Prix Ahmadou-Kourouma: David Diop succède à Wilfried N’Sondé
Encensé par les critiques littéraires et écrit dans un style à la recherche du rythme de l’écrivain Ahmadou Kourouma, "Frère d’âme" est un récit poignant qui lève le voile sur l’histoire trop méconnue des deux cent mille combattants africains envoyés, au nom de la France, au front de la Première Guerre mondiale où environ trente mille tirailleurs sénégalais ont laissé leur vie dans les tranchées. « Je ressens une très grande joie d’avoir reçu ce prix en présence de l’épouse et du fils d’Ahmadou Kourouma. Cet écrivain m’a beaucoup influencé dans mon écriture. J’ai, de sa part d’héritage, cette recherche d’une langue d’écrivain en français. Il était attaché à la langue et la culture malinké. De mon côté, je pars de l’oralité wolof pour unir l’expressivité des mots et des images permettant de trouver le rythme à influer », a déclaré le lauréat. Dans son discours, le président du jury a souligné la notion de gémellité dans ce roman primé. « Tout est double, tout contient son contraire : l’ombre / la lumière ; la vie / la mort ; la raison / la folie ; moi / l’autre ». De ce fait, a-t-il conclu, « les plus que frères, les jumeaux originels, finissent par se confondre l’un et l’autre, conformément au vœu formulé par Mademba Diop, "ne pas rester seul au milieu de nulle part" le soir de sa mort ». "Frère d’âme" s’inscrit dans la lignée des ouvrages qui rendent hommage à l’Ivoirien Ahmadou Kourouma, véritable monument de la littérature africaine, disparu en 2003. Depuis 2004, le Salon africain récompense chaque année un ouvrage dont l’esprit d’indépendance, de lucidité et de clairvoyance s’inscrit dans le droit fil de l’héritage légué par l’illustre disparu.
Marie Alfred Ngoma / Envoyé spécial à Genève Légendes et crédits photo : David Diop, Prix Kourouma 2019 pour son roman "Frère d'âme" paru aux Editions du Seuil |