Libre plume : Luce Bénédicte ou les pas d’une héroïne du 21ème siècle
Les années passèrent, nous nous étions un peu perdues de vue. Un beau jour, le destin décide de croiser à nouveau nos chemins, à travers une ONG de lutte contre la drépanocytose. Luce était l'une des premières personnes à proposer son aide et une vraie abnégation. Elle était présente à la toute première réunion de la Fondation : l'assemblée générale constitutive et son apport était magistral. Elle a brillé par ses connaissances en droit et en administration, nous étions trois femmes ce jour-là et je peux dire qu'elle était un Homme à part entière. Elle ne restera pas longtemps avec nous et je sentais qu'il y avait une lutte au-dedans d'elle. Luce cherchait sa place. Son appel était trop grand ; ce genre d'appel qui vous colle des insomnies. Il fallait lui laisser tracer son chemin. Plus tard elle s'essaiera aux petits boulots, et je sentais que cette lutte n'était pas encore terminée. Luce n'a pas la tête de l'emploi. Elle se battait encore pour arriver à accoucher sa propre grandeur, et comme dans tout enfantement, soit on accouche, soit on meurt. Quelques années plus tard, j'ai commencé à voir des photos d'elle émerger sur le net, et j'étais inquiète, un peu dubitative... J’apprends alors que Luce s'est engagée dans une lutte des plus nobles, une revendication humaniste : rendre au Congo sa liberté et sa dignité. Cette lutte politique, qui est aussi intellectuelle, est des plus engageantes qui soient car Luce joue sa vie à tout moment. Je ne crois pas qu'elle ne mesure pas les risques de son engagement. Mais Luce est de ces âmes pour qui la vie ne mérite d'être vécue que dans l'alignement avec leurs valeurs profondes, avec leur appel. Elle me fait penser à ces grandes figures panafricanistes qui l'inspirent : Nelson Mandela, Fatou Diome qui se sont engagés, l'un avec sa liberté, l'autre avec sa plume. Luce dévore les livres, vous pensez bien et, elle joue aujourd'hui une carte plus intéressante encore que la dénonciation sur le terrain, elle forme les jeunes et les femmes au travers de rencontres thématiques régulières. Membres du collectif « Ras-le-bol », mouvement citoyen axé sur les droits humains, elle éveille en nous notre part la plus grande encore endormie. Elle nous fait croire en la puissance d'un engagement sincère et véritable, en la dignité de l'Homme et à la liberté intérieure qui repousse les frontières dans le matériel. Princilia Pérès Légendes et crédits photo :Photo: l'activiste Luce Bénédicte Gangoue |