Les Dépêches de Brazzaville



Musique : les fans d’Extra Musica débutent 2020 dans l’attente


Les amoureux de la musique congolaise devraient attendre plusieurs mois avant de voir l’issu de ce sujet à polémique. La guerre de leadership qui divise les deux va sans nul doute traverser les frontières de la République du Congo et ce, au grand bonheur des spectateurs. Selon certaines sources, les deux orchestres risquent de prester le même jour, en février, à Kinshasa sur invitation du chroniqueur Zakari Bababaswé.

« Allez-vous accepter que le groupe Extra Musica disparaisse ? Nous allons continuer normalement le travail du plus grand orchestre du Congo », a signifié Roga Roga dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Sur les mêmes canaux, le groupe des dissidents composé de Ramatoulaye, Sonor, Digital, Levyson et autres a demandé l’esprit de fair-play. «Les Chinois ont changé de stratégies. Ils construisent désormais la journée. Notre musique sera consommée comme toute autre. Soyez confiants, vous ne serez pas déçus», ont-ils dit.

En tout cas, la polémique ne cesse de s’accentuer sur la toile. Chaque partie réclame l’authenticité voire le monopole de l’identité musicale de cet orchestre qui reste parmi les plus appréciés par les passionnés de la musique congolaise.

Bien que le clan de Roga Roga maintienne le nom d’Extra Musica et que le groupe des dissidents préfére ajouter le descriptif « Nouvel horizon », la confusion règne toujours chez les fans. « Les chroniqueurs de musique devraient nous aider à comprendre cette crise qui a divisé le plus grand orchestre du Congo. Je propose un débat télévisé qui les mettra en confrontation », a suggéré William Koumba, un fervent fan de l’orchestre Extra Musica. Les deux orchestres multiplient les publications sur les réseaux sociaux ainsi que les passages sur les chaînes de télévision afin de redynamiser les fans acquis à leur cause. Une manière de prouver leur suprématie sur la scène.

Le vent de la division ne touche pas seulement les musiciens car même les quartiers généraux (fans club) se subdivisent aussi. Le producteur Bertrand Etou, dit Bebert Etou, a préféré quitter le navire pour se ranger du côté des dissidents. A cette allure, les adeptes de la rumba s’interrogent sur le contenu des prochains albums qui seront disponibles dans quelques jours du fait que les deux groupes partagent encore le même répertoire dans la mesure où jusqu’en mi-décembre, ils répétaient ensemble. Si l’album « Patati Patata » concocté ensemble est prévu dans les tout prochains jours, le maxi single « Choc » des « Chinois » sera également disponible d’ici peu.

Ces périodes de fête ont été très saturées pour les deux orchestres, désormais rivaux puisque chacun a voulu tant soit peu confirmer. En effet, le clan de Roga Roga a tenu un méga concert gratuit, le 1er janvier, à la Corniche de Brazzaville. Si on le croyait en faillite, en tout cas, l’homme a prouvé qu’il est reste le « suprême » grâce aux nouvelles recrues comme Kabila, stade Eboué, Donald Trump, Zidane, Charli Chaleur, Eclipse ou le dernier animateur qui a été pris à la Corniche au nom de Couche à jeter.

En même temps, les compagnons de Sonor et Ramatoulaye ont également livré un incroyable spectacle gratuit à Kombo. Ces derniers ont aussi drainé des foules et suscité l’admiration grâce à leur savoir-faire. En réalité, si les lieux et les artistes différaient, le style, le rythme, les textes, les danses, bref le fond était le même. Surtout dans l’animation, les cris étaient presque identiques. Un extrait de la chanson « Elanga» des dissidents prouve cette familiarité malgré quelques nuances dans le mixage. Alors qu’est-ce qui fera la différence entre « Patati Patata » et « Choc » ? L’avenir nous édifiera.

Rappel des faits

Il y a moins d’un mois, les artistes Ramatoulaye (cofondateur du groupe Extra musica en 1993 et chargé de discipline), Sonor Digital (guitariste et chef d’orchestre), Obama (claviériste), Levyson, Kasoumbalessa, Dido, Doty (tous des chanteurs) et Zaparo (animateur) avaient brusquement décidé de tourner le dos à leur figure leader Rogatien Ibambi Okombi, dit Roga Roga. L’annonce a été faite dans un studio de Brazzaville, pendant que Roga Roga se trouvait à Paris, en France, pour les travaux de mixage du maxi-single « Patati patata ».

En effet, selon certaines discrétions, ils reprochent à leur désormais ex-patron son mode de gestion. Selon plusieurs sources, les premiers signes de malaise ont commencé à prendre corps après le concert livré le 6 décembre à Pointe-Noire. Rentré de Paris, Roga Roga a aussitôt rappelé ceux qui lui sont restés fidèles. Il s’agit des anciens comme Espé Bass (cofondateur d’Extra Musica et chargé du matériel et ingénieur de son), Juventus de Turin, Fiston Boko, Sorel, Rolly et autres. Il y a  aussi de nouvelles recrues d’environ six mois : Bondo Mania (soliste), Sévérino, Zidane. Les répétitions continuent au siège du groupe sis croisement avenue des Chars et rue Louingui à Ouenzé, dans le 5e arrondissement.

Espérons que cette dislocation n’engendre pas des fruits amers pour la musique congolaise mais soit plutôt une source d'émergence des deux orchestres afin de toujours égayer les mélomanes.


Rude Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Les affiches de deux albums en attente cette année