Les Dépêches de Brazzaville



Paiement de la dette des anciens chefs des corps constitués : l’Acaj dénonce une démarche moralement inexplicable


Réagissant à la rencontre entre le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, et quelques anciens présidents de l’Assemblée nationale qui a tourné notamment sur l’insertion dans le budget 2023 des arriérés de leurs avantages non perçus et ceux des anciens chefs de l’Etat et chefs des corps constitués, l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) relève l’urgence de modifier la loi relative à ces avantages. « Au moment où la question sur les rémunérations des députés nationaux fait polémique, l’Acaj juge inopportune cette démarche qui s’inscrit à l’opposé de tous les discours officiels quant à la réduction du train de vie des institutions », a-t-elle indiqué dans un communiqué du 21 octobre.

Elle a fait observer que plusieurs engagements du gouvernement relatifs à l’amélioration des conditions salariales ploient dans les tiroirs du Trésor public, faute des ressources financières suffisantes pour y faire face. « Tel est le cas des enseignants, des magistrats, des médecins et soignants ainsi que d’autres catégories socio-professionnelles envers lesquelles les promesses du gouvernement peinent à être honorées », a souligné l’Acaj.

Une démarche moralement inexplicable

Pour l'Acaj, en effet, il serait curieux que les anciens présidents de la chambre basse du Parlement congolais choisissent cette temporalité sociale particulière pour réclamer l’insertion dans le budget 2023 de leurs avantages financiers non honorés. « Il serait moralement inexplicable que le gouvernement satisfasse une telle requête d’autant plus que la loi 18/021 du 26 juillet 2018 devra d’abord être révisée au vu du caractère excessif et immoral des avantages qu’elle accorde aux anciens chefs de l’Etat et des corps constitués et sans prévoir la disqualification de ceux qui se seraient compromis dans les actes de corruption, de détournement des deniers publics  et blanchiment des capitaux à l’occasion de leurs fonctions », a signifié le président de l’Acaj, Me Georges Kapiamba, cité dans ce communiqué.

Tout en reconnaissant leurs apports dans la marche du pays et relevant qu’elles ne vivent pourtant pas dans la précarité, cette organisation demande aux personnalités concernées par cette démarche de prouver leur amour et leur solidarité envers les Congolais, en renonçant officiellement  aux bénéfices qu’implique cette loi incriminée.

L’ Acaj appelle, enfin, le gouvernement et le Parlement à orienter les ressources mobilisées vers des priorités porteuses d’une croissance inclusive et non de les soumettre à tout ce qui éloigne du « Peuple d’abord » dont les retombées se font toujours attendre, d’une part, et d’entamer le processus de révision de la loi 18/021 du 26 juillet 2018, d'autre part.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: le président de l'Acaj, Mè Georges Kapiamba/DR.