Les Dépêches de Brazzaville



Musique : Laila, la poupée qui marche !


Dans l’avion qui la conduit en décembre 2020 en Tanzanie, Laila n’a guère autre chose à faire qu’à contempler les nuages et habiller silencieusement ses pensées de son album « Constellation » attendu pour juillet.  La musique est son autre voyage. Survolant l’Afrique de l’Est, elle semble poursuivie par une nouvelle mélodie, un air qu’elle crée en haute altitude et qu’elle enregistre, pour ne pas l’oublier, sur son téléphone Android à peine débarquée à l’aéroport Abeid Amani Karume de Zanzibar.   Dès la 1ère répétition, à son retour au Congo, cet air là est dans les mains des musiciens de Laila pour polir et poser une pierre précieuse à l’édifice de son album. Voilà comment nait la composition de « La poupée de Mossaka ».

Pour les paroles de la chanson, il faut remonter le temps jusqu’à la fin des années 80. Laila n’a que 6 ans et c’est un autre voyage, à Mossaka, dans le département de la Cuvette et elle y tient son papa par la main.   Son père, Albert Embounou, est à l’époque chef de cabinet de Jean-Michel Bokamba Yangouma, grand homme politique de la République du Congo,  et Laila fait partie de la délégation pour ce long voyage loin au nord de Brazzaville. «  C’est vrai, mon père m’amenait partout où il pouvait. Je garde en mémoire de ce séjour la longue traversée sur le fleuve Congo, la musique des groupes folkloriques et les tam-tams à notre arrivée. Détail amusant, j’avais les cheveux longs et naturels et une petite fille s’est exclamée, s’adressant à un autre enfant : Regarde la poupée qui marche ! » se souvient Laila. Cette anecdote est racontée, un soir de janvier 2021, à Zao avec qui la chanteuse ponténégrine s’apprête à enregistrer à Pointe-Noire. Tilt ! Au lendemain, l’auteur de « Ancien combattant » a griffonné sur un bout de papier l’ébauche des lyrics et le titre de la chanson qu’il tend à Laila, la poupée qui marche devient alors « La poupée de Mossaka » qu’ils chanteront tous les deux ! 

«  Travailler avec Zao est un plaisir assez étrange dans le sens où j’écoutais ces chansons à la radio lorsque j’étais petite. Mon père avait commencé à écrire sa biographie, c’est un peu comme si je rendais un hommage à sa mémoire. Ça l’est d’autant plus, qu’en parallèle de ce duo, j’ai décidé de produire, en indépendante, quelques clips de Zao pour mettre visuellement au goût du jour et de ce XXIe siècle ses plus grands succès. C’est là mon humble façon d’apporter ma pierre à l’édifice de la culture congolaise » raconte Laila qui ajoute encore : « Zao est un homme d’une rare humilité, très professionnel dans l’approche du travail qu’il aime à transmettre. Cela pourrait même être presque intimidant s’il n’avait pas ses traits d’humour qui  savent détendre l’atmosphère quand il  le faut », raconte la chanteuse qui a déjà sorti plusieurs singles dont «  A tous nos êtres chers » avec K-Musika.

Après avoir invité Zao, en novembre 2017, lors de la seconde édition du Festival Show Link Africa qu’elle avait organisée, Laila sortira donc en avril le single « La Poupée de Mossaka », enregistrée chez elle à la maison comme le reste de son album  par Steve Boulingui, et  dont le clip a été tourné à Pointe-Noire ainsi qu’à l’Espace Zao de Brazzaville.  Les plus impatients n’auront pas à attendre avril puisqu’un duo side-project entre Casimir Zao et Laila  Embounou, intitulé  « Stop Covid-19 », sort aujourd’hui même. Et c’est une agréable nouvelle !


Philippe Edourad

Légendes et crédits photo : 

Photo1: La chanteuse Laila Photo2: Laila et l'artiste Zao