Les Dépêches de Brazzaville

Message de son Excellence monsieur le président de la République sur l'état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès

• Monsieur le président du Congrès;

 .Monsieur  le président du Sénat ;

• Monsieur  le Premier  ministre, chef du gouvernement ;

• Mesdames et messieurs les membres du gouvernement ;

Mesdames et messieurs les  parlementaires ;

Mesdames     et      messieurs    les      ambassadeurs   et     chefs    de      missions diplomatiques ;

• Mes chers compatriotes;

A un rythme régulier et sans jamais faiblir devant le caractère impératif d'un tel devoir constitutionnel, nous rendons compte au peuple, une fois par an, de l'état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès.

D'ores et déjà, je voudrais rendre un hommage mérité à nos illustres pères, pionniers bâtisseurs d'un Etat moderne ainsi qu'à la génération de ceux qui ont porté à leur côté ou assumé, par la suite, le destin de la République et  de  la Nation.

S'agissant de l'an 2022, la particularité provient de ce que cette adresse est faite aujourd'hui, 28 novembre, Journée de la République instituée au terme de la loi n° 18-2010 du 27 novembre 2010.

En effet, à la différence des seules évocations historiques d'antan à la place qui porte son nom, sur des thèmes correspondant à cette cérémonie, l'hommage à la République, le 28 novembre de chaque année, sera à l'avenir rendu, avec plus de solennité et de densité.

Ainsi, à l'instar de la présente édition, la célébration de la Journée de la République se déroulera désormais sur fond de message sur l'état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès.

C’est l’opportunité, pour nous, de magnifier les symboles de la République, à

savoir notre devise,  notre drapeau et nos armoiries.

Pour chaque citoyen du pays, la dualité République et Nation congolaise doit être vécue, à l'évidence, comme une réalité concrète, gage de concorde nationale et de cohésion sociale, bref, l'expression intangible et renouvelée de  notre souveraineté incarnée par  les valeurs symbolisées par  notre drapeau, le vert - le jaune -le rouge et par  notre hymne national, La Congolaise.

C'est le moment pour chaque citoyen de se livrer à une introspection profonde lui permettant d'apprécier son arrimage à notre devise  : Unité  - Travail - Progrès.

Pour   tout  jeune en   particulier,  c'est  l'occasion de  prendre un   nouvel élan patriotique plus  affirmé  au service de la République et de la Nation.

C'est l'opportunité, pour les  générations actuelles, de  jeter  un nouveau regard figé dans le  temps et  un coup d'œil  sur les  grands repères d'évolution de  la République, pour  apprécier  le   travail  accompli  en   vue   de   transformer et moderniser notre pays.

Tenez!    Par  exemple, à la  proclamation de  la  République du  Congo le  28 novembre 1958, l'Etat n'était en  réalité qu'un amas de  services administratifs embryonnaires.

Sans structure bancaire ouverte aux populations, les transactions financières s'opéraient essentiellement par  le biais des services postaux.

Sur le plan sanitaire, le Congo ne comptait qu'un seul hôpital général, affecté aux quatre Etats de l'Afrique équatoriale française.

Moins d'une vingtaine d'écoles primaires, une dizaine de collèges et seulement quatre lycées constituaient l'ossature de l’enseignement général, pour l'ensemble du Congo. L'enseignement technique ne reposait que sur l'actuel lycée du  1er  mai à Brazzaville, alors Ecole  professionnelle fédérale de  l'Afrique  équatoriale française, tandis que  le cycle supérieur était inexistant.

Toute  la   partie  septentrionale  de   notre  pays  ne   disposait  que   de   deux établissements de cycle secondaire, le collège Champagnat et le petit  séminaire Saint  Pie    10   de    Makoua,   propriétés   de    l'Eglise    catholique.   L'unique établissement  public de  cycle  secondaire était le  collège  de  Fort Rousset, Owando actuellement.

Les élèves  partaient à pieds ou  en  pirogue des  localités lointaines de  la  partie septentrionale du  pays  pour rejoindre les établissements précités.

Notre  pays ne disposait d'aucune route asphaltée en  dehors de quelques rares voiries   urbaines bitumées, dans les  quartiers résidentiels des   ressortissants européens à Dolisie,  Pointe-Noire et Brazzaville.

La traversée de grands cours d'eau, du  Sud au Nord du  pays, était assurée par des  bacs usagés, si  ce  n'est par  des  pirogues artisanales et  quelques autres embarcations de fortune.

Avec un seul aéroport international, celui  de Brazzaville qui n'était international que  de  nom,  nul  ne  pouvait présager le bond  prodigieux réalisé par  notre pays, en   matière d'infrastructures  de   transport  aérien,  un  demi-siècle après  la proclamation de la République.

Le   barrage  hydro-électrique  du   Djoué  et   quelques  centrales  thermiques réparties entre Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie fournissaient à peine

15 mégawatts d'électricité. La production d'eau potable en  milieu urbain était à

peine  de 21 000 mètres cubes par  jour.

Les immeubles les plus remarquables de Brazzaville se limitaient à l'ancienne résidence du gouverneur ou actuel Palais du  peuple, à l'hôpital général, au lycée Savorgnan de Brazza et  à la  Basilique Sainte Aanne dont le clocher était inachevé.

En  provenance d'Europe, une lettre pouvait attendre au moins un  mois  pour parvenir à destination. Aujourd'hui, nous nous sommes adaptés aux progrès accomplis et le courrier est  instantané.

Sur le plan  sportif, le legs  colonial s'est résumé à deux stades de  football, les stades Eboué à Brazzaville et Anselmy à Pointe-Noire.

Le  rudiment d'armée transféré par  l'administration coloniale est  devenu, au fil du  temps, une Force  publique bien  structurée, au service de  la  défense de  la patrie et de la sauvegarde de la paix.

Ainsi, se   dressait  le   panorama  de   notre  pays,  marqué  par    le   manque particulièrement préoccupant d'équipements et  le déficit  préjudiciable de ressources humaines qualifiées.

Il  ne  s'agit là  que   de  quelques exemples tirés au  hasard de  la  corbeille de

1'histoire, pour édifier  les  générations actuelles sur le parcours de  notre pays, des  temps anciens à ce  jour. Ce  sous-équipement hérité à l'avènement de  la

République a  été   incontestablement  vaincu,  ce   qui   suscite  fierté   légitime aujourd'hui et optimisme pour l'avenir, en dépit des  défis multiformes auxquels nous devons faire  face dans le cadre de notre marche vers le développement.

Monsieur le président du Congrès ;

Mes chers compatriotes ;

Acteurs et  témoins  privilégiés de  l'histoire du  Congo,  il  nous incombe d'en

évoquer les évolutions les  plus marquantes, à ceux qui ne les ont  pas  vécues, en  l'occurrence aux jeunes, les outils authentiques pour

apprécier objectivement la République au passé et au présent.

Cette volonté  de construire le pays est  affichée  par  les engagements que  nous avons pris  devant le peuple et qui  se traduisent par  le Plan  national de développement 2022 - 2026, couvrant   la  période du  mandat présidentiel en cours.

Nous  rendons compte de ce qui,  malgré les difficultés, a pu  être  accompli cette année.

Monsieur le président du Congrès ;

• Mes chers compatriotes ;

Alors   que   nous  nous  étions  organisés pour surmonter  la   crise  financière survenue dès  2014, voilà que  cet élan  salvateur a été  lourdement entravé par  la pandémie de covid-19  dont les premiers cas, dans notre pays, sont enregistrés en  mars 2020, mettant en  cause l'optimisme suscité par   les  résultats encourageants, déjà  perceptibles au niveau des indicateurs macro-économiques.

Grâce à l'appui de quelques pays amis, la résilience du peuple pour sa survie a permis de réaliser, sans le soutien de la communauté financière internationale, des   performances palpables dans la lutte contre la pandémie de covid-19. L'apocalypse tant annoncée    et      l'hécatombe prophétisée par   les   esprits malveillants ne se sont pas produites, fort heureusement !

Le mal,  on peut se permettre de le dire,  a pu être  conjuré et le pire écarté.

A titre  illustratif, depuis la fin  du  mois  de  mars 2022, le Congo  n'a  enregistré

qu'un seul décès des  suites de covid-19.

Cette   amélioration sensible de  la  situation  épidémiologique se  traduit par  la quasi-inexistence de  nouveaux cas de  covid-19,   voilà  plus de  8 mois,   sur l'ensemble du  territoire national.

Une   telle   évolution  témoigne  de  l'efficacité  des   mesures  préventives et  des protocoles thérapeutiques appliqués dans notre pays.

C'est   pourquoi, nous avons procédé, le  14  octobre 2022, à la  dissolution du comité de  coordination et  de  ses  organes de  gestion ainsi qu'à la  levée  des restrictions liées   à la  lutte  contre ce  péril   sanitaire, pour permettre à  nos compatriotes de retrouver une vie normale et de reprendre, en toute liberté, leurs activités habituelles.

A ce  sujet,  nous  avons mis   fin   à  l'état d'urgence sanitaire, au  caractère obligatoire du  port  du  masque et à la présentation d'un test PCR négatif pour  les passagers à l'entrée et à la sortie du  Congo.

Toutefois, la vigilance doit toujours rester de mise.  La pandémie de covid-19 n'a  pas  été  intégralement éradiquée. A travers le monde, subsistent encore des poches de résistance de certains variants.

Nonobstant cet appel à la prudence, nous pouvons nous permettre, à ce stade, de féliciter l'ensemble du  peuple pour son  adhésion aux mesures de  prévention mises en œuvre contre la pandémie de covid-19.

C'est   l'occasion aussi  de   congratuler  le  corps  médical  pour  les   sacrifices consentis, les risques encourus et le dévouement manifesté.

Enfin, que certains pays amis trouvent ici    l'expression de notre gratitude et de nos  remerciements pour leur  accompagnement  dans l'effort  déployé à l'effet de préserver l'état de santé de nos  populations.

Par ailleurs, pour permettre aux entreprises durement affectées d'amorcer la reprise  effective   de   leurs  activités, nous  prolongeons certaines mesures d'équilibre prises naguère.

Il s'agit, notamment :

- de la baisse de l'impôt sur les sociétés, de 30 à 28% ;

- de la baisse de l'impôt global  forfaitaire, de 10 à 5%.

De même, il nous souviendra qu'afin d'appuyer plus efficacement les entreprises, un fonds de  soutien d'un montant de  6 milliards de  francs CFA a été  mis  en place  et le règlement de la dette intérieure suit son  cours.

Pour  sa part, alors que  nous faisions face à ce grave défi mondial, l'offre de santé a  connu la   mise   en   service  de   deux hôpitaux généraux, l'un à  Djiri,  à Brazzaville et l'autre à Ngoyo, à Pointe-Noire.

Il sied  également de relever le retour et la disponibilité d'un effectif important de médecins formés dans les universités étrangères et nationales.

•    Monsieur le président du Congrès ;

•    Mes chers compatriotes ;

Après avoir  surmonté la tragique menace de la pandémie de covid-19,  le répit escompté n'aura été  que  de  courte durée. L'humanité se  trouve à nouveau en face d'une grave  crise alimentaire, consécutive au conflit russo-ukrainien.

Comme dans le cas du  coronavirus,  nous avons dû réagir promptement en adoptant un plan  de résilience visant à endiguer l’envolée des  prix  des  denrées alimentaires.

Devant cette situation susceptible de  mettre à rude épreuve le pouvoir d'achat des  populations, nous avons institué une série de  mesures d'accompagnement destinées à contenir les effets  nocifs  en  perspective.

Il   s'agit,  d'une   part, du    subventionnement   du    pain,   en    lien    avec    le surenchérissement brutal du  blé  et,  d'autre part, de l'exonération des  droits et taxes sur plusieurs denrées alimentaires essentielles.

Hormis ces  mesures d'urgence, notre plan  de résilience s'emploie :

- à promouvoir une véritable politique de substitution aux importations ;

- à faciliter le transport des produits de  base des  bassins de  production aux centres de consommation ;

- à stabiliser les prix des  produits alimentaires et agricoles essentiels ;

 

- à appuyer les acteurs locaux dans le secteur agricole ;

- à veiller   à  l'application stricte des   mesures administratives, fiscales et parafiscales.

Au  regard des  divers chocs qui  secouent actuellement l'économie mondiale et génèrent la hausse des  prix de la plupart des  denrées alimentaires, la relance de la production agricole nationale reste la réponse structurelle la plus adéquate.

Dans cet ordre, il nous faut impérativement lever les obstacles qui gangrènent le secteur agricole, à savoir:

-  la faible  mécanisation de l'agriculture ;

-  la dépendance à l'irrigation naturelle ;

- l'image dévalorisante liée  à la pénibilité des  travaux agricoles ;

- la faible  disponibilité de certains ingrédients nécessaires à la production de l'aliment de bétail.

Conformément à  nos   engagements déclinés durant  la   dernière  campagne

électorale, pour  le scrutin présidentiel des  17 et  21 mars 2021, l'agriculture au sens large   est       véritablement recentrée au  cœur de  notre marche vers   le développement.

Je ne   rappellerai jamais assez  qu' « Un   peuple  qu1  ne   produit pas ce  qu'il consomme, n'est pas un Peuple libre' »·

Ainsi, nous réaffirmons la nécessité de renforcer notre résilience devant les chocs survenant sur les marchés agricoles et de réduire nos importations alimentaires.

Plusieurs initiatives entamées en  2021 et  prolongées en  2022 méritent d'être poursuivies. Une  attention particulière devrait être accordée à la  Stratégie de développement des Zones agricoles protégées, des fermes aquacoles et des unités de fabrication de l'aliment de bétail pour soutenir les efforts de nos éleveurs.

Le projet manioc- banane plantain devrait être  pris en compte dans le cadre des Zones agricoles protégées. De même, l'appui aux producteurs du  secteur Café  - Cacao devra s'amplifier à travers le  Projet  de  développement de  l'agriculture commerciale.

Bref, toutes ces  initiatives et  tous ces  résultats restent vulnérables car dépendants des  pluies, de  l'irrigation naturelle. Or, notre agriculture ne  peut plus se contenter des seules eaux de pluies même si notre pluviométrie demeure supérieure à la moyenne africaine.

Le changement climatique affecte  déjà  notre agriculture dans la mesure où, dans certaines parties du Congo,  les  pluies arrivent avec  retard et  se  terminent de plus en  plus tôt.

Ce  phénomène, qui  affecte les  performances agricoles dans la  partie Sud du pays, y  compris en  zone  de  forêt,   confère une grande importance à la problématique de  l'irrigation qui  devra être  sérieusement abordée par  le gouvernement, tant sur le plan  technique que  financier.

La  situation  du   secteur  agricole amène à  se   référer à  la   question  de   la gouvernance foncière, en  lien  avec  les  réformes agraires ainsi que  celle  de    la disponibilité et de l'accessibilité des  superficies arables.

A  ce   propos, je  demande  au  gouvernement d'accélérer le   processus   de reconnaissance  des   terres  coutumières,  en   vue   de   constituer  les   réserves foncières de l'Etat dédiées, entre autres, aux activités créatrices de richesse et à la dotation de notre pays en infrastructures.

Par  ailleurs, l'équipe gouvernementale a été instruite d'accélérer les études et la mise  en  œuvre du   projet de  production des  engrais, en  tirant avantage des ressources importantes de gaz, de  phosphates et de potasse dont dispose notre pays.

En  clair, j'exhorte le gouvernement et  tout notre peuple, à valoriser et  à rendre disponibles tous les ferments indispensables à notre alimentation.

Dans cet  élan, d'importants projets routiers rattachés au  plan   de  résilience devront être  engagés dans tous les départements pour faciliter le transport des produits et l'approvisionnement des centres de consommation.

•  Monsieur  le président du Congrès ;

•  Mes chers compatriotes ;

Au  cours de  cette année qui   s'achève, des   avancées ont   été   réalisées dans différents domaines, à l'image:

- de  l'achèvement des   travaux de  pavage de  voiries de  4  quartiers cibles à Brazzaville et à Pointe-Noire;

- de  l'achèvement  de  cinq centres pilotes de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Ouesso  et Oy, en vue de la migration progressive de la télévision nationale de l'analogique vers  le numérique terrestre ;

  • de  l'achèvement  des   travaux de  construction des   casernes  militaires  qu1 devront accueillir, sous peu, les agents des forces armées congolaises.

Malgré  le  resserrement des  ressources, d'autres projets d'infrastructures ont bénéficié d'une attention  particulière et sont en cours de réalisation.

Il s'agit, notamment :

- de l'aménagement et du  bitumage de la route d'intégration  régionale Dolisie

- Ndende,   spécifiquement les  travaux de  bitumage jusqu'à  Kibangou, assorti du  pont de 355 mètres sur le Niari, deuxième du  pays par sa longueur après celui  du  Kouilou;

- de la réhabilitation, de l'élargissement et du  renforcement de la route nationale n°  2  sur les  sections Djiri- Ingah, Etsouali-Ngo  et  Ngo-Gamboma, ainsi que  le rehaussement du  remblai d'accès au pont sur la Léfini;

- de  la  réhabilitation de  la  route nationale no 5 sur la  section  Siafoumou­ Lemba- Loango;

- de l'aménagement et du  bitumage de la route Boundji- Ewo, avec la reprise des  travaux sur la section restante Boundji- Tsongo;

- de l'aménagement de l'avenue Bitelika- Ndombi dite  route de l'aéroport de Pointe-Noire ;

- de   la   poursuite   du    pavage    des    voiries    dans  les   arrondissements  de Brazzaville;

- des  travaux du  Centre des  affaires de Brazzaville aux deux tours jumelles

à Mpila dont l'achèvement et la mise  en service sont projetés pour mi-2023;

- de  la  construction du  marché moderne de  l'arrondissement 1 Lumumba à Pointe- Noire;

- de  la  construction de  la  ligne  110   kilovolts Boundji- Ewo  et  du   poste 110130120 kilovolts, y compris l'acquisition des  équipements électriques du circuit primaire du  poste d'Ewo;

- de la construction de la ligne haute tension 225  kilovolts pour l'alimentation électrique de la zone  industrielle de Maloukou;

- de  la  poursuite des  travaux de  la  centrale thermique   d'Impfondo, d'une capacité de   deux   fois 1700  kilowatts  et   du  réseau de distribution moyenne tension, avec installation de cinq postes de distribution  ;

- de  l'extension en  zone   périphérique et  du  renforcement du   service d'eau potable de Brazzaville, avec  la rénovation des  infrastructures d'eau et d'assainissement du  Centre hospitalier universitaire de Brazzaville.

Dans le même temps, seront lancés les travaux de construction du  pont sur la Sangha, maillon important du corridor 13  nous conduisant à la frontière de la République centrafricaine, sans  oublier de  traiter le  tronçon Enyellé - Dongou- Impfondo.

A  l'évidence, l'énumération  ci-haut  met   suffisamment  en   exergue  le   rôle catalyseur des   infrastructures comme seul itinéraire menant à un  réel développement.

Mais,  leur coût dépasse largement les  capacités de  nos  ressources propres, ce qui  nous oblige  aujourd'hui de recourir au partenariat public - privé.

Cette option participe de la volonté affirmée d'engager le processus de diversification des  pôles   de   notre  développement, afin   d'éviter  à  l'économie nationale d'être prise  en otage par une seule ressource, en l'occurrence le pétrole.

Ainsi,  sur la base des  projets bien étudiés, bien  mûris, bien  sélectionnés, prévus dans le cadre du  Plan  national de  développement 2022  - 2026,  J'exhorte   le gouvernement à    mobiliser  des     partenariats     public-privé fiables et   des financements adéquats, en  vue  de  la  poursuite de  notre marche vers  le développement.

D'ailleurs, pour améliorer le  climat des  affaires et  permettre aux partenaires privés de  sécuriser et  rentabiliser leurs investissements dans notre pays, un projet de texte  sur le partenariat public - privé est en circulation.

Modèle expérimental de ce partenariat  public-privé, le développement des  zones

économiques spéciales procède de  la  nécessité de  doter le Congo,  de  manière cohérente, de projets structurants qui constituent l'ossature du  Plan  national de

développement 2022-2026.

Le démarrage imminent des  travaux de développement des  zones économiques spéciales de Pointe-Noire, d'Oyo-Ollombo et Ouesso projette, avec raison, des   performances encourageantes dans  l'agroforesterie, l'agriculture avec   la culture du café,  du  cacao et  du palmier à  huile, les  industries pétrolières et chimiques, la transformation du  bois et des minerais.

A propos des  industries minières, notre pays place  beaucoup d'espoir dans le projet Mbalam-Nabeba, dédié à l'exploitation d'un important gisement de fer,

à cheval entre le Congo et le Cameroun. Il comprendra une ligne  de chemin

de fer de 540  kilomètres dont 70 kilomètres se situent dans la partie congolaise.

J'enjoins le gouvemement d'assurer le suivi  rigoureux de ce  projet structurant et intégrateur et de consolider la mobilisation et l'accompagnement de  nos partenaires techniques et financiers.

La mobilisation de l'investissement privé  participe d'un ensemble de  préalables liés  à l'attractivité du  climat des  affaires ainsi qu'à la  crédibilité et  l'image de marque de notre pays.

Dans cette optique, Nous appelons, une fois de plus, au ressaisissement de nos cadres, pour s'abstenir de toute attitude rétrograde, de nature à décourager nos investisseurs, en  subordonnant l'accomplissement d'un acte ou  d'un  service administratif au paiement d'une commission.

J'exhorte également notre justice à un  réel  réajustement des  comportements, des           attitudes et des  pratiques des personnels en charge de dire  le droit au nom du  Peuple congolais.

L'intensification de  la  lutte contre la  corruption, la  fraude et  la  concussion, à travers la consolidation de  la bonne gouvernance au sein  de  l'appareil étatique en  général et  judiciaire en  particulier, reste l'un des  leviers majeurs de  notre action pour rassurer nos  partenaires.

La tenue de la prochaine session du Conseil supérieur de la magistrature offrira l'occasion de  mettre un coup d'arrêt à ces  pratiques qui  risquent de  ruiner des pans entiers de l'économie nationale.

Il reviendra au gouvernement de  poursuivre cette œuvre de  redressement des mentalités par  des  conseils de discipline et des  sanctions exemplaires à l'endroit des fonctionnaires indélicats.

• Monsieur le président du Congrès ;

Mes chers compatriotes ;

A l'occasion de ma  prestation de serment, le 16 avril  2021, J'avais mis un  point d'honneur  sur  " la    gouvernance   sociale  et    solidaire "'     avec    toutes  ses composantes dont  l'essentiel repose sur  l'eau  et   l'électricité pour  tous,  la couverture maladie universelle, la santé et l'éducation.

Ce sont là quelques-uns des  engagements que  J'ai pris  pour le bonheur de  nos populations dont l'impatience justifiée demeure palpable.

La  création  de   l'université  de   Pointe-Noire   et   l'ouverture  prochaine de l'université catholique de  Pointe-Noire permettront de  conforter le  maillage du  territoire national en  infrastructures d'enseignement supérieur et  de rééquilibrer la cartographie universitaire de notre pays.

Il en  est  ainsi de  l'inauguration de  l'Ecole  nationale de  la  formation initiale et continue des  enseignants de Mouyondzi, dans le département de la Bouenza, et de tous les autres établissements scolaires ouverts cette année à travers le pays.

De même, l'ouverture solennelle, au mois  d'octobre dernier, des résidences du campus de l'université de  Kintélé concourt à l'offre constante des  conditions d'études adéquates, susceptibles de  doper les  performances académiques des jeunes bénéficiaires des  enseignements de  qualité dispensés dans cet  alma­ mater à vocation panafricaine, tourné vers  les technologies innovantes.

La modernisation des autres cités de l'Université Marien-Ngouabi est  envisagée dès  l'année prochaine, notamment à l'Ecole  nationale supérieure, à Bayardelle,

à Tcheulima et à 1'Enam.

Par  ailleurs, dans notre détermination de  doter le pays des  leviers nécessaires de  son   bien-être, il  sied  également d'accélérer la  mise  en  place  de  la  Caisse d'assurance  maladie universelle, pour répondre efficacement aux attentes légitimes des  populations en  matière d'offre  et  de qualité de soins ainsi que  de prise en charge des  services assurés.

Aussi, le lancement attendu du régime d'assurance  maladie universelle devra-t­ il constituer l'épine dorsale de  l'agenda 2023 de  la  sécurité sociale dans notre pays, tout en accentuant l'attention due aux autres prestations en vigueur.

Sur ce  plan, le relèvement de  l'âge  limite de  départ à la  retraite au profit  des agents civils de l'Etat intègre les nouvelles normes de gestion du service public.

Dans ce  domaine, la  campagne de  recrutement, au titre des  années 2020 et 2021, a permis d'intégrer, dans les  rangs de la fonction publique, 8 415 jeunes en  quête d'emploi. Ces  derniers seront rejoints, au titre de  l'année 2022, par 3 940 autres jeunes. Cet effort de l'Etat sera maintenu, voire renforcé, durant la

période 2022 - 2026.

De façon  générale et  malgré les turbulences de l'économie mondiale, les efforts déployés par  le gouvernement pour garantir le paiement régulier des  salaires et des  pensions de retraite devraient être  maintenus, voire redoublés, en intégrant, désormais, les bourses des  étudiants actifs pendant que  se poursuit la réflexion en cours sur les arriérés de bourses des  étudiants et de pensions de retraite.

J'exhorte solennellement en outre le gouvernement :

-  à œuvrer pour des  réponses judicieuses à la demande sociale et aux besoins vitaux de nos  populations ;

-  à poursuivre les efforts de modernisation des  systèmes éducatif et sanitaire ;

-à intensifier, au-travers des filets  sociaux, le soutien nécessaire aux compatriotes les plus démunis ;

-  à   engager  des  solutions appropriées pour éradiquer      la         délinquance juvénile,   l'insécurité  péri-urbaine  et  les  violences liées au genre qui  prennent des  proportions inquiétantes.

A ce sujet, des  sites de  rééducation, de réinsertion et de formation aux métiers et au civisme ont été identifiés par le gouvernement à Bokania et à Aubeville.

J'enjoins au gouvernement à les  rendre très vite opérationnels et  à relancer le programme DDR pour une prise  en main effective  de notre jeunesse en quête de repères et en  proie  à la radicalisation et à l'extrémisme violent.

De même, J'ose espérer que  la  loi no 19  - 2022 du  4  mai  2022 contribuera à

donner un  nouvel élan  à la lutte contre les violences faites aux femmes au Congo.

Parce  qu'il  s'agit d'une avancée importante, nous devons, dans les  meilleurs délais, rendre disponibles les  textes d'application de  cette loi et  veiller  à leur stricte mise  en œuvre au profit  de la femme.

Pour  tenir compte des enjeux socio-économiques, de leur autonomisation, il sied d'accélérer l'inclusion financière des  femmes, par  une plus grande accessibilité aux facilités bancaires et un accompagnement adéquat, en  termes de formation et  de  management de  leurs activités génératrices de  revenus dans le  secteur informel.

C'est   ici  le  lieu  de  saluer à nouveau la  mémoire de  la  vénérable Joséphine Mountou Bayonne, qui  a tiré  sa révérence, après avoir  longtemps œuvré au profit  de la promotion et de l'intégration de la femme au Congo.

C'est  aussi le  lieu,  sur un chapitre plus  ou  moins heureux, de  saluer la détermination de  notre vaillante équipe nationale de  handball  féminin qui  a donné un peu  de sourire et d'espoir aux fanatiques de sport, en  se  hissant à la

3ème place  du  championnat africain, se qualifiant ainsi à la coupe du  monde de

handball de 2023.

• Monsieur le président du congrès ;

Mes chers compatriotes ;

Au regard de ce qui  précède, nous  faisons œuvre utile  pour  une transition intergénérationnelle qui  ne falsifie  ni les faits, ni les circonstances.

Au  regard de  la  résilience exemplaire de  notre  Peuple et  face   aux défis   de  la gouvernance, la  responsabilité des  cadres est  lourde en  ce  qui  concerne la  lutte contre les  antivaleurs, tels  l'incivisme, la  fraude, la  corruption, la  concussion,  le trafic  d'influence.

Le dévouement de notre élite  ne  doit  être  ni saisonnier, ni circonstanciel. J'appelle les parlementaires à assurer avec rigueur le contrôle de l'action menée par l'exécutif, les instruments y afférents étant à leur  portée.

En  cela,  la présence de  plus en  plus nombreuse des  jeunes et des  femmes au sein de l'Assemblée nationale et des Conseils locaux, à l'issue des élections législatives et locales de  juillet 2022, constitue le  gage  de  vitalité de  nos  institutions dédiées à l'exercice de la démocratie participative.

C'est, sans conteste, le terreau d'une transition intergénérationnelle prometteuse, d'une évolution positive vers  l'objectif « Parité»  et,  aussi, d'échanges constructifs lors des  sessions parlementaires, en lien avec  nos  objectifs de développement.

J'adresse mes   chaleureuses  félicitations aux  heureux élus,  en   particulier aux membres des  Bureaux de l'Assemblée nationale et des  Conseils départementaux et municipaux.

L'occasion est  indiquée pour renouveler également mon  appel aux Conseils locaux afin  que  soit  donné un  contenu concret à la décentralisation par,  entre autres, leur engagement sans faille  pour une gestion orthodoxe des  services décentralisés, en vue d'un essor cohérent de nos différentes collectivités.

Le gouvernement devra faire  preuve de diligence en vue de la mise  en œuvre effective de  la  décentralisation, en  garantissant sans délais la  rétrocession des  centimes additionnels et  autres  recettes dévolues aux collectivités locales et  en  mettant à disposition les ressources prévues, concomitamment au transfert des  compétences.

L'attention du   gouvernement est   également appelée sur  le  fonctionnement des Conseils consultatifs nationaux dont les  mandats, pour   certains, sont arrivés à terme.

Il  s'agira de  les  restructurer dans la  responsabilité et  l'exigence stricte  de  leur efficacité.

Le processus en cours de renouvellement des  organes d'expression de la démocratie se poursuivra avec  les élections sénatoriales l'année prochaine.

Je souhaite, d'ores et  déjà, bonne chance aux vénérables sénateurs qui  mettront leur  mandat en jeu et espère les voir poursuivre leur  mission.

•  Monsieur le président du Congrès ;

•   Mes chers compatriotes ;

Si  l'environnement national  reste  marqué  par   la  sérénité et  l'optimisme,  le contexte international,  par  contre, est  dominé par  plusieurs conflits, la  crise entre la Russie et l'Ukraine suscitant une grande mobilisation de la communauté internationale.

A ce sujet, la voix de la République du Congo, qui est  portée par l'Union africaine, soutient l'attitude de neutralité et l'impérieuse nécessité d'un dialogue continu.

Dans le concert des  Nations et à travers le monde, la diplomatie congolaise s'est attelée, cette année, à consolider les  relations d'amitié avec  les  Etats et  les organisations intemationales.

Il s'agit notamment :

-   de la tenue en  janvier 2022, à Brazzaville, de la 20e session ordinaire de la  Conférence des   chefs d'Etat  et  de  gouvernement de  la  Communauté

économique des  Etats de  l'Afrique  centrale, au terme de  la  première année

de l'entrée en vigueur du  traité révisé  de cette communauté régionale.

Ayant  assuré ce mandat inaugural, le Congo a ouvert la voie de la nouvelle dynamique impulsée par   les  dirigeants de  notre région, concernant l'intégration en Afrique centrale ;  du renouvellement  de   la   confiance  à   l'endroit  du    Congo    avec    notre reconduction à  la  tête  du  Comité de haut niveau pour la Libye, par  les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, réunis les 5 et 6 février  2022, à Addis-Abeba, en  Ethiopie.

Notre pays  continue d'œuvrer à l'application de la feuille  de route édictée par l'Union africaine, avec l'organisation à Tripoli de la réunion préparatoire à la Conférence de réconciliation inter-libyenne ;

-   de  la  participation du  Congo  au   6ème  Sommet Union  européenne-Union africaine, les 17 et 18 février  2022 à Bruxelles, en Belgique.

Ce Sommet a constitué un  cadre de   réflexion commune sur les  moyens à mettre  en   œuvre,  en   vue   de   redynamiser  le   partenariat  entre  l'Union européenne et  l'Union africaine, sur fond  des  effets  néfastes de la pandémie de covid-19.

-   de  la  participation, en  mai  2022 à Malabo en  Guninée équatoriale, au Sommet extraordinaire de  l'Union africaine sur le  terrorisme et  les changements anticonstitutionnels de régime.

A cette occasion, nous avons réaffirmé la position de la République du Congo relative à une Afrique débarrassée, à tout jamais, des fléaux de toute sorte qui n'ont que  trop  retardé son  plein  essor.

-   de  l'accompagnement de  la  transition politique au Tchad  et  la  mise   en

œuvre des conclusions du  Dialogue de réconciliation souveraine. Le Congo

est  demeuré aux côtés de  ce  pays frère, dans des  moments extrêmement

difficiles.  Cet   engagement  doit   être   tenu  dans  toute la  mesure de   nos

moyens;

-   de la mobilisation et de la vigilance face à la situation politique et sécuritaire

à l'Est de la République démocratique du Congo.  Notre  diplomatie est  demeurée mobilisée en  vue  de la mise  en  œuvre effective  de la feuille  de route de Luanda relative à la cessation des  hostilités par  le groupe M23 et son  retrait des  positions actuellement occupées.

Le Congo tient à cette exigence prescrite par     le   mini-sommet  de   Nairobi et réaffirmée par  le récent Sommet de Luanda du  23 novembre 2022.

La  participation de  notre pays à la  27e Conférence des  Nations Unies sur les changements climatiques, du  6 au 18 novembre dernier en  Egypte, a constitué une opportunité de  choix  qui  nous a permis de  lancer un Appel  solennel en faveur de l'instauration, par  la communauté internationale, de la Décennie Mondiale de l'Afforestation.

Il sied  à présent de donner un  contenu concret à cette démarche au service de la  protection de  l'environnement et  de  la  préservation de  l'humanité face  aux effets  néfastes des  dérèglements climatiques.

Il  s'agit  de  mobiliser  l'Afrique   derrière cette  noble   initiative, à  travers son appropriation et  son   endossement par   l'Union africaine  pour  que   cet  Appel prenne corps.

•    Monsieur  le président du Congrès;

•    Mes chers compatriotes;

Alors que  se desserre l'étau de la crise économique et financière survenue dans notre pays, à partir de  2014 et  synthétisée encore récemment par  un  taux de croissance de  - 6,2%   en  2020 et  -1,5% en  2021, le  Congo   retrouve, après plusieurs années de dur labeur et de sacrifices, la voie du  retour aux équilibres macro-économiques.

Après  deux années consécutives de  récession, due essentiellement à la  crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19 et aux effets  néfastes de la forte  baisse des  cours des  matières premières, notamment du  pétrole, l'économie nationale se redresse progressivement, ce qui se traduit par un taux de croissance de 2,6% en 2022.

Les activités et les réformes à impact durable sur la vie économique, financière et sociale à venir  de  notre pays  augurent de  perspectives encourageantes avec, notamment:

-    la révision de la Charte des  investissements;

-    l'accélération du  processus de simplification de la fiscalité ;

-   la poursuite du  paiement de la dette sociale.

La consolidation des  finances publiques se  poursuit et  la croissance devrait se raffermir davantage.

Notre détermination a porté ses  fruits. L'espoir est  toujours permis. Le premier mérite de ce résultat exaltant, acquis au  prix d'un effort  persévérant, revient au Peuple, le souverain primaire dont vous êtes les représentants.

Je ne le dirai jamais assez : la paix constituera toujours la clé de voute de notre

édifice  commun le  plus précieux, le  Congo,  sur une superficie de  342 000 kilomètres carrés,  peuplé de  5 000 000 d'habitants.  Plus   de  la  moitié   de  la population est  jeune, un atout de choix  en  terme de ressources humaines.

Le progrès doit  être  cumulatif et  ne  pas  porter les  germes de  la construction­

destruction-reconstruction, d'où  l'impérieuse nécessité de préserver la paix.

C'est à ce prix que  notre marche vers  le développement aboutira à des  résultats pertinents.

• Vive la République !

• Vive le Congo !

Je vous remercie.

 



Les Dépêches de Brazzaville