Les Dépêches de Brazzaville



Sahel : l'opération Kafo II contre le trafic d'armes


Baptisée Kafo II, et coordonnée par Interpol et l'Office des Nations unies contre les drogues et le crime (Unodc), cette opération a ciblé les points chauds de la contrebande, notamment les aéroports, les frontières terrestres, les ports maritimes du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Niger. Elle a mobilisé plus de 260 agents de police, de la gendarmerie, des douanes et unités aéroportuaires de la lutte contre le trafic, ainsi que des services fronrtaliers et du ministère public des quatres pays, avec le soutien de l'Allemagne, de la France, de l'Italie et de l'Union européenne.

Les policiers ont saisi une cinquantaine d'armes à feu, 40 593 bâtons de dynamite, 28 cordons détonateurs, 6 162 caisses de munitions, 1 473 kilos de drogues (cannabis et khat), 2 263 boîtes de médicaments de contrebande et 60 000 litres de carburant de contrebande.Les détonateurs et dynamites étaient destinés principalement à l'extraction illégale d'or qui constitue une source importante de financement, pour les groupes terroristes armés au Sahel. Très souvent le trafic d'armes est associé à d'autres formes de contrebande, chargé de financer les activités criminelles et terroristes dans la région.

Plusieurs de litres de carburant ont été également saisis au Niger et au Mali, en provenance du Nigeria. Ce trafic finance et approvisionnerait vraiement Al-Qaida et ses affiliés. Dans le contexte de la crise sanitaire liée à la Covid-19, plusieurs quantités de gels désinfectants pour les mains, des gants et médicaments de contrebande, ont été aussi saisis. "Le trafic d'armes est un business lucratif qui alimente et fait prospérer d'autres activités criminelles", a souligné le secrétaire général d'Interpol, Jürgen Stock, dans un communiqué.

"La lutte contre le trafic illicite d'armes à feu nécessite une forte coopération internationale et inter-agences, afin d'identifier la source de ces armes et de traduire les auteurs en justice", a déclaré la directrice exécutive de l'Onudc, Ghada Waly.

Cette opération est un coup de pied dans la fourmilière, mais qui ne va pas perturber durablement les réseaux mafieux et terroristes. Le sahel est, depuis plusieurs années, une zone de prédilection pour divers trafics parmi lesquels la drogue, les produits pharmaceutiques contrefaits, les armes, les migrants, le trafic d’êtres humains, etc.

La superficie des cinq pays du G5 sahel (Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) est de 5 090 725 km2 pour une population estimée, en 2015, à 135 millions d’habitants. Ces pays, en pleine croissance démographique, font face à une criminalité transnationale organisée extrêmement structurée en lien avec le terrorisme.

De nombreux groupes criminels auxquels il convient d’attribuer l’appellation de "narco terroristes" sévissent dans les pays du sahel et ont une relation étroite aussi bien avec des groupes criminels impliqués dans la production et le trafic de drogues, notamment en provenance d'Amérique latine qu’avec des groupes djihadistes, dont ils financent directement ou indirectement les activités. Il s’agit de pays de transit pour la cocaïne qui vient d'Amérique latine par le vecteur aérien, de la Guinée-Bissau et des côtes mauritaniennes avant de repartir en Europe.


Noël Ndong