenus par la basse de Djo Mali et la batterie d’Otis Edjudju se réunissent à la voix de Débaba, secondée par celle de Carlito. Le duo Debaba-Carlito est explosif.

Cette chanson est l’histoire d’un homme épris d’une jeune fille nommée Félie Zikondo qui, au début, avait accepté de se marier avec lui, mais  change d’attitude au fil des temps. Dans ce morceau l’artiste déclare : « Mwasi azali lokola caméléon a changeaka mibali ndéngué caméléon achangeaka balangi. Mobolu ya mwasi ekokanaka na mobali te, valeur ya mwasi na ndako ya libala ». « La femme est comme le caméléon. Elle change les hommes comme le caméléon change les couleurs. Le vagabondage d’une femme ne peut pas être comparé à celui de l’homme. La valeur de la femme se trouve dans le mariage». Cette dernière phrase l’artiste l’avait récupérée dans la chanson « Na si nabali » de Mayaula Mayoni, interprétée par la reine de Mutuashi, Tshala mwana en 1985 : « lokumu ya mwasi nzokandé makuela se makuela ».

 L’auteur poursuit: « Ziko yo omoneli ngai, omoni ngai yuma likambo te talatala ekosi yo kitoko ya bomwana ekosilaka ». « Ziko tu me prends pour un idiot, tu me considères comme un poltron, ce n’est pas grave. Le miroir te trompe, la beauté est vaine ». Il finira même par s’écrier : « Ah Felie yeye, Zikondo yeyeyeye, chance ya libala eyaka bala moko tuna mama na yo ayebisa yo, bolingo eloko ya talo pe yakolengela  ». « Ah Felie yeye, Zinkondo yeyeyeye, la chance du mariage ne sourit qu’une fois, demande à ta mère, elle te dira que l’amour c’est la chose la plus chère et qu’il faut préserver ».

Auteur, compositeur et chanteur de talent, Claude Dieka Mbaki, alias Debaba El Shabab est Né le 12 décembre 1961 à Kinshasa en République démocratique du Congo. Il entame sa carrière dans l’orchestre « Kanako Shiprike Bango » de koko Butshie à la fin des années 1970. C’est au sein de cet ensemble que Papa Wemba le découvrira et sollicitera son adhésion dans Viva la Musica en 1979. Il fera ensuite partie de Victoria Eleison en 1982. Avec Koffi Olomidé et Lele Nsundi il monte Historia en 1983. Il intègre Choc Stars en 1986. Sa conversion à la vie religieuse interviendra en 1994. Papa Wemba le considérait comme son héritier sur le plan vocal. Si Debaba a tiré sa révérence le dimanche 24 avril 2011, Wemba attendra 5 ans après, soit le dimanche 24 avril 2016. Coïncidence ou simple hasard ?


Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

L'affiche de l'album