Les Dépêches de Brazzaville



Musique : Mack Toob, héritier des Jackson Five


La jeunesse de Petrous Batola  aurait pu porter l’empreinte de The Jackson Five, ce célèbre groupe de soul américain né à la fin des sixties à Gary, dans l’Indiana.  Mais il faut en déplacer les décors, quitter cet Etat du Midwest des Etats-Unis pour traverser l’Atlantique et atterrir à Brazzaville. Il faut encore changer les personnages, le père du jeune Pétrus n’est pas Joseph Jackson et sa mère n’est pas Katerine Jackson non plus. « Pierre, mon père, a bercé toute mon enfance avec sa guitare classique sur des airs latino inspirés de ses longues études à Cuba. Il fut même musicien dans un groupe  peu connu au Plateau des 15 ans.  Avec Marie, ma mère, il a fondé une jolie famille, quatre garçons et deux filles, moi j’étais le plus jeune. Ils ont  sans cesse veillé à notre éducation qui a toujours été accompagnée en musique. Nous étions en quelque sorte une famille  d’artistes, c’est comme cela qu’a été créé FB Stars et c’est vrai que l’on se prenait pour The Jackson Five », témoigne Petrus.

FB Stars pour dire Famille Batola Stars car, emporté par la passion, Pierre Batola se mue de chef de famille en chef d’orchestre, offrant quatre guitares à ses quatre jeunes garçons.  Et puis la guerre civile de 1997 est passée par là, les rafales de kalachnikov répondant en écho aux accords de guitare et emportant tout sur son passage. Petrus se souvient : «  Nous habitions le quartier Mpissa à  Bacongo, nous avions dû fuir la maison pour nous réfugier à Boko, mon village natal, dans le département du Pool. Je n’avais que 7 ans à l’époque mais j’ai gardé en moi ces images de cadavres sur les routes, l’odeur du sang et de la mort. Six mois plus tard, de retour à Brazzaville, il a fallu repartir de zéro, notre maison avait été pillée, saccagée et les guitares avaient disparu ».  La musique l’emportera face à la guerre, il faut se débrouiller, remontrer le groupe et voilà FB Stars qui scintille à nouveau.

Une première scène à l’âge de 10 ans et l’arrêt des études en classe de 5e, six années plus tard. « Etudes et musique, ça été une autre guerre, j’avais une telle rage de vaincre, une telle passion, que je ne me voyais que jouer de la guitare et chanter », dit le benjamin des frères Batola  qui explorent tous les styles de la rumba au ndombolo, en passant par le funk, le hip-hop, le reggae, la pop ou le folk et écument toutes les scènes dont celles du célèbre Fespam. Un souvenir marquant ? «  Oui, c’était un concert devant le président de la République, à l’occasion de la réouverture de la gare de Brazzaville et du premier train mis en circulation à la fin de la guerre civile », se rappelle Pétrus. Vient ensuite le temps de la consécration, un album «  Vraie identité » sorti en 2008,  une place de finaliste au Prix Découvertes RFI l’année suivante, une sélection aux 7e jeux de la Francophonie à Nice, en France en 2013.

Après 15 années de combats avec ses frères d’armes, Pétrus deviendra Mack Toob, son nom de scène, pour voyager en solitaire. Et il voyage : le Sénégal et l’Ile de Gorée qui lui inspirent de nouvelles chansons ; la Tanzanie où il est invité à un festival international sur la Côte de Jambiani, oui, il voyage son Afrique allant de rencontres en rencontres... L’univers de Mack Toob est un appel aux voyages et c’est aussi  un 1er album solo «  Saison des pluies » annonçant le beau temps après la pluie ou encore, et plus  récemment, un  single 2 titres « Léb’no » où l’on retrouve Belly Mampila au piano, Belga Banzouzi aux percussions, Maria Dehole et Mouz Ferregane au backing vocals. 

 


Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Mick Toob