Les Dépêches de Brazzaville



Présidentielle du 21 mars : Falilou Diallo : « le vote est l’expression de l’existence pour tout citoyen »


Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B) : Vous êtes à la tête d’une délégation de l’Observatoire panafricain de la démocratie venue observer l’élection présidentielle du 21 mars. De combien de personnes est constituée votre délégation ?

Falilou Diallo (F.D) :  Au début nous étions une soixantaine d’observateurs africains mais compte tenu de la pandémie il y a 17 observateurs qui ont confirmé leur participation. Dans notre démarche, nous nous concertons avec les missions d’observateurs africains pour coordonner notre action avec les autres missions d’observations, y compris les ambassadeurs africains accrédités au Congo, pour avoir une appréciation globale sur le scrutin.

L.D.B : Aviez-vous les moyens financiers et matériels pour vous déployer sur l’ensemble du territoire ou comptez-vous sur l’appui de la commission en charge d’organisation des élections ?

F.D : Ce n’est pas une première, car nous avons déjà été là auparavant et puis nous avons les bureaux tests. Nous tenons compte de la campagne électorale, du poids politique des candidats, de la représentation au Sénat et à l’Assemblée nationale. C’est autant dire que nous avons une manière de diagnostiquer les chances de chaque candidat.

L.D.B : Vous avez observé la présidentielle de 2016. Quelles leçons aviez-vous tirées de cette élection et comment compter vous vous y prendre pour une meilleure observation cette fois-ci ? 

F.D : Je dois dire d’emblée qu’il faut féliciter la classe politique congolaise. Vous savez en Afrique le gros problème est que souvent le scrutin est reporté mais cette fois-ci il y a eu consensus pour aller au scrutin à une date bien déterminée et le délai constitutionnel a été respecté. Il faut s’en féliciter parce que cela est une preuve que les Congolais croient à la démocratie et à la libre expression.

Prenons le cas de la force publique, la participation était massive pour ce vote anticipé qui s’est déroulé sans aucun incident dans plusieurs centres. Nous considérons ce vote comme celui de l’existence de la citoyenneté.  

L.D.B : la CNEI a promis cette fois-ci une élection libre, transparente et apaisée. De quels moyens disposez-vous pour le contrôler ?

F.D : Pour l’heure, l’organisation technique et matérielle du scrutin est parfaite donc nous n’avons pas de contestation. Les listes électorales sont affichées et chaque électeur devrait être en possession de sa carte qui lui donne le pouvoir de voter. Aussi, il faut s’en féliciter d’avoir le bulletin unique car il réduit les fraudes, les tricheries. Le secret de vote a été garanti par la présence des isoloirs.

L.D.B : Aviez-vous échangé avec les candidats ou leurs états-majors sur le processus électoral ?

F.D : Effectivement, nous avons discuté avec les états-majors de certains candidats et nous allons le poursuivre avec les autres dans les deux jours qui restent avant le vote. D’une manière générale tout se passe bien et l’organisation se fait dans de bonnes conditions et le calme, sans plainte et sans trop d’obstacles. C’est une bonne élection et compétition car chaque état-major se dit déterminé et confiant en la victoire de son candidat.

L.D.B : Pourquoi c’est vous qui êtes toujours venu superviser les différentes élections ?

F.D : Cela s’explique en partie par mon expérience et la connaissance de la situation géopolitique du pays que je maîtrise bien. Mais je le fais non pas seulement au Congo mais un peu partout dans les pays de l’Afrique centrale comme le Gabon, la RDC…  Il ne faut pas exclure qu’une élection en Afrique est souvent contestée par les candidats perdant. Toutefois, nous constatons ces dernières années qu’il y a une tendance à féliciter le vainqueur pour reconnaître sa victoire. Cela est une bonne avancée vers la démocratie.  

Tout le monde aura les résultats deux ou trois jours après le scrutin, ce qui permettra à chaque candidat de connaître le pourcentage obtenu lors du scrutin.

L.D.B : Comment comptez-vous travailler avec les autres missions d’observation dont celles de la CEEAC, de l’Union africaine, de la Cirgl et les observateurs nationaux ?

F.D : Nous nous concertons avec les autres délégations pour une appréciation globale et s’il y a des choses à améliorer nous allons les transmettre aux autorités compétentes chargées d’organiser les élections. Si nous réussissons à avoir un communiqué conjoint pour cette élection, ce sera un pas géant.


Guy-Gervais Kitina et Gloria Imelda Losselé

Légendes et crédits photo : 

L'ambassadeur Falilou Diallo/Adiac