Maniema, dans l’Est de la RDC : son rendez-vous avec l’histoireLe 27 juin, devant l’Assemblée provinciale du Maniema, Augustin Matata Ponyo a plaidé en faveur de la relance de l’agriculture. « C’est le socle et pilier de tout développement pour faire du Maniema un véritable grenier agricole », a-t-il insisté. Une vocation perdue Matata espère des retombées concretes de la prochaine foire agricole annuelle dont il souhaite d’ailleurs une plus forte implication de la femme et de la jeunesse. Dans sa vision, il a proposé la mise en place des cadastres agricoles en garantissant un fonds pour l’agriculture, la création des unités de production, l’instauration d’une taxation unique et l’identification des sites pour développer des actions agricoles. Le gouvernement central compte bien continuer à appuyer certaines réhabilitations, notamment celles des infrastructures du Maniema. Matata a salué le bien-fondé de certaines initiatives présidentielles dont la construction de l’université de Kindu, la réhabilitation des infrastructures routières, sanitaires et aéroportuaires ainsi que la prise en charge des besoins de l’administration provinciale. Couvrant un peu plus de 132 000 km², plusieurs études confirment la vocation agricole de la province. En fait, le Maniema a une économie dominée par le secteur primaire. En 2014, ce secteur a représenté 75 % de la production totale de la province. Selon le niveau de participation à la production locale, il y a d’abord l’agriculture (87 %) loin devant les mines (7 %), la foresterie (5 %), l’élevage (1 %) et la pêche (0,4 %). 7 % de taux d'accès au système financier Sur le plan entrepreneurial, une étude réalisée par le FPM (Fonds pour l’inclusion financière en RDC) a permis de catégoriser les entreprises en fonction de leurs chiffres d’affaires. Elle révèle ainsi une forte proportion des micro-entreprises (70 %) et une présence plutôt insignifiante des petites entreprises (23 %), des moyennes entreprises (6 %) et des grandes entreprises (1 %). Ces entreprises interviennent majoritairement dans le commerce (59 %), les services (22 %) et la manufacture (19 %). Le principal obstacle de la province est le faible accès des micros et petites et moyennes entreprises (MPME) au système financier. L’étude aboutit même au constat que 81 %, soit la très grande majorité des MPME, n’ont jamais essayé d’obtenir un crédit auprès d’une institution financière formelle. Seulement 37 % des MPME assez téméraires ont réussi à obtenir des crédits en 2014, soit un taux d’accès global de près de 7 %. À Kindu, trois banques sont à l’œuvre, en l’occurrence la Trust Merchant Bank, la Raw Bank et l’Eco Bank. L'on compte trois structures de micro-finance et plusieurs messageries financières. Mais les crédits bancaires restent insignifiants. Sortir l'économie de l'ombre En résumé, l’on observe une demande plutôt forte en services financiers et une offre relativement faible des banques locales. Il s’agit tout de même d’un marché de près d’un million de MPME. À l’occasion de la fête d’indépendance, le Maniema ne peut espérer que des solutions durables aux maux qui rongent son économie. Aussi les défis prochains devront-ils tourner autour de la poursuite des efforts de formalisation des entreprises pour dégager plus de recettes fiscales. Au-delà, l’autre priorité est de développer les services publics d’appui-conseil aux MPME. Le FPM va plus loin en recommandant une meilleure stratégie des banques pour mieux encadrer cet important segment. Les institutions de micro-finance doivent travailler inlassablement sur les nouveaux produits et services adaptés aux entreprises locales. Sans doute le débat sur l’avenir du Maniema trouvera-t-il un écho favorable lors de la commémoration de cette fête nationale. Laurent Essolomwa |