Les Dépêches de Brazzaville



Mois de la femme : les femmes réfléchissent sur les obstacles à leur participation politique


Les femmes occupent certes aujourd’hui tous les secteurs de la vie nationale. Cependant, le seuil de leur représentativité reste faible. Dans le souci de changer la tendance, les femmes saisissent le mois de la femme comme opportunité pour parler de leur situation et, partant,  plaider pour le respect de la Constitution en ce qui concerne la parité.

Au cours de cette table ronde, plusieurs femmes ont porté leur voix pour expliquer les obstacles liés à la représentativité de la femme dans les postes de décision. A entendre parler,  Marie Josée Ifoku, unique femme candidate à la présidentielle de 2018, les pesanteurs culturelles dues notamment à l’éducation congolaise justifient cet état de choses. A ce sujet,  elle explique : « La jeune fille est sacrifiée au profit du jeune garçon, car elle doit rester à la cuisine. Nous sommes dans un monde d’hommes. Et pour eux, la politique veut dire pouvoir. Pour les femmes, c’est un peu différent. Nous venons en politique pour apporter des solutions aux problèmes du peuple. Une fois arrivées au pouvoir, nous devons nous soutenir pour atteindre certains objectifs ». Mme Ifoku reste, toutefois, positive en soutenant que cette situation peut changer  si et seulement si « les femmes demeurent solidaires envers elles afin de relever le défi ».

Pour se départir de tous les obstacles qui bloquent l’éclosion de la femme dans l’occupation des postes de prise de décision, Me Lisette Mavungu  du Cadre permanent de concertation de la femme congolaise plaide pour un travail de fourmi. «  Nous vivons dans une société patriarcale. Il faut un grand travail pour s’en défaire et amener à faire comprendre que la femme fait partie de la société au même titre que son partenaire masculin ».  Même lorsque nous sommes englouties par ce système patriarcal, qui ne nous facilite pas la tâche, martèle-t-elle, il faut d’abord commencer par faire disparaître cette pesanteur culturelle et passer à d’autres obstacles, notamment le manque de volonté personnelle à s’engager en politique.

Pour sa part, la députée nationale Christelle Vuanga pense que la solidarité doit être de mise pour que la femme puisse sortir du carcan qui l’enveloppe. « La solidarité est l’élément qui doit caractériser les femmes ». La RDC a signé un arsenal d’instruments juridiques qui grarantissent les droits des femmes mais leur mise en application pose problème. Me Juvénal Munobo qui a reconnu cette faiblesse dans la mise en œuvre de ces instruments  propose la vulgarisation comme stratégie à mettre en œuvre. « Il existe plusieurs instruments juridiques qui ont été signés en RDC et qui n’attendent que leur ratification. Parmi les instruments déjà en vigueur, on peut citer la convention sur la participation politique des femmes. Ce qui reste à faire, c’est la vulgarisation de tous ces instruments qui sont déjà publiés dans le journal officiel », recommande-t-il tout en ajoutant qu’en dépit de l’existence de ces instruments juridiques,  les violences sexuelles, notamment le harcèlement, la brutalité, les injures et paroles blessantes à l’endroit des femmes sont très fréquent dans les milieux politiques.


Blandine Lusimana