Les Dépêches de Brazzaville



Médias : quand des journalistes américains présentent l’image réelle du Congo sur la scène internationale

La situation actuelle du Congo, ses enjeux économiques et sa stratégie de diversification de l’économie semblent être mal connus à l’étranger, principalement aux Etats-Unis. Afin de donner une image positive et réaliste du pays pour répondre aux attentes du président de la République, Denis Sassou N’Guesso, qui souhaite une plus grande communication sur ces sujets ainsi que sur les opportunités d’investissement, certains journalistes des médias américains tentent d’éclairer la lanterne de l’opinion dans leur pays et ailleurs en donnant des informations de manière objective. C’est le cas de Joy Zoltobroda, Gonzalo Llaryora et Eric Smith, représentants de la prestigieuse agence de presse et de communication internationale United World qui réalise une série de reportages sur le République du Congo distribués avec le USA Today, un quotidien ayant une plus grande audience aux Etats-Unis.

En effet, après leur numéro consacré au Congo publié le 4 août dernier à Washington lors du sommet des leaders africains et dans lequel ils parlaient des changements remarquables observés dans le pays, touchant les valeurs d’unité nationale ainsi que les opportunités d’investissements, les représentants de cette agence de presse procèdent actuellement à des entretiens personnalisés avec certains leaders politiques et économiques du Congo en vue de présenter les entreprises congolaises de différents secteurs d’activités dans leur prochaine parution. Nous avons pu les suivre dans leurs nombreuses interviews, dont celle avec l’ambassade des Etats-Unis résumée dans cet article :

 

Coopération : l’heure a sonné pour attirer les investisseurs américains au Congo, selon l’ambassade américaine.

Abordée par la presse sur les potentiels projets entre les deux pays après le sommet des leaders africains, l’ambassade des USA au Congo a estimé que les gouvernements américain et congolais ont tout à gagner s’ils renforçaient et diversifiaient leur coopération bilatérale. Pour la représentation diplomatique américaine, les assises de Washington ont eu « un impact important sur les liens et les perceptions aussi bien des Etats-Unis que de la République du Congo »

« Le gouvernement américain cherche, de façon proactive, à stimuler et à soutenir les échanges commerciaux entre les deux pays. Nous essayons de communiquer aux entreprises américaines les appels d’offres disponibles au Congo. C’est une initiative récemment prise par le Département d’État (équivalent américain du ministère des Affaires étrangères) pour encourager l’implication des entreprises américaines en Afrique et leur donner plus de visibilité sur le continent », a-t-on déclaré. L’ambassade américaine a assuré entretenir des rapports étroits avec des entreprises aux Etats-Unis pour sensibiliser aux particularités locales et administratives et pour les aider à évaluer les risques. 

Plus d’une décennie après des conflits armés et des troubles socio-politiques, l’heure a effectivement sonné pour attirer les investissements américains  au Congo. L’ambassade américaine le reconnaît en ces termes : « La République du Congo a retrouvé le chemin de la stabilité politique et économique. Le pays a connu un développement impressionnant de ses infrastructures dans la dernière décennie. De manière générale, il se dégage un consensus national pour éviter les erreurs commises dans le passé ».

Si le sommet des leaders africains a eu un impact important sur la coopération avec l’Afrique en général et le Congo en particulier, l’ambassade a toutefois déploré les effets nocifs provoqués par l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui alimente l’inquiétude des potentiels investisseurs alors que trois pays seulement sont affectés sur le continent africain. « Il est primordial de communiquer que ce n’est pas l’ensemble de l’Afrique qui est affecté par cette épidémie », a-t-elle fait remarquer. Ce phénomène a pris une ampleur considérable qui s’étend sur toute la région africaine, par exemple, le secteur touristique de l’Afrique du Sud a beaucoup souffert bien que le pays se situe à des milliers de kilomètres de la zone affectée.

Le Congo présente des avantages concurrentiels par rapports à ses voisins

Parlant du climat des affaires au Congo, la représentation diplomatique américaine à Brazzaville a relevé que même s’il n’est pour le moment que partiellement assaini, ce secteur reste en « net progrès ». Elle a noté le fait que le Congo a su créer des liens solides avec la France et la Chine, « tandis que les Etats-Unis semblent loin culturellement, historiquement et linguistiquement ».

Malgré cela, l’ambassade a rappelé l’importance du sommet africain tenu pour la première fois à Washington et dont elle espère renforcer la coopération bilatérale, étant donné la volonté de bâtir un partenariat solide fondé sur l’existence d’un bénéfice mutuel de cette coopération.

Au sujet du poids de l’entrepreneuriat au Congo, l’ambassade a indiqué que la culture entrepreneuriale est une valeur récente dans le pays d’autant que, d’après elle, la culture bureaucratique française a fortement influencé le pays au fil des années. « Les leaders du pays se concentraient essentiellement dans le secteur public. Mais depuis les réformes structurelles du secteur, ainsi que l’impact culturel de la globalisation, nous observons maintenant un changement de comportement. Vérone Mankou reflète ce nouvel esprit entrepreneurial », a noté l’ambassade américaine

La question des exportations de la République du Congo à destination des Etats-Unis a été aussi au nombre des sujets abordés. L’ambassade a indiqué que les exportations ont baissé de 22% entre 2012 et 2013 et ce déclin serait justifié, selon elle, par la réduction de la demande américaine concernant les produits pétroliers. « Ces exportations concernent principalement le secteur pétrolier. Dernièrement, les Etats-Unis ont cherché à réduire leur dépendance sur les énergies étrangères, raison pour laquelle nous avons vu un affaiblissement des exportations du Congo dans ce secteur », a expliqué l’ambassade américaine. Par ailleurs, elle a parlé de l’existence d’un cadre règlementaire qui devrait faciliter le commerce entre le Congo et les Etats-Unis, notamment le traité bilatéral en vigueur depuis 1994 et dont la diplomate voudra que son pays en tire profit. 

Soulignant que le Congo a enregistré un score vert au classement ITIE, ainsi qu’une notation financière B+ par les agences internationales, l’ambassade a souhaité que ces performances soient communiquées à l’extérieure. De même, elle a dit que le secteur des télécommunications « reste prometteur » dans le pays avec des connexions à haut débit malgré le fait qu’il n’est pas à un niveau optimal.    

Pour exporter, il faut produire

Autres facilités pour investir au Congo : les avantages concurrentiels du pays par rapport à ses voisins ont été évoqués. L’ambassade a relevé que le franc CFA, la monnaie locale et de la zone Cémac, indexée sur l’euro, octroie au pays une stabilité monétaire et économique. Cette stabilité jette les bases de son ambition d’être considéré comme un hub logistique et la porte d’entrée de l’Afrique centrale.

Puis, souhaitant que le Congo profite de cette situation pour diversifier sa coopération avec les Etats-Unis, l’ambassade américaine a déclaré : « L’AGOA, qui vise à soutenir l’économie des pays africains, présente des avantages considérables pour favoriser les échanges commerciaux. Néanmoins, l’Afrique a peu conscience de ces avantages, et n’en tire pas suffisamment partie». 

Hormis ses exportations d’hydrocarbures à destination des Etats-Unis, le Congo, a noté la diplomate, ne produit pas assez dans le domaine de l’agriculture pour pouvoir exporter. « Pour exporter, il faut que le pays produise, ce qui n’est pas encore le cas du Congo, a-t-elle expliqué. Le secteur de l’agriculture présente un fort potentiel puisque seulement 2% des terres arables sont exploitées.  La question qui se pose n’est donc pas de savoir ce que les Etats-Unis peuvent importer, mais ce que le Congo sera en mesure de produire ».

L’ambassade américaine s’est en outre appesantie sur la contribution des Etats-Unis concernant les questions de paix, de stabilité dans les Etats africains et au soutien que son pays apporte aux institutions démocratiques au Congo. L’ambassade américaine à Brazzaville soutient les institutions démocratiques, le commerce et cherche à améliorer la sécurité régionale. Pour appuyer son propos, l’ambassade a cité à titre d’exemple, entre autres, l’action d’USAID qui est impliquée au Congo dans le CARPE (Programme régional Centre africain de l’environnement) ; celle du programme de l’EPT qui cherche à réduire l’apparition des maladies ; la collaboration existant avec les institutions de recherche pour atteindre cet objectif ; les activités entreprises dans le cadre du « School Feeding Program », en collaboration avec le Département américain de l’Agriculture et le Programme alimentaire mondial. « Nous devons essayer de communiquer les opportunités d’investissement ici au Congo autant que possible. Il existe encore des barrières culturelles et linguistiques entre le Congo et les Etats-Unis mais cela est en train de changer », a conclu l’ambassade américaine.


Nestor N'Gampoula