Les Dépêches de Brazzaville



Les souvenirs de la musique congolaise : le parcours de l’artiste Kaly Djatou (1)


Suite à la faillite de l’entreprise de l’exploitant forestier agricole français en 1964, la famille Loukombo s’installa à Madingou-gare, au quartier Canada, où Kaly Djatou fit ses premiers pas dans la musique au sein de la chorale de l’église catholique où il est au départ batteur de tam-tam. Attiré par le goût de la musique, il assiste en tant que "Nguembo" aux concerts livrés par les orchestres tels qu'African king pili pili, Super Tembesa, Kimbo Ntouma dans les deux grands bars dancing de Madingou-gare, à savoir Mouanza et Bony. Nkaya Mathos Mwana Moukamba fut sa vedette préférée. 

Dans cet élan, le jeune Kaly Djatou regroupait parfois les jeunes de son quartier et organisait des séances de répétitions à l’aide des instruments de fabrication artisanale. Il était, d'ailleurs, le principal chanteur compositeur. Au fil du temps, son talent de chanteur compositeur allait grandissant. A son actif, il avait plus d’une centaine de chansons écrites en lari et en lingala. Sa chanson intitulée « Idole ya quartier », chantée pour la première fois le 30 avril 1975 dans le groupe vocal les Lionceaux de Nkieni, connut un franc succès dans le village.

Arrivé en classe de 3e au collège de Madingou, Kaly Djatou obtint le BEPC et se retrouva à Brazzaville, au lycée Chaminade puis au lycée de la Révolution. Habitant Poto-Poto sur l’avenue de France, il fut remarqué comme chanteur pétri de talents par les jeunes du quartier qui venaient souvent l'écouter. Ce rossignole venu du village fredonnait souvent des chansons, assis devant son domicile. Ainsi, une ceinture de sympathie se forma autour de lui à l’image d’un fan club qui lui facilita l’entrée dans l’orchestre amateur Bilenge Sakana, groupe qui avait pignon sur rue à Brazzaville et surtout à Poto-poto. Bien qu’ayant été accepté dans le groupe, Kaly Djatou fut confronté à la difficulté de trouver une place au niveau de l’attaque chant de l’orchestre pendant deux ans. En désespoir de cause, son chef de classe, Dominique Kengolet, lui proposa en 1978 de le rejoindre dans l’orchestre Bayina libakou mabe où il forma un duo étincellent de chanteurs avec Jean Claude Okombe.

L’orchestre Bayina libakou mabe fut composé ainsi qu’il suit: Dominique Kengolet (Guitare solo, chef d’orchestre), Mekane Bouvhez (Guitare accompagnement), Flavien (Deuxième guitare accompagnement), Bafinangana (Batteur), Azoke (Guitare basse), Adolphe Atoba  (Chanteur et président de l’orchestre), Kaly Djatou, Boulamatele, Sley, Jean Okombe (Chanteurs).

Il sied de signaler que le parcours de Kaly Djatou avec le groupe Bayina libakou mabe fut marqué par deux événements majeurs en 1980. Le premier, l’enregistrement à Kinshasa, au studio Veve De Verckys Kiamwangana, de cinq titres dont Innocent et Lekouleme d’Adolphe Atoba, Washamba de Jean Claude Okombe, Hélène de GTM,  Mbongo ya l’Etat  de Kaly Djatou. Le second, sa participation avec le groupe à la première émission diffusée en couleurs par Télé Congo intitulée « Jeunes talents » qu’animait Fortuné Joachin et Isabelle Tomage…A suivre


Auguste Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Kaly Djatou/DR