Les Dépêches de Brazzaville



Souvenirs : Zao dans « Ancien Combattant »


Pourtant cette chanson sera sujette à une polémique sur son vrai compositeur. Un Malien, Idrissa Soumaoro, passe pour le véritable auteur de la chanson. Musicien et enseignant, il prétend avoir composé le morceau célèbre en 1969. Mais ce serait entrer dans un débat sans fin, d’autant que le tube de Zao et la prétention de l’enseignant-musicien malien présentent des différences. Dans tous les cas, les mérites scéniques, mélodiques et musicaux de Zao sont incontestables. À une époque où la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique était à son apogée et où la planète entière craignait l’explosion d’une nouvelle bombe atomique de l’une ou de l’autre puissance militaire, Ancien Combattant est venu sonner comme un hymne à la paix.

Car cette chanson, avec ses mots satiriques, ses bonjours en de multiples couleurs, a été chantée au Congo et ailleurs afin de conscientiser les esprits et pour que les jours sombres tant redoutés par l’auteur et le monde n’arrivent. « Pourquoi la guerre, pourquoi la guerre mes amis ? », interrogeait Zao. Le tube présenté dans un français volontairement moyen, avec des mots dans un dialecte de chez nous, a poussé à des éclats de rire d’abord, à la réflexion ensuite : « J’ai fait la guerre mondiaux. Dans la guerre mondiaux, il n’y a pas de camarades… », rappelle le musicien dans une allure de faux-comique.

Zao, dans une émission Envoyé spécial de fin 1990 va expliquer au micro de son ami et complice d’alors, le chanteur français Bernard Lavilliers, qu’il avait chanté sur le thème de la guerre comme pour prévenir de tous les méfaits, des conséquences sur les familles et la société. La guerre ne choisissant pas forcément ses victimes, Zao rappelait alors que sa chanson, après les moments troubles qu’avait connu le pays, devait servir pour adoucir les mœurs, pour unir davantage, disait-il. D’ailleurs, c’est à cette période qu’il sortira un autre album qui eut moins de succès mais qui prolongera sa quête de paix et de réconciliation, sur l’image du fil et de l’aiguille, pour raccommoder tous les cœurs meurtris.

Casimir Zoba, c’est un talent formé dans les grandes écoles religieuses de l’époque, ainsi que dans les ballets traditionnels. Instituteur en 1978, il débute sa carrière solo dans les années 1980 dans un style humoriste sur fond de sujets sensibles.  D’autres tubes associés à son nom sont Sorcier ensorcelé, Corbillard, et bien d’autres.

À bientôt pour d’autres réminiscences de notre patrimoine musical !


Luce-Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L'album « Ancien combattant ». (© DR) ; Photo 2 : L'artiste, Zoba Casimir. (© DR)