Lire ou relire : « La République des renards » de Ernest Bompoma Ikele
Devenu Yossa et nommé en effet ministre du pourcentage, Ndonga instaure un système qui consiste à prélever dix pour cent dans tous les chantiers de la République afin de renflouer les caisses de l’Etat. Cette pratique qui frise l’escroquerie s’étend à tous les niveaux de la société au point de paralyser le bon fonctionnement de l’administration, à cause de la concussion généralisée. Quand il sera retiré du gouvernement, l’ex-ministre, honni et haï de tous pour ses mauvais services rendus à la République, est lui-même victime du système qu’il a créé, à la mort de son épouse. « Le jour de l’inhumation, monsieur Dix-pour-cent croisa les services de Dix pour cent qui exigèrent à leur (ancien) patron dix pour cent du cercueil, du nettoyage du corps, du maquillage du corps, du corbillard, de la fosse et autres petits besoins. Tellement qu’il y avait trop de dix pour cent qui atterrissaient dans tous les sens, Yossa fut excédé et fut obligé de réagir : -Même pour un cadavre ! vous n’avez pas pitié de moi, dans mon état de veuf ! Vous m’extorquez beaucoup d’argent, alors que je dois vivre après » (page 139). Le livre interpelle au sujet de plusieurs phénomènes sociétaux assez courants : les bavures policières, les conflits armés, l’aliénation des sectes, les clivages identitaires, les violences de tout genre et les injustices sociales…Une thématique qui, grosso modo, donne à ce roman une teinture réaliste et engagée. Ancien inspecteur d’Etat à la présidence de la République du Congo et ancien président du Forum des gens de lettres, l’écrivain Ernest Bompoma Ikele qui a rejoint les limbes en 2018, continue d’instruire la postérité à travers ses trois titres publiés à L’Harmattan. « Le chaos » (recueil de nouvelles en 2012), « Le compte à rebours » (roman en 2015) et « La République des renards » (roman en 2016). Aubin Banzouzi Légendes et crédits photo :Photo: Couverture de l'ouvrage |