Les Dépêches de Brazzaville



Musique : Josh Djido, soyez vous-mêmes les autres sont déjà pris


Josué Bakoua Membila, alors en classe de terminale au lycée Chaminade de Brazzaville,  vient d’échouer à l’obtention du baccalauréat D et l’avenir lui paraît alors compliqué.  « C’est vrai que j’étais soucieux, un ami m’a alors parlé de la possibilité de faire un stage à Le Cambatani, catering aéroportuaire où j’ai appris non seulement la cuisine mais aussi et surtout la pâtisserie.  Ma spécialité c’était et c’est encore le moka au café mais ce que je savais faire de mieux  était  à l’époque d’assister  quasiment à tous les spectacles de l’Institut français.  C’est là que j’ai touché du doigt ma passion qui est celle de la culture et des arts », se souvient-il. 

Josué n’aura jamais eu l’idée d’ouvrir une pâtisserie, sa passion et sa longue expérience acquise dans le secteur culturel, et plus particulièrement la danse et la musique,  vont  précipiter en 2015 la création de Josh Universal.  Oui, le pâtissier d’hier est devenu Josh Djido, entrepreneur culturel, manager, producteur et pas que.  Le booking ou encore le marketing font partie de la palette d’un homme touche à tout et qui a su se faire une place au soleil.

Josh Djido est notamment le manager de Fannie Fayar, artiste interprète, musicienne, compositrice et danseuse brazzavilloise connue pour avoir été médaillée d’or aux Jeux de la francophonie à Abidjan et avoir été décorée Chevalier de l’Ordre du mérite national congolais.   La recette du succès ? «  Il n’en existe pas.  Nous avons juste défini avec Fannie un objectif qui est intégré dans le plan de développement de sa carrière et depuis le début,  nous savons ce qu’il est nécessaire de faire à court, moyen et long terme pour y parvenir.  Nous travaillons sur le fond, sur la personnalité de Fannie et sur son fort potentiel artistique, c’est pour moi plus constructif que de s’attacher à tout prix à la forme », explique Josh qui dénonce, par ailleurs, ce qu’il appelle les artistes pop corn.

 «  C’est un fait et je l’ai déploré sur mes réseaux sociaux.  Je vois des artistes qui enregistrent à la hâte en home studio,  chantent sous auto-tune, font un joli shoot, un joli clip  qu’ils matraquent en promo et ils se croient arriver.  Il y a dans cette forme là l’oubli de ce qui fait que l’on est artiste, l’oubli de certaines règles du métier qui font qu’un artiste perdure sur le fond. Malheureusement la pratique est souvent synonyme de réussite et c’est sans doute dommage pour l’art en lui même »,  dit Josh.

Le manager va encore plus loin dans son constat : «  Certains de ces artistes cherchent à ressembler à Beyonce, Fally Ipupa ou encore à je ne sais quel rappeur mais plutôt qu’être une pale copie, il serait mieux simplement de s’inspirer de ces grands noms.  Il est important de façonner sa propre image et trouver les ressorts pour booster  sa propre personnalité ».  Un conseil qui n’est pas sans rappeler cette citation d’Oscar Wilde: «  Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris ».

Poursuivant sur sa lancée, Josh insiste sur d’autres travers qui rongent le milieu musical : «  Les artistes sont obnubilés par le nombre de vues sur les réseaux sociaux et c’est néfaste lorsque ces vues sont factices.  Personnellement, je reçois de nombreux mails de fournisseurs de vues mais ce procédé est contre-productif.  Mieux vaut avoir une vraie fan base de 1000  followers qui t’aideront à avancer dans ta carrière qu’avoir des dizaines de milliers de fans fantômes qui ne connaissent même pas ta musique ». 

Faire avec Josh, qui n’a pas sa langue dans la poche, l’état des lieux des travers de la musique congolaise est enrichissant en tous points pour qui veut embrasser une carrière musicale. Allez, cela mérite assurément un second article qui sera à suivre dans la prochaine édition des Dépêches du Bassin du Congo.

 

 


Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Josh Djido