Les Dépêches de Brazzaville



Portrait : Amida Shatur, As de pique


Née en 1976 en République démocratique du Congo d'un père indien et d'une mère congolaise, Amida Shatur voit sa vie être destinée aux hauteurs par un atout de taille qui pourtant ne fera pas tout. Elle commence sa vie en tant que commerçante dans les quartiers de Kinshasa jusqu'à ce que sa route croise celle de l'artiste congolais JB Mpiana, l'un des piliers principaux du "Dombolo", mouvement issu de la rumba congolaise qui s'externalise de plus en plus et de mieux en mieux à l'international.

Un album aux sonorités dansantes mais aussi aux mélodies langoureuses dont un titre en particulier fait la tête des hit parades des bars et places de Brazzaville et de Kinshasa: "Les feux de l'amour". Dans cette chanson, JB parle de cette muse qui bouleverse sa vie, trouble ses pensées: Amida Shatur, dont le nom montera aussi haut que le succès de cette chanson presque à l'égal de la popularité même de JB Mpiana. Avec le succès vient l'exposition, et avec l'exposition des propositions d'amour, d'alliance, de mariage. Amida ne s'interdit pas de vivre des expériences autres que celles de son mariage.

Pour des raisons qui restent de l'ordre du choix, elle contracte un mariage avec le très populaire Didi Kinuani dont la renommée se fait sur la base de sa prodigalité. Un mariage qui ne tarde pas à s'essouffler et ramène Amida dans les bras de son premier mari, JB Mpiana.

Cette seconde chance avec son premier époux et celui qui a constitué le socle de sa notoriété ne tient pas sur le temps. Amida est courtisée et  honorée pour la troisième fois de sa vie de femme par Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet du président de la République du Congo, Félix Tshisékedi.

Après un mariage fastueux qui n'a pas manqué de faire couler de l'encre et des auditions juridiques dans des affaires d'Etat impliquant son mari, Amida Shatur brille de cet aura et de ce mystère qui font d'elle une femme au destin exceptionnel, parfois mal aimée et malmenée dans un pays qui ne concède pas à la femme une liberté d'être et de choisir pour elle la vie qu'elle souhaite mener.

Dans une société qui pardonne et même encourage l'homme à des multiples choix amoureux, à une vie conjugale partagée entre plusieurs foyers et légalisée par la loi, la liberté absolument décomplexée d'une femme qui fait des choix de vie à travers ses différents mariages montre que tout individu est encore maître de son destin à partir du moment où il est capable de se détacher effectivement du regard de l'autre, sans avoir aucun besoin de se justifier de quelque façon.

 


Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Amida Shatur/Jeune Afrique