Les Dépêches de Brazzaville



Salvador de Bahia : une délégation congolaise reçue par l’AC Bantu


Dans les locaux de l'AC Bantu (© Adiac)Dans la salle de réunion de l'AC Bantu, le directeur a informé ses hôtes qu’ils étaient les premiers peuples africains au Brésil, et que lui et les membres de l’association culturelle bantu étaient fiers de les recevoir à Bahia, afin qu’ils leur montrent leur façon de vivre au Brésil, et leur décliner leur identité nègre.

« Nous sommes loin, mais notre cordon ombilical est en Afrique. Notre culture en prend un coup, du fait que nous ne sommes pas proches de vous. Nous nous sentons abandonnés. Certes, nous ne sommes pas régulièrement avec vous, mais nous avons besoin de vous. Nous voulons vous montrer comment nous avons vécu à l’époque de l’esclavage. »

Il a ensuite précisé à ses interlocuteurs qu’à Bahia ils se disent nègres et non mulâtres. « Notre pays est raciste, mais en dépit de cela, nous envoyons nos enfants à l’école, à l’université. C’est pourquoi je dis avec insistance que nous avons besoin de vous. Nous sommes brésiliens certes, mais notre mère c’est l’Afrique. Nous ne l’avons jamais oublié. C’est notre raison de vivre et j’espère que notre mère Afrique ne nous abandonnera pas. »

Madame Konmannanjy, également membre de l’AC Bantu, a informé l’auditoire que le président Lula avait signé un décret qui leur permettait de lutter pour la promotion de leurs droits. « Ce décret nous a permis de protéger notre patrimoine culturel, car durant des siècles, nous avions perdu l’opportunité d’être plus forts. Parce qu’ici à Bahia, toute l’attention est tournée vers la culture », a-t-elle déclaré. Elle a invité la délégation congolaise à venir souvent à Bahia pour échanger culturellement.

Le Musée afro-brésilien de Bahia donne de la place à l’AC Bantu

Arrivée à la direction de cet espace culturel - le musée afro-brésilien de Bahia - depuis le 9 septembre 2011, le Pr Graçe Teixeira, est en train de tout faire pour donner à l’AC Bantu la place qui lui revient. Pour ce faire, elle entend insérer cette association dans le programme 2014 de ce musée, malgré les difficultés qu'elle rencontre : « Chaque fois que je me bats pour eux, on me dit que je ne suis pas nègre et on me demande pourquoi je me bats pour eux. Ils oublient que je suis nègre, parce que mon grand-père est né en Afrique. »

Lydie Pongault a rassuré les responsables de l’AC Bantu que le Congo et l’Afrique ne les ont jamais oubliés. « Quand je suis venue par hasard à Bahia, je ne savais pas que je pouvais y trouver des gens bien organisés en association. Je suis surprise et vous en félicite. Vous devez aussi savoir que si nous avons amené le Kiébé-Kiébé ici à Bahia, c’est pour que ceux qui sont les nôtres puissent se retrouver. »

Même réaction pour Camille Bongou qui a félicité ces descendants africains, avant de leur demander de retracer l’itinéraire de la lutte contre l’esclavage, particulièrement au Brésil. Il les a ensuite rassurés, car de plus en plus les Africains se rapprocheront d’eux, notamment avec la présence massive des communautés angolaise et nigériane, quelques personnes de la République démocratique du Congo et l’implantation de l’ambassade de la République du Congo au Brésil.

Toujours dans ce contexte de rapprocher davantage les communautés, le Pr Armand Moyikoua, recteur de l’université Marien-Ngouabi, qui comme les autres a félicité les responsables de l’AC Bantu pour cette organisation, les a assurés que l’université Marien-Ngouabi  apporterait l’énergie la plus multiforme pour faire vivre cette association.

« J’ai retenu dans vos propos une chose très importante : vous envoyez vos enfants à l’école, à l’université. En ce qui nous concerne, nous nous sommes engagés avec l’Université fédérale de Bahia à lier des relations de coopération, ce qui va constituer un lien entre les deux universités ; ce qui va aussi ouvrir les liens avec nos deux peuples. Vous pouvez compter sur nous pour faire aboutir tout cela pour notre bien à tous. »

Rappelons que la délégation congolaise était conduite par Lydie Pongault, conseillère à la culture du chef de l’État, et directrice de la galerie Bassin du Congo, qui avait à ses côtés le Pr Armand Moyikoua, recteur de l’université Marien-Ngouabi ; Pierre Cébert Ibocko-Onangha, préfet du département de la Cuvette ; Camille Bongou, président de l’association Sophia ; Michel Ossemalékou, architecte-urbaniste ; et Émile Gankama, directeur des rédactions des Dépêches de Brazzaville.


Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Dans les locaux de l'AC Bantu. (© Adiac) ; Photo 2 : Mme Lydie Pongault recevant un présent des mains du président de l’AC Bantu. (© Adiac) ; Photo 3 : Le siège de l’AC Bantu. (© Adiac)