Les Dépêches de Brazzaville



Poésie : un café littéraire consacré aux recueils de Prince Arnie Matoko


Le café littéraire a débuté par l'examen de « Entre les lignes du silence » fait par l’éditeur, l'écrivain et critique littéraire Ramsès Bongolo, qui a indiqué que Prince Arnie Matoko est un poète à la pensée lumineuse et à la plume savoureuse. Âme nostalgique au cœur pacifique, adorateur du verbe éclatant et des arguments étincelants, passionné du tambour poétique et du discours rythmique, pianiste des «Mélodies des larmes» et forgeron de «La colère du fleuve», Prince Arnie Matoko, grand cuisinier des mots, sert dans « Entre les lignes du silence », son nouvel opus littéraire, une recette poétique à cheval entre autofiction et soif d’Afrique, entre possessivité et reflexes panafricanistes.

En termes plus simples, a poursuivi Ramsès Bongolo, « ce littéraire, mieux ce préparateur de belles lettres, nous a cuisiné une nourriture littéraire assaisonnée d’ingrédients qui marquent linguistiquement l’appartenance, la possessivité, mais aussi saupoudrée d’un certain nombre de gâteaux, donc de mots grammaticaux qui représentent un élément présent dans ce que les grammairiens appellent “ la situation de communication”. En témoignent les adjectifs possessifs intentionnellement placés au seuil de quelques-uns de ses poèmes. »

Prince Arnie Matoko est un poète dont l’art s’offre aux lecteurs tel un fruit mûr, un fruit dont la saveur oblige à en demander encore plus. « Entre les lignes du silence » se referme, entre autres, sur l’hommage à Ernest Bompoma. Deux poèmes lui ont été consacrés dans ce recueil. L’un se pose les questions que voici : « Dis-moi compagnon de lutte, qui étais-tu ? Un baobab ou une étoile ? » En somme, conclut Ramsès Bongolo, ce recueil est un cri d’espoir, de liberté, d’amour et de paix pour l’Afrique.

Arnie Matoko, un militant d’arrière-garde de la cause du peuple noir

Pour le préfacier de cet ouvrage, Pierre Ntsemou, Arnie Matoko se veut militant d’arrière-garde de la cause du peuple noir faute de la flétrissure coupable d’avant-garde de ses pères fondateurs des républiques-appendices de lamentable dépendance honteusement alimentaire. Prince Arnie Matoko, a-t-il dit, voudrait, dès son vagissement poétique sans gants ni complexe, être sonneur de cor pour le réveil de ce corps meurtri, brisé, laminé, mais toujours en vie par cette survivance légendaire des frères de sa race de glaise qui, du malaise des temps impétueux et tumultueux « des loups affamés cherchant en pleine nuit (des proies) » pour des autres « renards-hyènes » doivent se saisir des armes de l’amour pour effacer à jamais les clichés noirs de pillage et de spoliation sur les bûchers de haines et de guerres » imbéciles. Dès lors, le prince, avec ses mots aiguillons, entreprend de vaincre ces maux et les cartouches meurtrières de la traite négrière et sa fille adultérine née plus tard de l’amère mère acariâtre, la très célèbre dame de fer coloniale de triste mémoire et de descendance barbare avant les indépendances.

Critiquant « La colère du fleuve de Prince » d'Arnie Matoko, Winner Franck Palmers (Winner Dimixson Perfection), écrivaine, critique littéraire, enseignante à l’Université Marien-Ngouabi, de prime à bord, a souligné que c’est un titre concis et impactant ; il est quadrilexémique… « Ce recueil de sept nouvelles nous amène, pas à pas, dans un monde dont la toile de fond est l’illusion et la barbarie. En sept tableaux pluri-scéniques, l’auteur blâme les personnes véreuses. Le blâme n’est qu’un simple rappel à l’ordre par écrit. Sept est le chiffre de la perfection, de la complétude, du parachèvement. Par extrapolation, il se fait opération musclée pour décimer les vices ciblés », a-t-elle dit. Les sept nouvelles sont : L’expulsé ; Demain je serai riche ; La rue des sorciers ; C’est triste de perdre sa meilleure amie ; Un fou pas comme les autres ; Le soleil de Fleuville ; et La colère du fleuve.  L’œuvre littéraire « La colère du fleuve» s’impose par un langage châtié, un vocabulaire riche, une narration poétique, un style réaliste et lyrique.

Puisque chaque chose a un commencement et une fin, une aube et un crépuscule, une genèse et une apocalypse, Winner Franck Palmers (Winner Dimixson Perfection) a conclu en déclarant qu’à travers « La colère du fleuve Prince », Arnie Matoko propose une vue de la société congolaise sous divers éclairages. Cela semble une transcription neuve, au regard des faits sociétaux des chroniques congolaises. Caractérisée par un vocabulaire riche portant quelques fois les bribes du langage du terroir pour mieux atteindre le lecteur, la plume de l’auteur d’«Un voyage à New York » et de « La colère du fleuve » a atteint une maturité narrative perceptible.

Prenant la parole à son tour, l’écrivain à l’honneur a remercié tous ceux qui sont venus assister à ce café littéraire au cours duquel ont été mises en exergue certaines de ses œuvres, tout en exprimant son sentiment de joie et de bonheur.


Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1-Les panélistes lors du café littéraire/ Adiac 2-La couverture du recueil de poèmes "Entre les lignes du silence"/ DR