Les Dépêches de Brazzaville



Migration vers la télévision numérique terrestre : Olpa et les opérateurs du secteur dressent le bilan


L’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) a organisé, le 21 octobre, à la salle du studio Léo du centre culturel Boboto, dans la commune de Gombe, à Kinshasa, une journée de réflexion sur la TNT. Au  nombre des participants à cette activité, on a noté la présence des responsables et journalistes des médias de la capitale congolaise ayant émigré en numérique ainsi que d’autres opérateurs du secteur.

Dans son mot de bienvenue, le chercheur à l’Olpa, Djeunie Malandi, a fait savoir que cette activité répond aux multiples préoccupations du grand public depuis la migration de la télévision analogique vers la télévision numérique. Il a rappelé que cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du projet de « Renforcement des capacités des médias indépendants en RDC », qui bénéficie de l’appui de la Fondation nationale pour la démocratie (NED).

De son côté, le coordonnateur national de la Commission nationale de migration vers la télévision numérique terrestre (CNM-TNT), Jean-Jacques Otshudiema, a fait l’état des lieux de la migration de la télévision analogique au numérique dans le pays. Dans cet exercice, il a énuméré les défis et les perspectives. Le coordonnateur national de la CNM-TNT a fait savoir que par rapport à la télévision analogique terrestre à laquelle elle se substitue, la TNT permet de réduire l’occupation du spectre électromagnétique grâce à l’utilisation de modulations plus efficaces. « C’est un processus au terme duquel les signaux de la télévision analogique terrestre seront complètement éteints et remplacés par les signaux de TNT », a-t-il dit. C’est un processus, a-t-il ajouté, qui dépasse la dimension d’une mise à niveau technologique pour se transformer en choix stratégique délicat. Jean-Jacques Otshudiema a, par ailleurs, relevé, à côté de nombreux avantages de la TNT, quelques inconvénients qu’il faudrait prendre en compte. Il s’agit, selon lui, entre autres, de l’absence de manuel d’utilisation et la difficulté en ce qui concerne le réglage de l’antenne.

Défis et perspectives

Parmi les défis liés à la migration vers la TNT, le coordonnateur national de CNM TNT a épinglé l’adaptation du cadre légal et réglementaire audiovisuel-télécoms, l’autorisation des nouveaux opérateurs de l’industrie numérique ainsi que la campagne de sensibilisation vers les acteurs du processus et la population. Il a également cité la ré-planification du spectre hertzien et la détermination du dividende numérique, l’harmonisation du plan des fréquences avec les pays limitrophes, la sélection du matériel de pointe et l’intégration des technologies diverses ainsi que la mise à jour de l’infrastructure de diffusion du réseau TV national, etc.

Dans le cadre des perspectives, il a fait savoir que la CNM/TNT relancera, par un appel d’offres, la candidature pour l’installation et l’implantation d’un réseau interconnecté national de la TNT. Le coordonnateur national de la CNM/TNT a, en outre, indiqué la poursuite de la procédure législative de la réglementation de la TNT, la poursuite de la campagne de communication et de sensibilisation de la TNT au niveau national, ainsi que l’élaboration d’une nouvelle feuille de route, d’un chronogramme actualisé afin d’intégrer la numérisation des villes et localités dans les deux bandes fréquences (UHF et VHF), en tenant compte soit de la fibre optique ou du satellite pour la transmission des signaux numériques.

Dans son intervention, le coordonnateur du Centre du monitoring des médias congolais au Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Alex Kangu Mvengo, s’est interrogé sur la régulation des médias TNT par le CSAC. A l’en croire, pour la réalisation de ses missions, le CSAC dispose de deux moyens de saisine à savoir les plaintes extérieures émanant des personnes lésées et l’auto-saisine des programmes diffusés en analogique ou numérique. Cette observation, a-t-il fait savoir, est sous-tendue par les textes qui organisent la profession journalistique en RDC.

Pour le coordonnateur du Centre du monitoring des médias congolais, en effet, il existe, au niveau dudit centre, des grilles des programmes d’observation relevant des manquements liés aux différents textes. Et de prévenir que le CSAC dispose désormais des outils de monitoring de grande capacité susceptibles de surveiller et d’enregistrer tout au plus trente médias dans vingt-quatre heures.

Intervenant en troisième position sur le « Cadre légal sur les médias TNT et leur contribution au processus de démocratisation en RDC », l'avocat-conseil de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Me Jonas Ngalamulume, a assuré qu’il n’y avait pas de vide juridique dans le secteur de TNT. Il a, dans ce cadre, relevé l’existence des arrêtés ministériels n° CAB/M-CM/LMO/006/2015 du 25 avril 2015 portant procédure d’obtention d’autorisation d’exploitation de la TNT et interministériel n°002/TNT/CAB/MCM/LMO/2015 et n° CAB/VPM/PTNTIC/TLL/0002/2015 du 25 avril 2015 portant définition des acteurs du nouveau paysage audiovisuel congolais, récupération par l’Etat congolais des fréquences analogiques octroyées aux chaînes de télévision et interdiction d’importation en RDC des récepteurs analogiques. Jonas Ngalamulume, qui a également fait savoir que le pays était lié par le traité de Genève, a rappelé que la législation congolaise à venir devrait se conformer à ce traité.

L’administrateur directeur général du Réseau national de télécommunication par satellite (Renatelsat), Richard Achinda Wahilungula, tout en donnant le point de vue du diffuseur officiel, s’est, quant à lui, demandé si la « TNT était une affaire kinoise ». Il a démontré, dans son exposé, que la TNT n’était pas seulement une affaire de la ville-province de Kinshasa mais plutôt de toute la République. Richard Achinda a, par ailleurs, reconnu que c’est à Kinshasa que l’on trouve de nombreux acteurs du secteur. La capitale, a-t-il affirmé, est la tête du réseau national et, par conséquent, plus équipée. Mais, selon lui, le Renatelsat n’attend que les instructions du ministre de la Communication et Médias et du coordonnateur de la CNM-TNT pour commencer la connexion des chaînes locales en provinces.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: les participants aux travaux