Les Dépêches de Brazzaville



Parution de « Notre histoire du Gospel » par Jean-Paul Wabotaï


Le gospel, qui signifie « appel de Dieu » en français, a longtemps été considéré comme une musique d’esclaves dans la mesure où ce sont les Africains qui l’ont promue en Amérique, en Europe à la suite de leur déportation. Avec le temps, et surtout au contact des autres cultures, le gospel a perdu son originalité même si, de l’avis des puristes, le genre est conservé.

L’ouvrage de Jean-Paul Wabotaï permet au lecteur de découvrir que le gospel, s’harmonisant avec le temps, a fini par produire un genre métissé qui touche toutes les générations et ne laisse personne indifférent. Cette musique transcende l’âme, transmet des messages de bienveillance, de partage, de joie et d’amour. Elle abolit les frontières. « Le gospel n’est pas une religion ni une secte, mais plutôt une rencontre autour d’une parole divine. Il prône l’amour, la bienveillance, le partage. Ce sont des retrouvailles où chacun a son appartenance religieuse », explique l’auteur.

Passionné de gospel depuis son jeune âge, Jean-Paul Wabotaï est chorégraphe. Accompagnateur de plusieurs groupes dans l’apprentissage du chant gospel, il a animé en 2009-2010 la chorale « Couleur de vie », créée en 2008. « L’idée m’est venue d’écrire à ce sujet il y a plus de quinze ans. Je cherchais comment je pouvais retracer cette histoire pour laisser aux enfants du monde la vérité sur la musique gospel. C’est une musique qui rassemble toutes les nations, races, religions pour chanter l’amour, la paix, la joie de vivre ensemble avec nos différences et chanter aussi l’histoire du peuple noir qui a tant souffert pendant des siècles. Une histoire qui n’est jamais mise sous la lumière du pardon, mais participe à la réconciliation entre le Sud et le Nord. »

En France, par exemple, les concerts de gospel remplissent des grandes salles comme le Zénith, Bercy ou l’Olympia. Et pour cause… le pays compte plusieurs groupes, parmi lesquels l’emblématique Golden Gate Quartet, qui a vu le jour dans les années 1930.

À la fin du livre, Jean-Paul Wabotaï évoque « les fautes commises par certains de nos propres ancêtres africains, leur contribution à l’esclavagisme par la vente de nos frères », espérant que la douleur d’hier se transforme en amour, que chacun soit en paix avec lui-même et cohabite dans l’harmonie avec les autres.

Il souhaite que le gospel soit célébré en baptisant de son nom une place publique ou un monument qui véhiculerait ainsi son esprit.

Quelques pionniers du gospel témoignent 

Marcel Boungou, célèbre pionnier du gospel au Congo-Brazzaville, a fait ses débuts dans un groupe mythique de gospel, les Palata Singers. Pour lui, « le gospel n’est pas seulement une musique, c’est une parole mystérieuse qui régénère, restaure et panse les cœurs meurtris. Le gospel est une question de foi en Dieu. »

Jo Balard, musicien, auteur-compositeur et chanteur, pense que le gospel « est la parole de l’Évangile, c’est la profondeur qui vient de l’intérieur de soi. »

Didier Likeng quant à lui témoigne que « le gospel peut être présent à chaque moment de la vie, si on le laisse venir à soi… Cette musique m'amène à m'asseoir et à voir à quoi je ressemble. Elle m'amène à garder la foi et à avoir confiance en moi. »

Des témoignages auxquels s’associent ceux de Michel M’Passy — « Il y a un mystère caché dans le gospel qui dépasse largement la qualité des voix » — et de Max Zita : « Le gospel a énormément contribué à changer l’image et les préjugés. Il a aussi permis à la communauté noire d’être dans l’échange. »


Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo : la couverture de "Notre histoire du gospel"