Secteur bancaire : plus de créativité en 2016La BCC a pris la grave décision d'installer un comité piloté par Alphonse Guy Ramazani dont la mission sera de jouer le rôle d'administrateur provisoire au sein de la Fi Bank. Conformément à la loi de février 2002 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit, le comité en place devra étudier le processus de redressement de cette banque. Dans une correspondance adressée aux actionnaires, administrateurs, déposants et toute personne disposant d'un titre quelconque ou d'un droit sur les fonds ou avoirs conservés ou détenus par la Fi bank, la BCC a confirmé avoir désaisi le Conseil de gestion d'administration et la Direction générale de tout pouvoir de gestion. Désormais, il revient au comité en place d'assurer la gestion courante de la banque, de servir d'interface avec toutes les parties prenantes à la résolution de la situation de crise et de préparer dans un délai de 90 jours le plan de redressement. L'on craint qu'une telle mesure contribue à décourager l'élan de bancarisation avec la création de plus de 700 000 comptes à fin mars 2015. Renforcer la présence à l'intérieur du pays Pour les banques, l'autre grande difficulté est liée à l'implantation des banques dans le Congo profond. En effet, le processus de bancarisation s'est étendu en provinces depuis le mois d'octobre 2012. À la fin de décembre 2014, l'effectif des agents et fonctionnaires de l'État bancarisés a dépassé les 670 000 personnes, représentant un taux de bancarisation de plus de 70 % au sein de la Fonction publique. L'on attend encore les chiffres de la bancarisation pour l'exercice finissant 2015. Pour autant, le processus de déploiement n'a pas été facile pour les banques en raison du défi logistique. Les convois parcourent des longues distances pour atteindre les centres de paie à travers le pays. La TMB est l'une des banques à avoir investi considérablement dans la couverture nationale. Elle a lancé Pepele Mobile, son tout dernier produit qui lui permet de faire avancer l'inclusion financière en RDC. Ce produit permet d'atteindre les habitants des zones difficiles d'accès. L'on estime que seulement 4% de la population utilise les services mobiles mais cela va vite évoluer avec ce genre de produit qui tend à être adopté par les banques en collaboration avec les sociétés de téléphonie mobile. Une bonne campagne sur la banque mobile peut aider à l'ouverture de 15 millions de comptes au cours des deux prochaines années. À cet effet, il faut saluer la signature d'un accord entre les banques et les sociétés mobiles. Sur le plan logistique, la TMB a connu les plus graves attaques se soldant parfois par de nombreuses personnes blessés, voire tuées. Malgré cette tragédie, la banque dresse un bilan positif avec une reconnaissance, pour la quatrième année consécutive, comme banque de l'année par The Banker. Elle a obtenu le même prix par le magazine Global Finance. Le 10 décembre dernier, elle a reçu l'Award de l'inclusion financière par Emea Finance. Des défis futurs 2016 sera l'année des grands défis pour le secteur bancaire qui continue à se développer à grands pas. En effet, le secteur sera en mesure de faire transiter 90 millions de dollars américains US chaque mois. Les derniers chiffres disponibles renseignent que les banques congolaises gèrent plus de 3 millions de comptes (31/12/2014). En 2005, les banques n'avaient réussi à ouvrir que 30 000 comptes sur l'ensemble du territoire national. Ces dernières années, l'ensemble des banques ont doublé le nombre de comptes. À fin mars 2015, elles ont accordé plus de 25 milliards de francs congolais sous forme de crédits pour le financement notamment de petits projets d'investissements. Près de 8 milliards ont déjà été remboursés. Pour les experts, il faut plus de créativité de la part des banques pour arriver à augmenter sensiblement le nombre de bénéficiaires de crédits. C'est à ce prix que la RDC pourra compter plus de PME actives dans le secteur économique, le seul gage pour créer une véritable classe moyenne.
Laurent Essolomwa |