Les Dépêches de Brazzaville



Lire ou relire : « Tribaliques » d’Henri Lopes


« Tribaliques » présente huit nouvelles qui sont également des portraits. Huit par traits qui dépiquent autant des individus que la société dans laquelle ils vivent. Huit histoires fortes, variées, bien écrites, qui sans avoir l’air d’y toucher abordent quelques problèmes essentiels de l’Afrique moderne et les passent au crible d’une critique toute finesse et de discernement. Des sujets tels que la corruption, la violence, le double langage, la mauvaise gouvernance, l’incompétence des dirigeants, l’hypocrisie sont abordés. Dans ce livre, l’auteur décrit l’archaïsme des individus et les maux qui minent le continent.

Ce livre expose un fléau social ayant pour base la préférence de la tribu où, après les indépendances, les Africains ont gardé une certaine méfiance à l’égard de l’homme blanc, mais aussi envers leurs propres frères. Les dirigeants ont tendance à se tourner vers les membres de leurs tribus pour former leur gouvernement, ce qui donne libre cours au favoritisme.

Original par la thématique qui demeure d’actualité et explorée jusqu’alors dans la fiction africaine, « Tribaliques » continue de frapper par son audace. En creusant, c’est une radioscopie d’une Afrique qui s’offre aux lecteurs, avec un décryptage fin, tout en nuance et tranche d’un système de gouvernance ou régime dictatorial qui ankylose toute l’Afrique. 

Dans le processus de l’évolution de la littérature africaine, ce livre d’Henri Lopes s’inscrit dans la trame du « nouveau roman politique », créé par les romanciers de la seconde génération. Ce roman paru en 1971 emprunte les formes du réalisme pour démontrer les mécanismes de gouvernance en Afrique après les indépendances. En effet, il est l’une des premières œuvres à faire le procès de la mauvaise gouvernance sur le continent. Avec une tonalité acerbe, l’auteur fustige les maux qui minent ce continent.

 

 


Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

La couverture de « Tribaliques » / DR