Les Dépêches de Brazzaville



Les souvenirs de la musique congolaise : le parcours de Jeannot Bombenga Wewando (1)


Jeannot Bombenga rejoint par la suite l'orchestre le plus populaire de l’époque, l’African Jazz, orchestre de la rumba congolaise et du cha-cha-cha dirigé par Joseph Kabasélé, dit Grand Kallé, qui deviendra son mentor de 1963 à 1967. En 1963, l’African Jazz, miné par des conflits internes, se scinde : Nico, Dechaud, Roger Izeidi et Rochereau quittent Kabasélé pour créer l’African Fiesta. Jeannot Bombenga, de son côté, quitte son mentor Grand Kallé en 1967 et décide de voler de ses propres ailes en ressuscitant l'orchestre Vox Africa. Cette nouvelle version du groupe accueillera plusieurs artistes de renom, parmi lesquels Sam Mangwana, Ntesa Nzitani Dalienst, Marcel Loko Massengo Djeskain, Nedulé Papa Noël, Souza Kasseya et bien d'autres.

Il est intéressant de noter que Bombenga n’a jamais eu de pseudonyme officiel. Seul "Jeannot", dérivé de son prénom Jean, accompagne son patronyme, qui fait aussi office de nom de scène. Cependant, sa chanson « Bo pesa yé liteya », chantée en duo avec Ntesa Dalienst, va marquer un tournant. Le refrain de cette chanson en « kimongo » (une langue de la région de l’Équateur), inclut le terme Lolango (signifiant « Amour » en lingala), qui sera repris plusieurs fois et deviendra un surnom attribué par les mélomanes : Jeannot Lolango.

Au fil des années, Vox Africa devient un groupe incontournable à Kinshasa, marquant la scène musicale par la sortie régulière de chansons à succès telles que Lea et Mado, œuvres de Bombenga et Ntesa. Le duo scintillant de ces deux artistes a connu un grand succès. Le titre Mbula ya sacrifice, composé par Bombenga en 1967, est retenu comme générique du journal parlé de la radio nationale. Ce morceau sera également mis en avant lors du concours national de la chanson organisée en marge du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Kinshasa, en septembre 1967, où Vox Africa a remporté le 2e prix avec la chanson Congo nouveau, Afrique nouvelle, une composition de Jeannot Bombenga, chantée en trio avec Dalienst et Sam Mangwana. Cette chanson sera un événement majeur de l’année et sera également retenue comme générique du journal télévisé de la Radiotélévision nationale congolaise, apportant une touche particulière à la réussite des manifestations liées à la conférence de l’OUA.

Les titres Mbula ya sacrifice et Congo nouveau, Afrique nouvelle, devenus des génériques incontournables en raison de la profondeur de leurs messages, ont contribué à consacrer Jeannot Bombenga comme l’un des grands compositeurs des indicatifs pour les journaux parlés en RDC.

À suivre…


Auguste Ken Nkenkela

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