Les Dépêches de Brazzaville



Littérature : Tchicaya U Tam’si, écorché vif au verbe puissant


Salué par Léopold Sédar Senghor sans jamais s’associer aux poètes de la négritude, le « Rimbaud noir », comme aime à le qualifier l'éditeur Jean-Noël Schifano, a profondément marqué de son empreinte la littérature francophone africaine.

Né à Mpili, dans la région du Kouilou (Congo-Brazzaville), fils de député du Moyen-Congo au parlement français pendant la IVe République, Gérald-Félix Tchicaya a produit des émissions pour l’ORTF en 1957, avant de devenir un proche collaborateur d'Emery Patrice Lumumba à Léopoldville (Kinshasa) au moment de l’indépendance de l’ancien Congo belge. Il occupera par la suite plusieurs postes au siège parisien de l’Unesco.

Il entre en littérature à 24 ans, en 1955, avec Le Mauvais Sang paru aux Éditions Caractères à Paris, sous le pseudonyme de Tchicaya U Tam’si, qui signifie en langue bantou « la petite feuille qui chante son pays ». Marqué par une infirmité physique, l'arrachement d'avec son village et sa mère, ses relations conflictuelles avec son père, le poète s’est nourri de ces blessures pour développer une œuvre immense.

Plusieurs recueils poétiques suivront Le Mauvais Sang – Epitomé, Le Ventre – puis l’auteur s’ouvrira à d’autres genres littéraires : le roman, la nouvelle (La Main sèche), mais aussi le théâtre (Le Bal de Ndinga). Son écriture puissante est fortement marquée par la décolonisation, la lutte contre le racisme et les discriminations.


Rose Marie Bouboutou