Les Dépêches de Brazzaville



Photographie : des séances gratuites offertes à Mbok’elengi


Une dame posant au studio Mbok’elengi (DR)Baptisé « Mbok’elengi », le slogan à la mode en ce moment à Kinshasa, le studio photo mobile installé dans la rue, au croisement de l’avenue Bukaka et de l’entrée du marché en plein Bandal, a été très visité le 17 juillet. Un peu plus d’une bonne soixantaine de passants et habitants du voisinage ont profité du décor planté pour la journée pour se faire prendre en photo. Constitué d’un tapis plastique à damiers placé entre deux tableaux du duo Mukenge/Schellhammer et quelques accessoires ajoutés par les enfants formés aux ateliers urbains du Projet Oyo, le studio éphémère n’a eu aucun mal à attirer des curieux et des « clients ». L’installation des peintres avant même son ouverture a accueilli une « clientèle » hétéroclite jusqu’en début de soirée. « Lorsque nous installions le décor, vers 8h00, des gens tenaient à être photographiés prétextant qu’ils ne pensaient pas revenir sur les lieux plus tard. C’est ainsi que les premières prises ont été faites », a affirmé Christ Mukenge au "Courrier de Kinshasa".

Adultes, hommes et femmes tout autant que les enfants se sont fait photographier comme dans un studio ordinaire et même les sapeurs Pigeon de la terre et Beauté sauvage ont participé aux séances. La petite astuce des peintres a fonctionné à merveille. L’enseigne du studio était bien pensée. « Nous avons repris le slogan actuel Mbok’elengi comme thème de notre travail. C’est ce qui fonctionne dans le langage actuel de la ville, à Kinshasa c’est d’un usage courant en ce moment  », nous a expliqué Christ. Et de poursuivre : « J’ajoute que c’est aussi une espèce de métaphore car le truc avec les Kinois c’est de leur proposer un concept auquel ils sont déjà familiers qui les connectent à l’art. Intégrer dans une œuvre d’art des mots qu’ils utilisent couramment les rapproche de l’univers artistique  ». Ainsi, d’un point de vue métaphorique comme le laisse entendre l’expression à la mode, « Mbok’elengi se rapporte à un lieu qui réjouit, ce qui rejoint l’image de ce studio photo, qui comme tout autre, est un espace de joie. Lorsqu’une personne va dans cet endroit, c’est qu’elle veut immortaliser un moment de joie et non pas parce qu’elle est en colère ».

Une interaction réussieTrois clients reçus au studio Mbok’elengi (DR)

Pour le jeune duo germano-congolais, c’était un plaisir de voir les passants se prêter au jeu facilement sans vraiment poser de questions. La création à vocation interactive marquait son coup. Ouvert à toute personne qui en manifestait le besoin, le studio a eu son petit succès dans le quartier. Passants et même des motards ont été pris en photo par Christ, c’était la première étape. La seconde était de s’enregistrer auprès de Lydia Schellhammer en donnant son nom et le numéro de téléphone associé à son compte WhatsApp pour recevoir sa photo dans son téléphone personnel.

L’inspiration de cette installation, a dit Lydia au "Courrier de Kinshasa", est partie d’une observation liée à l’attrait suscité par leurs travaux. « Nous avions remarqué que notre travail intéressait les gens. Les jours de manifestations, des gens prenaient pour décor nos peintures murales. Plusieurs personnes venaient se faire photographier juste devant elles. C’est de là qu’est né ce concept de studio photo mobile, un décor réalisé exprès pour cet usage », a-t-elle raconté.

Mbok’elengi est censée être une œuvre interactive qui crée une proximité entre les Kinois et l’art. « Dans le contexte congolais, de Kinshasa et de la République démocratique  du Congo, nous avons voulu approcher la peinture du public qui n’a pas accès aux musées et aux galeries comme c’est monnaie courante ailleurs. L’emmener à considérer la peinture comme un élément de son quotidien », a dit le duo.

 


Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1- Une dame posant au studio Mbok’elengi / DR 2 -Trois clients reçus au studio Mbok’elengi / DR