Les Dépêches de Brazzaville



Monnaie : dépréciation continue du franc congolais face au dollar


Le franc congolais poursuit allègrement sa dégringolade face au dollar américain. Aujourd’hui, la monnaie nationale a atteint des cimes inespérées au grand dam de la population qui assiste impuissante à sa dépréciation continue. S’échangeant actuellement à 1900 unités pour un dollar, le franc congolais présente, pour l’heure, aucune assurance. Les perspectives sont peu enchanteresses. Toutes les tentatives prises par le gouvernement pour essayer de la stabiliser se sont avérées vaines.

Tout récemment, la Banque centrale du Congo est montée au créneau pour essayer de lui insuffler une dynamique nouvelle via une série des mesures dont l’ajustement budgétaire consistant à aligner les dépenses du gouvernement au niveau des recettes disponibles. L’autorité monétaire avait également décidé d’assurer la vente directe des dollars aux banques commerciales pour diminuer la pression sur le marché de change parallèle, et d’émettre des bons du Trésor à valeur élevée pour lever des ressources financières supplémentaires sur le marché intérieur.

Des décisions techniquement plausibles mais qui n’ont pas produit d’effets sur le terrain. Le franc congolais est demeuré dans sa situation morose qui s’est paradoxalement amplifiée avec, à la clé, la hausse vertigineuse des prix des biens et services sur le marché. Jusqu’où ira le franc congolais dans sa chute ? s’interroge la population qui redoute une hyperinflation aux conséquences désastreuses. Pour de nombreux experts monétaristes, l’intervention de la Banque centrale avec ses avances monétaires accordées au gouvernement pour couvrir le déficit public n’a fait qu’empirer la situation. « Répondant à la loi de l’offre de la demande comme tout produit et service, le franc congolais perd de sa valeur quand il est injecté sur le marché de change sans un soubassement économique réel », explique un monétariste. De quoi interpeller le gouvernement congolais à ne plus enregistrer des déficits budgétaires afin de préserver les équilibres du cadre macroéconomique. Il lui faudrait également proscrire le recours intempestif de la planche à billets pour financer ses déficits budgétaires.

A ce facteur, il faudrait ajouter la rétention des devises par les opérateurs économiques au motif de précaution visant à gérer le confinement décrété par les pouvoirs publics face à la Covid-19, mais aussi les difficultés d’importation des devises par les banques commerciales. Des faits conjoncturels qui ont accentué la rareté des devises sur le marché. Et lorsqu’on y ajoute la baisse des cours des matières premières qui s’est accompagnée d’une diminution de l’offre de devises, on comprend aisément où se situe la dépréciation du franc congolais, du reste corrélée avec la faiblesse de la mobilisation des recettes publiques tant à l’interne qu’à l’extérieur.

Tous ces éléments réunis ne plaident pas en faveur du pouvoir de Félix Tshisekedi qui a du pain sur la planche pour rétablir les équilibres rompus. La crainte dans tout ceci est que cette dépréciation du franc congolais puisse affecter les secteurs vitaux du social, en l’occurrence les prix du carburant, du transport ainsi que des biens de première nécessité alors que le pouvoir d’achat de la population va s’éroder davantage.     


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des liasses du franc congolais