Les Dépêches de Brazzaville



Lire ou relire : « L’ingratitude du caïman » d'Isaac Djoumani Sengha


« - Tu te souviens du conte où Bama, le caïman, trahit le chasseur trop naïf alors que ce dernier vient de lui sauver la vie ? Reste sur tes gardes, fils, ne suis pas bêtement celui qui convoite ou possède le pouvoir. Car tout homme peut, le moment venu, faire preuve de la même ingratitude que le caïman, en profitant de la crédulité de ceux qui l’ont porté au sommet. Vous, les jeunes, vous devriez réfléchir davantage, pour ne pas devenir les victimes de ces prédateurs » (page 270). Ce propos d’un vieux personnage du roman est la clé de voûte qui explique le sens de ce récit fictif et plein d’anecdotes invraisemblables.

Toute la trame du roman tourne autour d'André, un officier des Forces armées congolaises (FAC) formé en Russie. Il retourne dans sa patrie avec une épouse russe et leurs deux enfants. Le couple, soudé par l’amour, vivra moult péripéties dues aux réalités sociales et politiques d’une bonne portion de l’Afrique marquée par les abus et travers divers.

Les mentalités et les chroniques des habitants du Congo sont décrites à travers les aventures et mésaventures du héros. Le récit se déroule à Brazzaville, Impfondo, Loubomo et bien ailleurs. Les faits endogènes soulevés dans le récit sont ceux de l’Afrique noire entière, concernant la seconde moitié du XXe  siècle. 

Ce roman, bien écrit dans la langue de Molière, est une sorte de réminiscence, de résilience et exutoire, une sorte de « Plus jamais ça » face aux drames sempiternels de l’Afrique. Un pan lugubre et atroce de l’histoire qui doit faire place à une renaissance florissante en humanité et en diversité.

Natif de Brazzaville, Isaac Djoumali Sengha a fait des études de médecine au Congo, puis en France. L’ingratitude du caïman est son premier roman.   


Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre/DR