Les Dépêches de Brazzaville



Médias : les journalistes invités à se constituer en réseau


« La liberté de la presse est le socle de la démocratie. Au Congo, cette liberté est souvent menacée. Les citoyens mal intentionnés, la force publique ou encore des individus exerçant cette profession sans formation, mais qui occupent des postes de responsabilité dans nos organes de presse, foulent au pied toutes les règles déontologiques traitant les journalistes d’opposants, de ‘’ninja’’, faisant des fiches noires sur les professionnels des médias afin de les empêcher d’exercer leur métier », s’est indigné la présidente du GJP, Nathalie Christine Foundou.

Non à l’intolérance, au musellement de la presse, à la barbarie, à la division des journalistes et à la violence, sont les mots qui ont marqué cette conférence de presse. Focalisée sur la liberté de la presse et les textes y relatifs, cette rencontre avait pour but de faire l’état des lieux des violences que subissent les professionnels des médias. Le président de l’OMC, Bernard Makiza a, dans son intervention, notifié les droits et devoirs des journalistes en énumérant les textes concernant la protection de ce métier. Malheureusement ces textes ne sont pas appliqués au Congo et les professionnels des médias pour la plupart ignorent la quintessence de ceux-ci. « Lorsqu’il se produit un incident, les journalistes restent muets, pourtant ils doivent faire réagir les pouvoirs publics. Il faut pousser l’État à appliquer ces textes non seulement pour leur sécurité, mais également pour aider les générations futures à exercer librement cette profession », a-t-il indiqué. Et Bernard Makiza d’ajouter : « Le Congo est l’un des rares pays qui n’a pas de véritables associations des journalistes. Partout dans le monde il y a des maisons de presse, sauf au Congo. Les journalistes congolais ne se connaissent pas et, de ce fait, ne sont pas solidaires. »

Le réseau de journalistes : un moyen efficace pour lutter contre l’incivisme

Selon les conférenciers, même si justice n’est pas faite sur les violences, harcèlements que subissent les journalistes congolais au quotidien, il existe des voies autorisées au niveau international. Pour se faire valoir, les journalistes doivent se constituer en réseau, car le Congo ne respecte pas leurs droits. Pour le président de l’ADHUC, Loamba Moke, ce sont les autorités congolaises qui sont les premières à combattre le droit des journalistes. Pour lui, le taux élevé des violences basées sur le genre dans ce domaine devient de plus en plus inquiétant.

La question qui se pose est de savoir comment un journaliste peut travailler dans un pays où l’impunité est une norme et que certains citoyens se croient au-dessus des autres. Inscrite dans la Charte des professionnels des médias, la protection des journalistes n’est pas respectée au Congo. Des journalistes vilipendés, insultés, intimidés, relevés de leur fonction ou affectés abusivement, tout ceci intègre les rangs du rappel à l’ordre. « Ces actes inciviques se font pour que les journalistes aient peur de s’exprimer librement. Ils sont également causés pour que les journalistes redeviennent griots comme au temps du monopartisme afin d’étouffer notre jeune démocratie », a déclaré Nathalie Christine Foundou.

Des recommandations ont été faites. À propos de celles-ci, le journaliste doit : poursuivre les auteurs des actes inciviques et créer un réseau des journalistes, pour la défense de leurs droits, affilié au réseau international ; informer les rapporteur spéciaux sur la situation des journalistes au Congo ; et travailler en collaboration avec les ONG des droits de l’homme.

Les cas de violence ne cessent de croître

Alors que l’année 2013 n’en est qu’à son troisième trimestre, on compte déjà quatre cas de violence faite aux journalistes. Il s’agit de Nathalie Christine Foundou (en janvier dernier), Sylvie Likibi de Télé Congo, Barol Aniolo, journaliste stagiaire dans le même organe de presse, et le dernier en date, il s'agit de l’agression de Sadio Kante, journaliste de Reuters TV. Pour ne citer que ceux-là, car nombreux sont les journalistes qui subissent des injustices, des sévices physiques ou psychologiques et qui se taisent, de peur d’être réprimés.

Les organisateurs de cette rencontre ont profité de l’occasion pour dénoncer ces actes. Citons le témoignage de Sadio Kanté, journaliste de Reuters TV qui a été rouée de coup, le 19 septembre dernier, et menottée par la force publique lui interdisant d’exercer son métier au Palais de justice de Brazzaville. Elle a, à cet effet, demandé au Conseil supérieur de la liberté de la communication (CSLC) d’attribuer des cartes de presse aux journalistes. Sadio Kante s’est, par ailleurs, plainte de la position de l’organe régulateur des médias sur sa situation. « J’ai le droit avec moi et je ne rentrerai pas dans l’illégalité. Le CSLC s’est mis à justifier les actes des forces de l’ordre au lieu de défendre la journaliste que je suis », a-t-elle conclu, avant de conscientiser les journalistes sur les dangers qui les guettent.


Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Sadio Kante, journaliste de Reuters TV, témoigne des violences qu'elle a subies.