Les Dépêches de Brazzaville



Lisala : Olpa dénonce l’acharnement sur un journaliste suspendu


Dans une lettre adressée à la gouverneure par intérim de la province de Mongala, Marie-Clémentine Sole, et réceptionnée par son cabinet, le 23 février, l’organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté d’information, l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), s’est dite stupéfaite, après la suspension d’Eric Ngunde Abombo, journaliste à Radio Liberté Lisala, émettant à Lisala, chef-lieu de la province de Mongala. Cette ONG dit attendre de cette autorité provinciale de lever immédiatement cette décision et de favoriser l’exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue de la province de Mongala. « C’est avec stupéfaction que les membres du comité exécutif de l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté d’information basée à Kinshasa, ont appris la suspension d’Eric Ngunde Abombo, journaliste à radio Liberté Lisala, émettant à Lisala, chef-lieu de la province de Mongala », a écrit cette organisation, dans cette correspondance signée par son secrétaire exécutif, Alain Kabongo.

L’Olpa relève, en effet, que dans une lettre datée du 16 février et référencée 240/0017/CAB/PROGOU/MGL/MSE/NMB/2021, la gouverneure par intérim suspendait le journaliste précité pour « le seul grief d’avoir organisé et animé, le 13 février 2021, une émission avec le président urbain du parti politique Mouvement de libération du Congo (MLC), Prospère Nzumbala ». Et de rappeler que ce programme est qualifié par la gouverneure par intérim d’« émission à caractère tribal, d’incitation à la haine tendant à troubler l’ordre public et à déstabiliser les institutions provinciales établies ».

L’organisation fait, en outre, savoir que la suspension à durée indéterminée décidée par la gouverneure Marie-Clémentine Sole serait justifiée par « le souci de préserver la paix et la cohésion à l’intérieur de la province ».

Une mesure excessive en violation de la loi

Pour les membres du comité exécutif de l’Olpa, cette mesure du 16 février est excessive et viole gravement les dispositions pertinentes de l’article 112 de la Constitution et de la loi organique du 10 janvier 2011 portant composition, attribution et fonctionnement du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac), qui est l’institution publique de régulation des médias en RDC. L’ONG rappelle, en outre, que seuls les organes d’autorégulation sont compétents pour prendre des mesures contre les journalistes. « Cette suspension du journaliste s’apparente à un acharnement, car ce dernier a été libéré par le parquet de grande instance après 48 heures de détention pour insuffisance des charges », a fait savoir l’Olpa.

Tout en protestant vigoureusement contre cette suspension qui dénoterait un acharnement, Olpa prie conséquemment la gouverneure par intérim de la Mongala de lever immédiatement cette décision et de favoriser l’exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue de la province de Mongala. L’ONG lui rappelle, en outre, que lors du  trente-quatrième conseil des ministres du 3 juillet 2020, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, avait fait part aux membres du gouvernement de sa vive préoccupation au sujet de certaines mesures attentatoires aux libertés individuelles et collectives. Ce, du fait de certains exécutifs provinciaux allant de la fermeture des médias, d’arrestations arbitraires en violation de la loi. « Le chef de l’Etat a exigé sans délai que toute mesure liberticide soit rapportée au risque, pour les contrevenants, de s’exposer aux poursuites pénales. Le fait pour vous de faire arrêter un journaliste, puis de le suspendre est, sans doute, révélateur de votre détermination à passer outre l’instruction du chef de l’Etat du 3 juillet 2020 », relève cette organisation.


Lucien Dianzenza

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