Les Dépêches de Brazzaville



Nord-Kivu : nouvel accrochage entre les FARDC et le M23


Alors qu’une accalmie était observée au front depuis le 30 août après le repli des rebelles du M23 des hauteurs de Kibati d’où ils larguaient des bombes sur Goma à la suite d’une offensive conjointe Fardc-Monusco, les dernières nouvelles ne semblent pas du tout rassurer. Les Fardc et le M23 viennent, en effet, de rompre la trêve relative qui s’est installée en reprenant, contre toute attente, les hostilités au moment où se discute à New York la pacification de l’Est de la RDC. Il est fait état de la reprise depuis le 26 septembre dans la matinée des combats entre les Fardc et les rebelles du M23 sur l'axe Mabenga-Kiwanja, à environ 80 km au nord de Goma. Cet accrochage à l’arme lourde et légère a fait deux victimes du côté rebelle, apprend-on.

Comme toujours, les deux camps se rejettent la responsabilité de cette reprise des hostilités. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ? Les deux parties ont chacune leur lecture des faits. Pour le M23, c’est l’armée gouvernementale - appuyée par les milices d’autodéfense (Maï-maï) et par les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de la libération du Rwanda (FDLR) -, qui aurait attaqué les positions du M23 sur l'axe Mabenga-Kiwanja. Le M23 accuse les Fardc de privilégier la guerre au détriment des négociations de Kampala. « Cette attaque (...) est une manière pour le gouvernement congolais de saper les efforts de paix entrepris ces derniers jours par la communauté internationale et qui ont abouti à la reprise des négociations de Kampala », charge Bertrand Bisimwa. Et de signaler la progression « d'autres forces de la même coalition » vers Ishasha et Kinyandoni, au nord de Goma.

Des allégations vite rejetées par le porte-parole des Fardc/Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Olivier Hamuli qui évoque « un simple accrochage vite terminé ». Et Olivier Hamuli d’expliquer : « Il y a eu altercation entre deux patrouilles de combat Fardc et M23 à Kahunga tôt ce matin. Le calme est revenu ». De part et d’autre, on se rejette la balle. À en croire certaines sources sur place citées par l’AFP, des mouvements suspects ont été observés tôt le matin notamment des Jeep venues en renforts au M23 et trois chars rejoignant les bases des Fardc vers Mabenga. Des agriculteurs ont été obligés de rebrousser chemin à cause des combats qui se sont intensifiés par la suite avant de se calmer en milieu de la matinée, rapportent des sources.

Dans la cité de Kiwandja, la psychose est perceptible dans le chef des habitants qui redoutent de nouveaux déplacements massifs des populations comme cela est devenu la coutume à chaque reprise des hostilités. « Nous ne tolérerons plus une autre provocation de la part de ce mouvement rebelle », avait en son temps averti le colonel Olivier Hamuli. L’on croit savoir que cet accrochage est un avertissement adressé au M23 qui, depuis quelques temps, n’arrête de subir des revers de la part des forces gouvernementales plus que jamais requinquées et motivées.   


Alain Diasso