Les Dépêches de Brazzaville



Livres: Henri Djombo et "Les Bénévoles" chez Hemar


Structuré en trois tableaux, pour sept scènes,  Les Bénévoles d’Henri Djombo se déroule autour de huit personnages : l’agent forestier, le policier, la douanière, les passagers numéros 1 et 2, le trafiquant, le transporteur et le superviseur. Si on voit bien, en matière de suivi, de contrôle de la gestion forestière, et au bout du compte de répression de la délinquance liée à cette activité, la liste des intervenants sélectionnés dans ce livre paraît complète.

Si, en effet, force est à la loi incarnée chacun dans son rôle par les trois premiers acteurs, tous commis de l’Etat, très souvent, c’est dans les bagages des passagers traversant les zones de forêt que sont dissimulés de la viande boucanée ou fraiche, des pointes d’ivoire et de rhinocéros, des peaux de caïmans et de varan, les restes de chimpanzés, de gorilles, de reptiles et d’oiseaux, etc. Tout ce dont la nature a de plus précieux en conservation, et que les réglementations nationales et internationales préservent avec fermeté. A côte des passagers se trouvent des transporteurs, puis des trafiquants, les uns et les autres jouant parfois les ignorants de la loi, tournant parfois en dérision les agents de répression s’ils ne les retournent pas simplement contre cette même loi moyennant quelques espèces sonnantes et trébuchantes.

Dans les cinq premières scènes du premier tableau, l’agent forestier, le policier et la douanière récitant par cœur les textes de loi en vigueur, rendent la vie impossible aux deux passagers et au trafiquant mêlés tous au commerce illégal des produits de la faune et de la flore. Les trois « agents » ne sont en réalité que de jeunes stagiaires (deux garçons et une fille) mis à l’épreuve pour la circonstance, et qui brillent d’après leur superviseur par un comportement irréprochable. Mais, qui c’est ce superviseur qui semble en savoir un peu plus sur les normes forestières et demeure admiratif devant  ces jeunots brillants ? Par cette préférence, presque délibérée pour les jeunes enfants, l’auteur ne semble-t-il pas battre le rappel du professionnalisme, devenu sans doute une denrée rare dans plusieurs officines publiques, pas seulement forestières ?

Toujours aussi tatillons, nos trois « érudits », s’en prennent au transporteur dans la scène du deuxième tableau qui se déroule à l’entrée d’une ville : «  À part le bois illégal et le charbon, que transportez –vous ?», demandent-ils au voiturier sans papiers, qui invoque son patron, « un homme connu et puissant que rien n’inquiète ». Peine perdue pour lui, puisqu’il termine sa course dans un commissariat de police.

Puis le tout dernier tableau, avec une scène unique entre professionnels pourrait-on dire. Elle met en avant l’agent forestier, le policier, la douanière et le superviseur. Les quatre se lancent dans une discussion à bâtons rompus sur l’avenir de la forêt, l’action des pouvoirs publics, le sort des délinquants forestiers, de l’argent frais pour nourrir les parcs zoologiques et leurs pensionnaires, l’indispensable éducation de la population, l’impérieuse volonté politique des dirigeants des pays concernés, l’appui de la communauté internationale. Ici, le superviseur joue les grands connaisseurs du sujet et conclut son propos sous des applaudissements. Les rideaux tombent. Les Bénévoles d’Henri Djombo, une pédagogie de la gestion durable de l'environnement.


Gankama N'Siah

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Couverture du livre