Les Dépêches de Brazzaville



Les pays membres de l’Union européenne réaffirment à Rome leur volonté d’union


« Il y aura un 100e anniversaire de l'Union Européenne ». Ces propos optimistes du président de la Commission européenne ,Jean-Claude Juncker, à son arrivée à Rome vendredi dernier, sonnent comme un mantra d’exorciste. Car l’Europe doute désormais d’elle-même. Et la sortie programmée du Royaume uni de Teresa May avec son Brexit semble avoir sonné le réveil d’une institution qui continue pourtant de se chercher. Venus à Rome pour la célébration des Traités fondateurs de leur Union le 25 mars 1957, les 27 pays membres ont réaffirmé leur volonté d’aller de l’avant.

Ils ont signé une déclaration commune pour relancer cet élan qui est pourtant, et parfois, ouvertement remis en cause surtout par les pays de l’Europe de l’Est sortis de l’ancien bloc soviétique. Dans les principaux pays fondateurs aussi le doute s’insinue, renforcé par la poussée de mouvements populistes et ouvertement eurosceptiques. Le parti du Front national en France prône la sortie de l’euro, la monnaie unique. Même chose en Italie, avec le Mouvement des 5 Etoiles pour qui, l’Europe n’a apporté que la confirmation de la puissance des forces de l’argent.

Le président français, François Hollande, a défié les candidats à l’élection présidentielle d’avril dans son pays et prônant la sortie de l’Union européenne de prouver que leur pays serait mieux dehors que dedans. Le défi que se pose l’Europe est donc celui de sa force d’attraction par le dynamisme de son économie et l’innovation de re-proposition de son projet. « Prouvez aujourd'hui que vous êtes les dirigeants de l'Europe », a lancé le président du Conseil européen, Donald Tusk aux 27 chefs d'Etat et de gouvernement réunis au Capitole, la mairie de Rome, dans la même salle des Horaces et des Curiaces où fut signé le traité fondateur de l'Union européenne.

« Il y a des signatures qui durent », a affirmé M. Juncker en paraphant ce document, la « Déclaration de Rome », avec le même stylo utilisé, il y a 60 ans, par son prédécesseur luxembourgeois. « Nous nous sommes arrêtés et cela a provoqué dans l'opinion publique une crise de rejet, cela a fait refleurir les nationalismes qu'on pensait relégués aux oubliettes », a déclaré  le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni. Cependant, a-t-il assuré, « nous avons appris la leçon, l'Union choisit de repartir ». Dans leur déclaration, les 27 réaffirment donc que leur « Union est une et indivisible », une réponse explicite au Brexit.

Leçon apprise vraiment ? Les opinions européennes ne semblent pas aussi convaincues. D’ailleurs pendant que se signait la nouvelle « Déclaration de Rome », des milliers de manifestants se déversaient dans les rues de la capitale italienne, les uns réclamant la fin de l’Europe et les autres « plus d’Europe des peuples ». « Rome doit marquer le début d'un nouveau chapitre » pour une « Europe unie à 27 », a cependant insisté M. Juncker. « Aujourd'hui à Rome, nous renouvelons l'alliance unique de nations libres qui a été lancée il y a soixante ans par nos prédécesseurs », a pour sa part ajouté dit M. Tusk dont le pays, la Pologne, fait partie des « tièdes » de l’Union.


Lucien Mpama