Migrations : près de 1500 noyés en Méditerranée depuis le début de l’année.Les flux de migrants ont déjà repris sur les côtes italiennes. L’arrivée de la saison chaude favorise la mise à l’eau des embarcations les plus diverses partant, lourdement chargées de candidats à l’immigration, depuis le littoral libyen. Pour l’Italie, une des parades éventuelles contre ces vagues de migrants clandestins n’est pas dans la multiplication des clôtures en Europe, mais dans le développement des zones d’origine des migrants. « Nous devons affronter la question de la Méditerranée qui touche l’Europe, espérant que l’Union européenne accueille finalement la stratégie du pacte italien avec l’Afrique sous la forme d’un ‘Migration compact’ ». Le premier ministre italien, Matteo Renzi, l’a redit mercredi à Rome au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. L’idée, en réalité commence à faire son chemin : non seulement rendre plus attrayant les pays de partance de ces migrants, grâce à la création d’emplois et au développement, mais aussi réfléchir à des canaux légaux de migration. C’est cela qui est contenu dans le "Migration compact", un paquet de mesures suggérées par M. Matteo Renzi résolument opposé aux solutions de facilité, et souvent de haine, proposées par les partis et les leaders populistes. Réunis à Rome le mercredi 18 mai dernier pour la première conférence Italie-Afrique, près d’une cinquantaine de ministres africains des Affaires étrangères ont donné quitus de la volonté italienne de rechercher des voies d’humanité à l’épineuse question des migrations. « L'apport des migrants au développement de nos pays est extraordinaire. La migration irrégulière, il faut la combattre mais il faut créer les conditions pour une migration régulière légale », a plaidé à ce sommet le ministre sénégalais des Affaires étrangères, précisé le chef de la diplomatie sénégalaise, Mankeur Ndiaye. L’Italie en convient, en substance : il faut aider l’Afrique pour aider l’Europe. « Nous avons l'intention avec le Migration Compact de proposer un grand pacte euro-africain en échange de grands investissements, mais alors là vraiment de grands investissements, car les 1,8 milliard d'euros (promis par l’Union européenne), c'est trop peu », avait affirmé à la presse lors de ce sommet M. Mario Giro, vice-ministre italien chargé des questions africaines. Il ne s’agit pas seulement d’une question sécuritaire pour « l’Europe-forteresse » dénoncée par la diplomatie africaine à Rome. Avec la reprise des débarquements sur les côtes italiennes, a repris aussi, hélas, le décompte macabre du nombre des noyés. La marine italienne a annoncé ce mercredi qu’au moins sept migrants sont morts dans le naufrage de leur bateau au large des côtes libyennes. La marine en a sauvé 500. Une goutte d’eau dans la mer ? Peut-être, mais un effort en cohérence avec la vision italienne. Selon l’Organisation internationale des migrations, OIM, depuis le début de l'année, 1.370 migrants et réfugiés ont perdu la vie en tentant de rejoindre l'Europe par la Méditerranée. Mais, assure-t-on, il s’agit d’un chiffre en baisse de 24% par rapport à la même période de l'an dernier. L’année n’en est toutefois même pas à la moitié ; d’ici décembre, on ne sait pas combien de drames s’enregistreront en Méditerranée. Depuis le début de cette semaine, plus de 5.600 personnes ont été secourues au large de la Libye, ont annoncé mardi les garde-côtes italiens. Selon les derniers chiffres du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), arrêtés au 22 mai, combinés à ceux des secours italiens, quelque 40.000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes depuis le début de l'année. Lucien Mpama |