Les Dépêches de Brazzaville



Migration clandestine/Covid-19 : plus de 500 morts à partir des côtes ouest-africaines


En un peu moins de 11 mois, l'OIM a enregistré plus de 500 décès - une estimation minimale - , dont la plupart au cours des deux derniers mois (octobre et novembre), dans un contexte de départs accrus des côtes des pays d'Afrique de l'ouest, notamment le Sénégal. Une situation extrêmement préoccupante, affirme l'OIM. Les pertes en vies humaines de cette année étant plus du double par rapport à 2019. Le dernier naufrage a été enregistré, il y a quelques jours au large du Cap-Vert, où une soixantaine de personnes auraient péri dans une embarcation.

Pour l'OIM, "poursuivre les groupes de passeurs et les trafiquants qui s'attaquent à des personnes désespérées et les soumettent à des traversées dangereuses dans des bateaux en mauvais état de marche, doit être une priorité, ainsi que la sensibilisation des communautés aux risques de la migration irrégulière". Depuis le début de l'année 2020, plus de 18 000 migrants ont regagné les îles Canaries. Au moins 12 000 d'entre eux sont arrivés au cours de ces deux derniers mois. La plupart de ces migrants sont originaires d'Afrique de l'ouest.

"Beaucoup fuient les persécutions et la violence dans la région du Sahel ou en Côte-d’Ivoire, tandis que d’autres partent en raison de l’extrême pauvreté", ont expliqué l’OIM et le HCR dans un communiqué.

Parmi les autres facteurs à l'origine de cet exode, sont cités les conséquences de la pandémie de Covid-19, l’insécurité alimentaire et le changement climatique. Ces chiffres montrent la multiplication par sept, relativement aux 1 550 arrivées au cours de la même période en 2019 (janvier-novembre).

L'OIM estime que la situation reste gérable grâce à la solidarité et à une politique et une approche centrées sur les droits de l'homme. L'OIM et le HCR estiment qu'il est essentiel de fournir des réponses adéquates aux besoins actuels, en comptant sur une volonté politique et une réponse coordonnée entre les entités et les administrations concernées. Et si la migration est un fait social évident, le développement des moyens de transport et de communication au siècle dernier a facilité ce déplacement de personnes à grande échelle et continue à jouer un grand rôle dans le rapprochement géographique.

Mais, l’écrasante majorité des personnes qui migrent le font à l’intérieur de leur propre pays. Le Programme des Nations unies pour le développement estime qu’il y aurait 740 millions de migrants internes dans le monde. Les déplacés internationaux ont représenté, eux, 272 millions de personnes en 2019, soit 3% de la population mondiale. Le nombre total de migrants internationaux s’est accru, ces dix dernières années. En revanche, le pourcentage du nombre de migrants par rapport à la population mondiale est resté stable ces cinquante dernières années.

À l’instar de tous les autres continents, l’Afrique est un espace d’importantes circulations, même si l’absence de données nationales récentes pour plusieurs pays ne permet pas toujours de dresser un portrait statistique précis du phénomène. Les informations existantes permettent néanmoins de dégager des tendances et de relativiser certaines craintes dans l’opinion publique internationale quant à l’ampleur et à la direction des flux migratoires originaires d’Afrique.


Noël Ndong