Les Dépêches de Brazzaville



Santé publique : la toxoplasmose, une maladie peu connue au Congo


Le Dr Kedel Mavoungou Biatsi du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B), qui a animé récemment un exposé sur « La toxoplasmose chez la femme enceinte », a indiqué que l’infection était très fréquente au Congo puisqu’il s’agit d’une maladie de péril oral fécal. Peu connue du grand public, on peut contracter cette affection en ingérant des aliments souillés par les sels des félidés mais aussi en consommant d’autres intermédiaires tels que des mammifères et des oiseaux infestés après avoir ingéré des aliments.

Description

Le chat s'infeste en mangeant des souris ou des oiseaux dans les tissus desquels le parasite forme des kystes bien tolérés mais pouvant contenir jusqu'à 3000 toxoplasmes. Au cours de la digestion, ils vont pénétrer dans les cellules de son intestin grêle et s'y multiplier. Dans ses selles le chat élimine 10 millions d'oocystes par jour pendant deux semaines.... Ces oocystes sont très résistants et mûrissent dans le milieu extérieur. Devenus infectants, s'ils sont ingérés par un chat, le cycle recommence. S'ils sont ingérés par un autre animal à sang chaud, ils se multiplient et disséminent dans l'organisme pour y former des kystes. Les herbivores (moutons, porcs, bovins) qui broutent au ras du sol souillé par des crottes de chat sont les animaux les plus atteints.

En effet, seul le chat chassant à l'extérieur pour se nourrir peut être responsable de la transmission de la maladie, puisque chez lui le parasite se reproduit dans l'intestin grêle. Ce qui conduit à l'élimination dans les selles d'oocystes qui vont sporuler dans le milieu extérieur (résistance pendant plus d'un an en milieu humide). Un chat d'appartement qui ne sort pas ne transmet pas la toxoplasmose car il est alimenté avec des produits industriels ou faits maison.

Ainsi, on parle de coccidiose toxoplasmique chez le chat, car chez lui la maladie toxoplasmique proprement dite est exceptionnelle. Le risque le plus important existe lors de la cohabitation d'un chat et d'une femme enceinte dépourvue d'anticorps, le fœtus pouvant dans ce cas être atteint de malformations oculaires ou nerveuses. Pour savoir si le chat est susceptible de pouvoir contaminer son entourage, il convient d'effectuer chez celui-ci, d'une part, une recherche d'anticorps (deux examens sérologiques à quinze jours d'intervalle), d'autre part une recherche d'oocystes dans les selles, deux fois à huit jours d'intervalle. « Une fois que ces aliments et boissons infestés sont ingérés, les parasites gagnent la circulation sanguine du sujet. Si celui-ci est immunocompétent, ces parasites ne vont pas se développer, ils vont s’enkyster et se loger dans les cellules du système nerveux central et les cellules musculaires », a expliqué le médecin aux auxiliaires biomédicaux de Bacongo.

La toxoplasmose chez la femme enceinte et le nourrisson

La  toxoplasmose est dangereuse chez la femme enceinte. Le protozoaire traverse le placenta, surtout en fin de grossesse, et peut provoquer chez le fœtus une toxoplasmose latente susceptible de se révéler plusieurs mois après la naissance par une choriorétinite. Elle se manifeste parfois par de la fièvre, des céphalées, des maux de gorge et des douleurs musculaires; le médecin palpe des ganglions augmentés de volume. La prise de sang montre une hyper éosinophilie (augmentation d'un sous-type de globules blancs caractéristiques des parasitoses). L'infection peut être plus grave. Souvent, elle est bénigne et inapparente, ce qui explique toute la difficulté du diagnostic. « Nous avons montré aux participants comment faire le diagnostic de la toxoplasmose parce qu’elle a des manifestations cliniques qui ne sont pas toujours évidentes. Donc, il est impératif pour les sages-femmes de savoir comment mettre en évidence la toxoplasmose à cause des séquelles fœtales qui sont très graves », a conclu le Dr Kedel Mavoungou Biatsi, précisant que la prévention passait par une rigueur de l’hygiène alimentaire et des mains.


Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le Dr Kedel Mavoungou Biatsi du CHU-B/Adiac