Les Dépêches de Brazzaville



Religion : l’Aïd el-Kébir célébrée aux côtés des démunis à Brazzaville


Notre rédaction a visité plusieurs mosquées de la capitale pour recueillir les impressions des imams, tous unanimes : la fête s’est déroulée dans la paix, condition essentielle à toute célébration digne de ce nom. « Nous célébrons l’imitation d’Abraham qui, par obéissance à Dieu, a accepté de sacrifier son fils. Dieu l’a finalement remplacé par un mouton. C’est ce geste que nous commémorons », a expliqué l’imam Ndiaye de la mosquée de la Liberté, à Bacongo.

Il a ajouté que la fête s’accompagne d’invocations appelées "Tecbules", une série de louanges à Dieu répétées pendant trois ou quatre jours. « Allah Akbar, Allah Akbar », soit « Dieu est grand, Dieu est grand », des paroles répétées pour glorifier Dieu et renforcer l’unité des fidèles.

Concernant la solidarité envers les plus démunis, l’imam a précisé : « Pendant ces jours de fête, nous égorgeons des moutons que nous partageons avec les pauvres, en laissant une part pour nos familles. Si le mouton vient à manquer, nous abattons un bœuf ».

Cette tradition puise ses racines dans l’histoire d’Abraham, à qui Dieu avait demandé de sacrifier son fils Ismaël, selon le Coran. À la mosquée Sunat, située rue Bacongo, à Poto-Poto, l’imam Oumarou Sacko a tenu à remercier Dieu pour la vie : « Nous n’avons rien payé à Dieu pour être en vie aujourd’hui. Ceux qui sont partis, leur heure était arrivée ».

Il a également rappelé l’importance de la paix : « Sans la paix, cette fête n’aurait pas pu se dérouler dans la sérénité. Nous prions pour que Dieu continue de préserver la paix au Congo ».

La dernière étape de notre reportage nous a menés à la mosquée de Ouenzé, la deuxième plus grande du pays après celle de Poto-Poto. L’imam Kibala Moungali y a réaffirmé l’importance de ce moment de foi : « Nos frères sont en pèlerinage à La Mecque, mais ici aussi, nous avons fêté dans la tradition d’Abraham, le père des prophètes. Les enseignements ont mis l’accent sur la paix et la glorification de Dieu ». Il a également exprimé son indignation face à la flambée des prix du mouton dans certains pays comme le Maroc : « Certains exagèrent en augmentant les prix. Le roi du Maroc a décidé de ne pas abattre de moutons cette année et a égorgé symboliquement un bœuf, pour donner l’exemple et aider ceux qui ne peuvent pas se le permettre ».

L’imam a tenu à rappeler que la dévotion ne s’arrête pas avec la fête : « Après la Tabaski, l’adoration continue. Dieu dit dans le Coran : “Adorez-moi jusqu’à la mort ».

À noter que l’imam Ndiaye, fondateur de la mosquée de la Liberté, est arrivé à Brazzaville en 1983. En 1987, avec l’aide de la communauté, il a acquis un terrain à Bacongo où la mosquée sera érigée un an plus tard, en 1988.


Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Des fidèles pendant la prière / DR