Les Dépêches de Brazzaville



Opération Tabuka/Mali : une unité militaire grecque dans la task-force


Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme initiée par la France dans le triangle des trois frontières aux confins du Mali et du Niger, la Grèce pourrait envoyer une petite unité militaire sur le terrain. De « petite taille », la mission grecque impliquera le personnel des forces spéciales, qui proviendraient de l'escadron parachutiste des forces spéciales (ETA ou Eidiko Tmima Alexiptotiston), une unité d'élite de l'armée helléniste. Au préalable, deux officiers des forces spéciales devraient être envoyés au Mali, en repérage, afin de s’informer sur le cadre opérationnel, se faire une image de la lutte en cours et de la mission de Takuba. Le contingent suivra.

L’unité grecque devrait assurer, au début, la ''force protection'' du camp. La Grèce est le 5e pays européen à s’engager dans cette opération au sahel (après l’Estonie, la Tchéquie, la Suède et l’Italie). Cet engagement grec sur le terrain terrestre est rare et Athènes n’avait pas montré un engagement notoire sur le terrain africain jusqu’ici. Actuellement, il n'y a que deux dans la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali). On peut donc y voir une contrepartie, solidaire, à l’engagement français aux côtés des Grecs dans leurs différends avec la Turquie.

« L'intérêt commun » des Etats membres de l'UE pour la stabilité au Sahel

Lors de la dernière réunion des ministres de la Défense de l’UE, le Grec Nikolaos Panagiotopoulos avait appuyé sur « l’intérêt commun » des États membres à « parvenir à la stabilité au Sahel et à renforcer la sécurité dans l’ensemble de la région », en particulier au Mali. Ce qui répond à une demande française. Le président français Emmanuel Macron l’avait évoqué en recevant le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis fin janvier, parlant « d’opération conjointe maritime comme terrestre ». La ministre des Armées, Florence Parly, l’avait exprimé aussi lors d’une rencontre avec son homologue grec, à Athènes en février. « J’ai demandé à mon homologue de considérer l’engagement, à un niveau significatif, des forces armées grecques à nos côtés, au sol, en Afrique, pour lutter contre la menace terroriste et neutraliser au plus loin les trafics », avait indiqué Florence Parly. « Cet engagement exigeant est porteur d’une forte expérience opérationnelle et d’une plus grande interopérabilité de nos forces », avait-elle ajouté.

La task-force Takuba a suscité l'intérêt et la curiosité de représentants d'armées européennes. En octobre dernier, une délégation de responsables militaires (Danemark, Belgique, Portugal, Italie, Hollande) se sont rendus sur les bases de Gao et de Ménaka, où ils ont rencontré le détachement des forces spéciales (FS) franco-estonien, en charge d'armer la task-force(TF) Takuba. L'objectif de la visite visait à présenter la mission, les matériels et échanger avec les futurs partenaires européens désireux d'intégrer la task-force dans les prochains mois. Le commandant Aurélien, commandant la TF, a présenté à la délégation européenne les contours de la mission, rappelant ses objectifs d’assistance, de conseil et d’accompagnement au combat au profit des forces armées maliennes.

La TF Takuba : au cœur de l’européanisation de Barkhane

Déployée à la demande du Mali et du Niger, la TF Takuba constitue un jalon important de la montée en puissance de la Coalition pour le Sahel. Annoncée lors du sommet de Pau, le 13 janvier 2020, la Coalition pour le Sahel vise à faciliter la coordination et les interactions entre les différents volets de l’action internationale venant en appui des États du Sahel. Placées sous le commandement de l’opération Barkhane, les missions de la TF Takuba consistent à conseiller, à assister et à accompagner au combat des unités conventionnelles maliennes. Cette initiative est au cœur de la mission de Barkhane de lutte contre les groupes armés terroristes et celle d’affirmation des capacités des forces armées des États du Sahel.


Noël Ndong