Les Dépêches de Brazzaville



Mali: une aide de 24 millions d'euros accordée par l'Union européenne


L’octroi de vingt-quatre millions d'euros vise à «  renforcer les capacités des forces armées maliennes afin de leur permettre de mener des opérations militaires » contre les groupes terroristes. C’est une aide sollicitée par les autorités maliennes et approuvée au titre de la Facilité européenne de paix (FEP). Elle vise à renforcer la sécurité au Mali, notamment le soutien de l'Académie des sous-officiers à Banankoro, la rénovation de l'infrastructure de formation à Sévaré Mopti et la fourniture d'équipements militaires, ainsi que des armes non létales.

La lutte contre les djihadistes est la première préoccupation du Mali. Cette nouvelle aide européenne peut être placée dans un contexte de concurrence avec l’aide militaire russe et une possible arrivée du groupe paramilitaire Wagner au Mali. Les Européens ont gardé en tête l’exemple de l’aide militaire américaine en Centrafrique où des véhicules offerts se seraient retrouvés entre les mains de la Société militaire privée (SMP Wagner). Bruxelles souhaite donc que son aide ne soit pas détournée et se garde le droit de l’annuler, voire d’en réclamer le remboursement si à l’avenir, de tels faits se répétaient au Mali. « La mesure d'aide pourrait être suspendue si les conditions de sa bonne mise en œuvre ne sont pas réunies », a précisé le Conseil de l’UE.

La position de la France par rapport à la SMP Wagner au Mali

La présence éventuelle ou possible de la société militaire privée Wagner suscite l’inquiétude des pays de l’UE, notamment la France, au vu des souvenirs  qu’elle aurait laissés dans tous les pays où elle serait passée, donc la Centrafrique, la Libye et le Mozambique. A Dakar, où la ministre française des Armées, Florence Parly, vient de prendre part au forum pour la paix et la sécurité en Afrique, des rumeurs de la présence du groupe paramilitaire russe Wagner au Mali  étaient ouvertement évoquées pour lutter contre le terrorisme et assurer la sécurité. La France y voit un entrisme de la Russie dans sa sphère d’influence en Afrique. Ce qui fait une préoccupation majeure pour la diplomatie et les armées françaises. Personne n’aurait rencontré un membre du personnel de Wagner au Mali. Les services de renseignement les soupçonnent d’avancer masquer, sous d’autres noms de sociétés hybrides, des entreprises de maintenance ou de logistique. Les précédents en Libye ou au Mozambique ayant apparemment laissé des traces. En Centrafrique surtout, comme l’a rappelé à Dakar, la ministre des armées, face à la menace au Mali, Paris joue pour l’instant son atout diplomatique. L'objectif  étant de convaincre l’Europe et les pays de l’Afrique de l’ouest de couper les flux financiers des dirigeants de Wagner. Et sur le terrain de la guerre, la France veut impliquer davantage l’UE. La nouvelle force Takuba, chargée d’assister les forces maliennes dans les opérations antiterroristes, engagera en janvier prochain doze pays membres. Et jusqu’à quinze dans les prochains mois.

L’opération Odalgou 4, une réponse militaire coordonnée et stratégique au terrorisme

Quatre pays d'Afrique de l'ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin), ont lancé une opération dénommée Odalgou 4, pour faire face au djihadisme. Elle mobilise jusqu’à 1 200 hommes et espère atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme à travers la mutualisation des efforts. Les pays du Sahel devront s’unir et mettre en coopération leurs différentes armées pour fournir une réponse militaire coordonnée et stratégique au terrorisme, selon le ministre burkinabé de la Sécurité, Maxime Koné, seule alternative qui se présente aux pays de la sous-région pour vaincre le terrorisme. Lassina Diarra, coordonnateur et chercheur sur le terrorisme en Afrique de l’ouest, estime que pour plus d'efficacité, les pays de la région devraient s'entendre sur la perception qu'ils ont du terrorisme, et l'Afrique de l'ouest devrait soutenir ces quatre pays où l'Etat est très affaibli en ce moment. Des acteurs de la société civile, du monde universitaire et d'autres organisations étaient réunis récemment à Niamey, au Niger, pour réfléchir sur le développement et la stabilité du Sahel. Cela fait plus de huit ans que plusieurs pays du Sahel sont confrontés à une des pires crises sécuritaires de leur histoire.


Noël Ndong