Les Dépêches de Brazzaville



Mahies : une bataille pour la culture


Ancienne élève du lycée de la Libération de Brazzaville, Mme Gallimoni a quitté le Congo, son pays d'origine, dans les années 80 pour faire des études scientifiques à Reims. C’est durant ses nombreuses visites au Congo pendant ses études qu’elle a été interpellée par une dégradation du niveau d’éducation, par les classes surchargées, l’absence de bibliothèques et le manque d’activités périscolaires. “J’ai vraiment senti que le niveau des élèves se dégradait. Mon neveu qui habite Siafoumou était deuxième de sa classe avec seulement 10.8 de moyenne, ça m’a énormément interpellée”, explique-t-elle. 

Alors pour tenter de faire la différence, à son échelle personnelle, ce cadre en laboratoire pharmaceutique a décidé de créer un espace pour favoriser l’éducation, la culture et la santé. En 2002, la fondatrice de Mahies achète un terrain et elle dépose sa première pierre à l’édifice qu’elle finance presque seule débute en 2004.

C’est en septembre 2019, 15 ans après le début des travaux, qu’elle inaugure enfin la médiathèque à Pointe-Noire et enregistre l’association Mahies en France puis au Congo. “La construction a pris du temps mais (...) je ne voulais pas avoir à payer de loyer ni prendre de crédit auprès d’une banque (...) c’est un choix, je l’assume, je ne le regrette pas et je ne le regretterai jamais”, assure Mme Gallimoni.  “C’est mon 4e enfant, c’est ma passion. Tant que je serais en vie, si j’ai un franc, il sera pour Mahies” poursuit-elle sans aucune hésitation.

Depuis, l’équipe de l’association s’est agrandie et ses trois gérantes tentent de diversifier les activités de la médiathèque et d’en faire profiter le plus d’enfants possible. "Plusieurs fois par an, nous organisons des journées thématiques sur des sujets de société, comme le problème des écrans, l'hygiène dentaire ou encore sur l’eau”, explique cette quinquagénaire.

Si son projet n’est pas encore très connu à Pointe-Noire, Mme Gallimoni est tout de même satisfaite. “Je me suis toujours dit que si un seul enfant  entrait dans la médiathèque, c’est que j'aurais réussi (...) car les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain”, exprime avec émotion cette femme qui cherche à donner les clefs de la réussite aux générations congolaises.

Aujourd’hui, pour la modique somme de 10.000 FCFA par an, les enfants peuvent se rendre à Mahies et profiter d’un moment de détente au milieu de livres, films et jeux ludiques. Pour la rentrée, l’association compte élargir son domaine d’activité en proposant des formations, des ateliers de recherches et des simulations d’entretien pour soutenir les personnes en recherche d’emploi.  Jocelyne Gallimoni poursuit sa bataille pour faire vivre culture et  littérature dans son pays d’origine.


Nessrin Ali Ahmad

Légendes et crédits photo : 

Jocelyne Gallimoni, fondatrice de l’association Mahies distribuant les cookies