Les Dépêches de Brazzaville



Processus électoral : controverse autour des élections provinciales


Le discours du chef de l’État ne cesse de susciter des réactions au sein de l’opinion congolaise. Les analyses et critiques concernent essentiellement la concrétisation des différents engagements pris par le président Joseph Kabila vis-à-vis du peuple et les aspects politiques, économiques et électorales du discours. La mise en place du gouvernement de cohésion nationale domine certes les débats mais l’organisation des élections ne laissent pas moins indifférentes les formations politiques. 

« S’agissant des élections, je recommande à la Céni (Commission électorale nationale indépendante) d’envisager, dès ce jour, la présentation au Parlement, dans le meilleur délai, du calendrier électoral et de poursuivre le cycle électoral en vue de procéder avec diligence, à l’organisation des élections locales, municipales, provinciales et sénatoriales », a dit le président de la République. À cet effet, le Mouvement de libération du Congo (MLC) estime qu’il est préférable de poursuivre le processus en cours en organisant d’abord les provinciales afin de mettre un terme au long mandat des députés provinciaux et sénateurs. Les locales devraient alors intervenir à la fin du cycle électoral débuté en 2011.

La réaction du MLC relève, par ailleurs, l’avantage pour le législateur d’opter pour un scrutin direct en vue des élections provinciales, des sénatoriales et celles des gouverneurs des provinces. Cela aura le mérite de crédibiliser le processus et mettrait fin à la corruption et au monnayage des postes. Dans son discours, le chef de l’État avait invité les deux chambres du Parlement ainsi que le gouvernement d’entrevoir les modalités pratiques d’organiser les élections provinciales au suffrage universel indirect, afin de minimiser le coût des opérations électorales.

La Coalition pour le vrai dialogue (CVD) relève que chercher à faire élire les députés provinciaux au scrutin indirect sacrifierait le principe de la décentralisation adopté par le peuple au référendum de décembre 2005 et couperait les attaches directes devant exister entre les élus provinciaux et la population qu’ils sont censés représenter. « La CVD tire la sonnette d’alarme et invite le peuple congolais à protéger sa Constitution jusqu’à ce que M. Kabila quitte le pouvoir en 2016 », a déclaré le leader de cette plate-forme politique, Bertrand Ewanga.

Par contre la CVD se prononce, par rapport à la réforme de la loi électorale, pour le scrutin au suffrage universel direct tant pour les députés provinciaux, les sénateurs que pour les gouverneurs des provinces. Ceci pour donner à tous les élus une base de légitimité suffisante et éviter que des personnes viennent siéger dans les institutions à la faveur de l’âge, après avoir recueilli une seule voix ou après avoir acheté, à coup des billets de dollars, un nombre bien calculé des voix.


Jeannot Kayuba