Les Dépêches de Brazzaville



Restructuration du Rassemblement: les membres n'accordent pas leurs violons


La restructuration du Rassemblement, plate-forme de l’opposition circonscrite autour d’Étienne Tshisekedi décédé à Bruxelles le 1er février, continue de faire tâche d’huile au sein de ce regroupement politique. Alors que le corps du défunt président du Conseil des sages continue de moisir dans un funérarium en Belgique en attente de son rapatriement annoncé pour le 11 mars, un débat interne a cours actuellement au sein de la plate-forme. Il s’agit de sa restructuration, une initiative de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti phare du Rassemblement qui croit le moment venu de redynamiser la plate-forme en requalifiant ses organes par rapport aux objectifs et à la nouvelle donne politique pour plus d’efficacité d'action. L’UDPS est appuyée dans sa démarche par le G7, un regroupement politique affilié au Rassemblement créé par des anciens cadres de la majorité présidentielle ayant fait défection.

Les pro-restructuration suggèrent la création de quatre organes dirigeants au sein du Rassemblement dont le leadership serait assuré par l’UDPS à la présidence. Le président du Conseil des sages deviendrait, de ce fait, le subalterne du premier. En clair, il s’agit de créer un nouvel organe suprême, en l‘occurrence la présidence du Rassemblement qui, hiérarchiquement, serait au-dessus du Conseil des sages qui, jusqu’à ce jour, supplantait toutes les structures de la plate-forme. Cette proposition défendue par l’UDPS et le G7 est battue en brèche par la Dynamique pour l’unité d’action de l’opposition (aile Kiakwama) et la coalition des Alliés d’Étienne Tshisekedi qui la jugent simplement inopportune et improductive. En effet, pour ces deux regroupements politiques, une telle proposition porte en elle « les germes de conflits et de divisions susceptibles de paralyser et mettre en danger l’unité de commandement et de gestion du Rassemblement ».

Pour Lisanga Bonganga et Joseph Olenghankoy qui paraissent piloter la dynamique contestataire à toute proposition de restructuration du Rassemblement, il y a lieu d’éviter deux têtes au sommet du Rassemblement : un président du Rassemblement - qui n’est pas dans les institutions actuelles de la plate-forme - et un président du Conseil des sages qui serait dans les institutions à travers le Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre (CNSA). La mise en place d’une deuxième présidence au sein du Rassemblement au-dessus de celle du Conseil des sages tendrait à créer une dualité qui risquerait de saper la cohésion de la plate-forme, estiment ces deux cadres du Rassemblement. « Les réformes en profondeur des organes du Rassemblement devraient être menées dans les meilleurs délais, mais sans précipitation », ajoutent-ils tout en estimant qu’il n’est pas opportun en ce moment de deuil et de peu de quiétude des esprits d’initier un tel débat.  

La Dynamique pour l’unité d’action de l’opposition est d’avis que le défi prioritaire, pour l’heure, est d’assurer une succession efficace à la présidence du Conseil des sages du Rassemblement, poste laissé vacant à la suite de la disparition inopinée d’Étienne Tshisekedi. Ce qui permettra de résoudre l’équation du président du CNSA, poste censé revenir d’office au président du Conseil des sages du Rassemblement.      


Alain Diasso