Les Dépêches de Brazzaville



Royaume-Uni : une nouvelle coupe en vue de l’aide au développement


Une bataille politique est engagée au Royaume-Uni entre la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, et le chancelier Rishi Sunak. Elle concerne la poursuite de la réduction du budget d’aide au développement. Un examen des dépenses du Trésor, qui décide des budgets départementaux, est attendu le 27 octobre. Rishi Sunak essaierait de réduire les coûts. Les économistes craignent que la prochaine révision des dépenses du gouvernement britannique n'efface encore plus le budget d'aide, mettant en péril sa position dans le monde. Jusqu’ici, le chancelier britannique a réussi à récupérer de l'argent sur le budget de l'aide après avoir annoncé  la réduction des dépenses du gouvernement en matière d’aide au développement passée de 0,7% à 0,5% du revenu national brut (RNB), entraînant  4,5 milliards de livres (6,13 milliards de dollars) de manque à gagner. Le chancelier britannique aurait aussi un œil sur les Droits de tirage spéciaux(DTS) du Fonds monétaire international et les dons de vaccins covid-19 à l’étranger.

En comptant ces éléments et d'autres éléments controversés, tels que l'allégement de la dette soudanaise et le British council, dans le budget de l'aide, les ONG et les groupes de réflexion ont lancé une sonnette d’alerte. Des experts ont exprimé à nouveau leur inquiétude quant au fait que malgré l’ampleur des réductions de l’aide jusqu’ici, il pourrait y avoir de nouvelles coupes dans le budget de l’aide. Le Trésor prévoit de facturer des éléments tels que les vaccins covid-19 et les DTS au budget, laissant moins d’argent pour d’autres programmes. Le don de vaccins covid-19 devrait  coûter au gouvernement britannique un milliard de livres sterling, un dixième du budget d'aide de cette année, mais en raison de la pandémie et pour l'intérêt national britannique, beaucoup pensent que les vaccins devraient être fournis en plus du budget d'aide de 0,5%. Ce qui pourrait coûter des milliards et réduire considérablement la taille  de l’aide au développement du Royaume-Uni, selon à Ranil Dissanayake, chercheur en politique au Center for global development. Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré que le Royaume-Uni était un « leader mondial » du développement international, qu’il a dépensé dix milliards de livres sterling en aide cette année, « une proportion plus importante de notre revenu national que la majorité du G7 », a-t-il souligné.

Les Elders mettent le Royaume-Uni en garde

Un groupe de dirigeants mondiaux influents connu sous le nom de Elders, comme l’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a mis en garde Londres contre toute réduction supplémentaire de l’aide, ce qui, selon lui, pourrait éroder la confiance dans le gouvernement britannique et son autorité en tant qu'hôte de la COP 26, a-t-il indiqué. Mary Robinson, l'ancienne présidente de l'Irlande, a déclaré que Londres « jouait avec le feu » avec le budget de l'aide et que toute nouvelle réduction « saperait la confiance » dans les négociations de la COP 26. Ban Ki-Moon, quant à lui, a souligné la nécessité pour Londres de faire preuve de leadership au milieu des critiques sur sa gestion du sommet.

Le groupe de réflexion Overseas Development Institute a soulevé des points similaires dans un document soulignant  que « le tour de passe-passe » du Royaume-Uni avec l’APD et le financement climatiques pourrait saboter les négociation de la COP26. La fourniture de cent milliards de dollars promis pour le financement climatique et la conclusion d’un accord sur la limitation du réchauffement à 1,5 degré Celsius sont les objectifs clés de la 26e  session de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) qui aura lieu  du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow, en Ecosse.

L’importance de la COP26 de Glasgow

Ce sommet est le premier test de la mise en application de l’Accord de Paris, adopté en 2015. Celui-ci prévoit que les États soumettent tous les cinq ans de nouvelles contributions climatiques. Et la première échéance de cette relève de l’ambition aura lieu pendant la COP26. « Tout le monde a reconnu que Glasgow sera probablement un moment-clé pour fixer les ambitions pour la décennie à venir. Il y a eu un consensus sur le fait que nous devons faire plus pour qu'il soit possible de limiter la température à +1,5°C », a déclaré Alok Sharma, le président de la Cnucc. Outre la relève de l’ambition climatique et les financements, les États devront trouver un accord sur des sujets techniques laissés en suspens, faute d’un consensus lors de la dernière COP25 à Madrid, en 2019. À l’ordre du jour, figurent notamment la mise en place de nouvelles règles de fonctionnement des marchés carbone, la finalisation du cadre de transparence pour le reporting climatique ou encore l’adaptation au changement climatique.


Noël Ndong