Les Dépêches de Brazzaville



Musique : commémoration des 40 ans de la disparition de Dr Nico


Photo  : Hommage à la légende, Dr Nico / DRVirtuose précoce de la guitare, mort pratiquement dans la fleur de l’âge, à 46 ans, feu Nico Kassanda, alias Dr Nico, est de la trempe des musiciens exceptionnels ayant marqué l’histoire de la musique congolaise. Son empreinte reste indélébile, certes comme l’un des pionniers du soukous, mais son influence est aussi reconnue sur la rumba, patrimoine mondial célébré tous les jours sur les deux rives du fleuve Congo. Ce n’est donc que justice de ramener à la mémoire de la génération actuelle le génie de cet artiste à travers un concert spécial offert par un jeune ensemble rumba sous la direction du bassiste Gabriel Wadigesila.

L’interprétation du répertoire intemporel du Dr Nico au restaurant Inzia se fera dans une ambiance portant sur de nombreux rappels culturels, a dit au Courrier de Kinshasa Monique Fodderie. La maîtresse des lieux a soutenu qu’il s’agit notamment du décor de la grande paillote du restaurant fait essentiellement de tapisseries kuba qui renvoient au Kasaï, province d’origine de l’illustre guitariste. Le buffet et le cocktail sont également censés offrir des mets avec un ancrage culturel mais avec un éventail plus large que d’habitude. Ainsi, pour l’occasion, « Inzia invite à déguster et à découvrir bien d’autres spécialités culinaires de la RDC en plus des fines saveurs des rives équatoriales du fleuve Congo que nous proposons d’ordinaire », a-t-elle soutenu.

Impliquée dans l’organisation de la commémoration spéciale du quarantième anniversaire de la disparition de son géniteur, Liliane Kasanda et l’ensemble de la famille se désolent que la République ne lui ait toujours pas rendu hommage. Tenant ici à raison Dr Nico pour une figure indissociable du patrimoine culturel de la RDC. Frustration partagée notamment par le guitariste contemporain Pytshens Kambilo. Auteur d’un ouvrage sur les guitares congolaises, il estime que « notre pays devrait, au-delà des initiatives privées, honorer la mémoire de ses maîtres, ceux qui ont porté très haut le drapeau du Congo ». Mais encore, affirme-t-il au Courrier de Kinshasa, « De mon côté, j’écris un livre qui met à l’honneur le travail de Dr Nico et j’en parle à travers des masters class et autres conférences, mais cela ne suffit pas ». Et de poursuivre, « 40 ans après sa mort, la nation n’a toujours rien organisé à la grandeur de sa personne, c’est triste ! ».

Soulignons que Dr Nico est reconnu comme un guitariste influent inscrit dans les annales musicales au-delà même des frontières des deux Congo. Ce n’est pas par hasard que Jimi Hendrix vint le voir personnellement lors de sa tournée à Paris. Rappelons de même que le surnom « Dr Nico » lui fut donné suite à son doigté comme initiateur du finger-picking congolais, omniprésent dans la musique de l’époque. Aussi, Pytshens Kambilo dit: « Nous ne parlons pas ou si peu de nos savants et nos génies si bien que la jeunesse ne prend pas conscience que des monuments ont tracé la voie sur laquelle nous construisons aujourd’hui. On devrait les faire connaître à l’échelle nationale, enseigner leur histoire de sorte que dès le bas âge, l’on réalise leur grandeur et créer une émulation ».  

 

 

 

 


Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Hommage à la légende Dr Nico / DR