Les Dépêches de Brazzaville



Les souvenirs de la musique congolaise: de l’orchestre Mando Negro à Mando Negro Kwalakwa (1)


Alphonse Mermans Mpassi-Ngongo est le compositeur des tubes mémorables que "C’est serieux tantine ", "A mon avis", "Bubote monapele", " Badety"," Lemba" qui continuent d’émerveiller bon nombre de mélomanes congolais.

Natif de Kingoma, petite bourgade située à huit kilomètres de la gare Madzia, dans le département du Pool, il y débuta ses études à l’école primaire avant de les poursuivre à Léopoldville, en République démocratique du Congo, puis à l’école protestante de Bacongo, à Brazzaville. Très jeune, Mermans apprend à jouer à la mandoline, instrument que lui dote sa maman et dont il bénéficie de l’encadrement de son instituteur en la personne de Sébastien Matingou qui par la suite va créer à l’école protestante un groupe de cinq chanteurs dont Mermans. A noter que Sébastien Matingou, un musicien formidable, finira sa carrière en qualité de directeur général de la Culture plus tard.

C’est en souvenir de l’apprentissage au maniement de la mandoline auprès de son instituteur que mermans crée en 1960 avec Batel Sabou l’orchestre Mando Negro. Mando diminutif du mot mandoline et negro qui veut dire nègres. Mando Negro signifie en français ‘’Mandoline des Nègres’’ (dénomination inspirée par l’existence de certains orchestres très célèbres à l’époque tels que Negro Jazz, Negro Band, Fiesta Negro…)

Lors de sa création,  Mando Negro est composé de Mermans Mpassi-Ngongo (guitare solo, chef d’orchestre), Batel Sabou (guitare rythmique), Ange Beckos Bintsangou, Pascal Wenadio, Marc Batamio (chanteurs), déluge Bikandou (guitare basse), Selvis Sita (guitare basse), Simon Mercos Meya (maracas). Marcel Mawakani alias Master mwana Congo (guitare solo), Fidèle zizi, Raymond Mouang aalias Didi Siskala (chanteurs), Jean Ngounda dit John tamponné bango (guitare accoustique) feront leurs entrées plus tard dans Mando Negro

En 1963, deux ans après la création de l'orchestre, Mermans, sollicité par Jean-Serge Essous, quitte le Mando Negro et intègre les Bantous de la capitale où il remplace Nédoulé papa Noël à la guitare solo suite à la défection de ce dernier. Ainsi, Mermans est le premier guitariste soliste congolais dans cet orchestre.

Au fil du temps et suite à son ascension fulgurante sur la scène musicale congolaise, Mermans Mpassi Ngongo est plébiscité par des mélomanes qui lui attribuent un titre de noblesse ‘’Son excellence Mpassi Ngongo Mermans 1er" car, il est le premier guitariste soliste du Congo Brazzaville dans l’orchestre Bantous, premier auteur compositeur pour avoir composé la chanson la plus longue, "Badéty", qui est en première position dans le premier 33 tours congolais produit par les Bantous de la capitale. Disque pressé à la Société congolaise de disques en 1970, obtient le premier prix de la guitare électrique à l’issue d’un concours organisé par le Ministère de la Culture et Arts en 1964. Cette année là, Mermans est le créateur du système mi-solo dans le répertoire des Bantous suite au recrutement de Gérard Biyela dit Gerry en qualité de soliste. A noter que le système mi-solo est une invention de l’orchestre Bantous (utilisation de quatre guitares: solo, mi-solo, accompagnement, basse). A dieu son excellence !                                  


Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Mermans Mpassi-Ngongo