Les Dépêches de Brazzaville



Sud-Kivu : l’afflux des réfugiés burundais inquiète


En prenant l’option de briguer un troisième mandat en violation de la Constitution de son pays, le président Nkurunziza n’avait peut-être pas mesuré l’ampleur des dégâts que sa décision allait provoquer. Le Burundi, ce havre de paix dans les Grands lacs, a aussitôt basculé dans la violence extrême sur fond de contestation populaire. Bavures policières, tueries, tortures, arrestations arbitraires, etc., le cocktail explosif avait alors réuni tous ses ingrédients. Aujourd’hui, c’est la population civile qui paie le lourd tribut de ce déferlement de la violence politico-ethnique. Les manifestations anti Nkurunziza organisées à Bujumbura en réponse à la décision présidentielle ont vite viré au cauchemar pour de nombreux citoyens.

Fuyant la grande insécurité qui prévaut dans leur pays,  la plupart ont gagné la frontière avec la RDC en sautant sur le premier véhicule ou encore en s’agrippant sur des embarcations de fortune lancées sur les lacs Kivu et Tanganyika. Aujourd’hui plusieurs localités du Sud-Kivu accueillent bien, malgré elles, ces réfugiés burundais éparpillés entre Ndunda, Rusabagi, Kaberagule, Kigurwe, Sange et Kamanyola. Le Haut commissariat aux refugiés (HCR) estime à plus de 4 mille le nombre de personnes qui ont traversé la frontière burundaise à ce jour.

Une situation qui fait craindre un dérapage eu égard au nombre élevé des réfugiés et à la porosité de la frontière commune. Maints observateurs redoutent un remake, sous une autre forme, de l’opération « Turquoise », laquelle opération avait permis en 1994 à près d’un million de réfugiés rwandais de s’installer à travers plusieurs camps d’accueil du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Plus tard, ces mêmes réfugiés rwandais sont devenus une épine sur le dos du gouvernement congolais constamment à la chasse des rebelles hutus rwandais dont les exactions commises sur les autochtones ne se comptent plus.

En cette année où la RDC est engagée dans un cycle électoral très délicat dont le point culminant reste l’organisation en 2016 de la présidentielle et des législatives, il y a de quoi prendre au sérieux cette situation. Un contrôle rigoureux à la frontière est requis pour identifier et mieux encadrer tous ceux qui entrent en RDC sous le couvert du droit humanitaire.

      

 


Alain Diasso